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Madame Bovary
LE BOVARY DU COUSIN PONS.
EXEMPLAIRE DU VIOLONISTE ET COLLECTIONNEUR ALEXANDRE-CHARLES SAUVAGEOT
ÉDITION ORIGINALE
2 tomes reliés en 1 volume in-12 (177 x 111 mm). Exemplaire de premier tirage avec la faute Senart au lieu de Senard. Sans le catalogue de l’éditeur parfois ajouté à quelques exemplaires
COLLATION : t. I : (2) ff., 232 pp. ; t. II : (2) ff. (faux-titre et titre répétés), pp. 233-490
RELIURE STRICTEMENT DE L’ÉPOQUE. Dos à nerfs de maroquin vert orné de filets dorés, tranches jaspées
PROVENANCE : Alexandre-Charles Sauvageot (1781-1860 ; ex-libris à la devise “Dispersa coegi” ; pas dans le catalogue de la vente de sa bibliothèque en décembre 1860) -- Bernard Malle
Alexandre-Charles Sauvageot (1781-1860) eut deux passions, la musique et les objets d’art. Admis au Conservatoire de musique à son ouverture en 1795, où il fut l’élève de Frédéric Blasius (1758-1829), il remporta le premier prix de violon en 1797, ce qui lui valut peu de temps après une place de deuxième violon à l’orchestre de l’Opéra, où il resta jusqu’en 1829. Le goût de Sauvageot pour les curiosités remontait à 1797, vers l’âge de seize, époque où il fit ses toutes premières acquisitions.
À partir de 1810, il obtint un emploi de fonctionnaire dans l’administration des Douanes. Il commença à former sa célèbre collection dès ces années-là, sous l’égide de son supérieur au bureau des Douanes, féru d’archéologie, et avec deux collègues musiciens de l’Opéra, Louis Norblin (1781-1854), violoncelliste et numismate, et Lamy, contrebassiste et collectionneur d’art chinois. Après les médailles et la porcelaine, Sauvageot délimita son propre domaine : la Renaissance.
Sauvageot inspira partiellement à Balzac le personnage du musicien et collectionneur Sylvain Pons de son roman Le Cousin Pons (1847) :
“Entre Pons et monsieur Sauvageot, il se rencontrait quelques ressemblances. Monsieur Sauvageot, musicien comme Pons, sans grande fortune aussi, a procédé de la même manière, par les mêmes moyens, avec le même amour de l’art, avec la même haine contre ces illustres riches qui se font des cabinets pour faire une habile concurrence aux marchands. De même que son rival, son émule, son antagoniste, pour toutes ces œuvres de la main, pour ces prodiges du travail, Pons se sentait au cœur une avarice insatiable, l’amour de l’amant pour une belle maîtresse, et la revente, dans les salles de la rue des Jeûneurs aux coups de marteau des Bonnefonds de Lavialle, des Ridel, etc., lui semblait un crime de lèse-bric-à-brac.” (Balzac)
À partir de 1840, il fréquenta la librairie de De Bure, celle de Crozet, Techener et Potier, et acheta de nombreux livres. En 1853, il fit dresser un inventaire de sa collection d’art. En janvier 1856, il fit don de plus de 1500 objets au Musée du Louvre, à la condition de ne pas recevoir de traitement, d’en être le conservateur honoraire et que le public n’y fût admis qu’après sa mort. Cette donation fit de lui “l’un des pères fondateurs du département des objets d’art au Louvre [...] Sauvageot est aussi l’un des premiers exemples d’un nouveau type européen : celui de l’amateur passionné autodidacte qui offre sa collection au public” (Philippe Malgouyres). Le 4 mars 1856, il fut nommé conservateur honoraire et, le 16 juin suivant, chevalier de l’Ordre impérial de la Légion d’honneur. Sa bibliothèque fut dispersée quelques mois après sa mort, en décembre 1860, en dix vacations.
“Le projet, la méthode de Sauvageot est, comme le dit sa devise Dispersa coegi, de rassembler ce qui est dispersé, ce que l’on ne doit pas seulement entendre comme la collecte des objets mais la restauration de leur sens grâce aux sources livresques : collection et bibliothèque sont inséparables.” (Philippe Malgouyres)
M. Clouzot, Guide du Bibliophile français, p. 121 -- L. Carteret, Le Trésor du bibliophile, I, 263-265 -- G. Vicaire, Manuel de l’amateur, III, 721-723 -- En Français dans le texte, 277 -- H. de Balzac, Le Cousin Pons, Bruxelles, 1847, t. I, p. 16
WEBOGRAPHIE : P. Malgouyres, “La bibliothèque d’un « véritable amateur », Charles Sauvageot”, Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe, 22 juin 2020, en ligne : https://ehne.fr/fr/node/12206 -- J.-P. Fontaine, “La Folie du pauvre violon : Charles Sauvageot (1781-1860) et ses curiosités”, Histoire de la bibliophilie, 16 septembre 2019, en ligne : https://histoire-bibliophilie.blogspot.com/2019/09/la-folie-du-pauvre-violon-charles.html