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MAUPASSANT, Guy de

Notre Cœur

Paris, Paul Ollendorff, 1890

EXEMPLAIRE SUR HOLLANDE.

MADAME STRAUS, MODÈLE DU DERNIER ROMAN DE MAUPASSANT : “MAUPASSANT N’A JAMAIS SI BIEN FAIT”

ÉDITION ORIGINALE

In-12 (177 x 115mm)

TIRAGE : un des 150 exemplaires sur Hollande, celui-ci numéroté 46, après 5 Japon

RELIURE SIGNÉE DE SEMET ET PLUMELLE. Dos à nerfs et coins de maroquin bleu, plats de papier marbré, tranche supérieure dorée, témoins, couverture conservée

Geneviève Straus prêta ses traits à Maupassant vingt ans avant d’être immortalisée par Marcel Proust en Oriane de Guermantes. Depuis 1884, Maupassant fréquente l’entresol du 134 boulevard Haussmann. À cette date là, Geneviève, veuve Bizet, n’a pas encore épousé Émile Straus. Maupassant lui fait, en vain, une cour assidue et ne manque sous aucun prétexte ses rendez-vous dominicaux, réclamant, sans ambages, à la rencontrer “quelquefois, chez [elle] hors des heures d’“affluence mondaine” (lettre de l’été 1886). Son remariage ne changera rien. Maupassant n’abandonnera jamais ses efforts pour la séduire à travers des dîners, des promenades en yacht et surtout des lettres (on en connaît une trentaine). Cette relation amoureuse que Geneviève Straus refuse, aussi parce qu’elle craint le faune qu’est Maupassant, se nourrit d’une intelligence commune. Maupassant se confiera de plus en plus à elle au fur et à mesure que sa maladie l’obligera à se mettre en retrait du monde.

Dans son dernier roman, Notre Cœur, la veuve séduisante, Michèle de Burne, tient un salon qui attire tous les hommes en vue : “tous avaient essayé de la séduire ; aucun, disait-on, n’avait réussi… il fallait qu’on l’aimât pour rester son ami”. Edmond de Goncourt, féroce et jaloux, ne se priva pas, de déclarer, à propos de Madame Straus (d’autant plus qu’elle était née Halévy) : “Oui, Geneviève est bien l’allumeuse sans cœur, sans tendresse, sans sens qu’est Madame de Burne” (Journal, 5 juillet 1890). Quand Ludovic Halévy s’exclamait : “À la place de Geneviève, je serais révoltée, indignée contre Maupassant”, celle-ci répondait, flattée de ce portrait : “Non. Maupassant n’a jamais si bien fait”.

BIBLIOGRAPHIE : 

M. Clouzot, Guide du bibliophile, p. 198 -- Chantal Bischoff, Geneviève Straus, Paris, 1992, pp. 226 et suiv.