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MIRBEAU, Octave

Les Vingt et un jours d’un neurasthénique

Paris, E. Fasquelle, 1850

ENVOI D’OCTAVE MIRBEAU À SON ÉDITEUR.

UN DECAMERON DES TEMPS MODERNES.

ÉDITION ORIGINALE

In-8 (179 x 128mm)
TIRAGE : un des 30 exemplaires sur hollande, second papier, celui-ci numéroté 2
ENVOI :
À Émile Darce
Son ami
Octave Mirbeau
RELIURE SIGNÉE DE L. BERNARD. Dos à nerfs et coins de chagrin rouge, plats de papier marbré, filets dorés en encadrement, tête dorée, larges témoins, couverture et dos conservés

Charnières renforcées

L’éditeur Eugène Fasquelle (1863-1952) s’associa à Georges Charpentier en 1890, ami de Mirbeau, avant de lui succéder en 1896. Fasquelle et Mirbeau ne s’entendent pas vraiment bien. L’éditeur s’inquiète notamment de l’engagement solide de Mirbeau, en faveur de Dreyfus, à partir de novembre 1897. C’est donc Émile Darce, bras droit de Fasquelle, qui sera le lien d’attache de Mirbeau à sa maison d’édition.

Octave Mirbeau a rassemblé, pour écrire ce roman, plusieurs dizaines de contes déjà parus dans la presse. La composition aléatoire du récit déconcertera de nombreux lecteurs comme Rachilde (le “fond de tiroir d’un journaliste”). Certains critiques loueront au contraire dans cette déconstruction romanesque, une innovation formelle caractéristique de la modernité de Mirbeau.

Dans une cure thermale des Pyrénées, à Luchon, des individus rassemblés pour passer la saison échangent récits et anecdotes. Ce huis clos forme le décor propice d’un Décaméron moderne et même inversé. La polyphonie des Vingt et un jours d’un neurasthénique ne reconstitue pas un univers civilisé au milieu du chaos alors que la peste de Florence avait poussé les conteurs boccaciens à se réfugier dans une villa isolée et à conjurer le fléau par la grâce de leurs récits. Les histoires des locuteurs mirbelliens offrent des contre-exemples de sociabilité plutôt que de fournir autant d’exempla, sur lesquels le petit cénacle florentin dissertait dans la villa Palmieri. Les séquences des Vingt et un jours d’un neurasthénique sont toutes placées sous le signe du grotesque et de l’horreur : meurtres, viols, barbarie médicale ou morale, malhonnêteté. Tous les vices de l’époque sont illustrés par les propos rapportés.

Mirbeau suit toujours son projet critique, en retournant le regard occidental vers ses propres pratiques. Les outrances et les caricatures véhiculées par les récits dénoncent une société hypocrite qui se cache derrière son moralisme pour écraser le faible. Le lecteur assiste à ces histoires sans pouvoir se réfugier dans l’illusion romanesque, empêchée par la déconstruction du récit.

BIBLIOGRAPHIE : 

Dictionnaire Octave Mirbeau : http://mirbeau.asso.fr/dicomirbeau/index.php ?option=com_glossary&id=291