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Nouvelles orientales
“COMME LES OISEAUX N'ONT QU'UN SEUL CHANT POUR CÉLÉBRER LE SOLEIL, L'IMAGINATION HUMAINE NE DISPOSE QUE DE QUELQUES MYTHES” (MARGUERITE YOURCENAR).
EXEMPLAIRE DU SERVICE DE PRESSE, BROCHÉ, AVEC SON RARE PRIÈRE D’INSÉRER ET AVEC UNE CARTE D’HOMMAGE DE L’AUTEUR “ABSENT DE PARIS”
ÉDITION ORIGINALE. Lorsque le recueil reparut en 1963, Yourcenar procéda à “d’innombrables retouches”
In-12 (190 x 121 mm)
TIRAGE : exemplaire du service de presse, après 30 exemplaires de tête sur alfa
PIÈCES JOINTES : 1. Carte imprimée : “Hommage de l’Auteur absent de Paris”, 1 p. in-16 ; 2. Prière d’insérer de l’édition, daté de mars 1938, 1 p. in-8 sur papier mince rose, pli médian marqué
BROCHÉ, sous sa couverture d’origine
Ce recueil fut publié au printemps 1938, dans la collection “La Renaissance de la nouvelle” que dirigeait Paul Morand. Il s’agit du premier livre de Yourcenar publié aux éditions Gallimard. L’ouvrage regroupe dix nouvelles historiques ou fantastiques, précédemment parues en revue, et ici retravaillées : “Kali décapitée”, “Comment Wang-Fô fut sauvé”, “Le sourire de Marko”, “L’homme qui a aimé les Néréides”, “Le lait de la mort”, “Notre-Dame-des-Hirondelles”, “Le dernier amour du Prince Genghi”, “Les Emmurés du Kremlin”, “Le chef rouge”, “Les tulipes de Cornélius Berg”.
Nouvelles orientales n’est pas l’œuvre d’un orientaliste, mais celle d’une romancière qui a aimé l’Orient. Les récits légendaires ou anecdotiques ont été librement suggérés par des contes et légendes librement transposés. Les nouvelles consacrées à la vie paysanne du Proche-Orient ont pour point de départ d’authentiques faits divers de village ; une autre s’inspire du beau nom d’une chapelle isolée dans un vallon perdu de la campagne de l’Attique ; dans une autre, Yourcenar s’est hasardée à ajouter un épilogue à l’un des chefs-d’œuvre classiques du roman d’amour japonais. Légendes, fables ou apologues, de la Grèce byzantine ou contemporaine, des Balkans, jusqu’en Chine et au Japon, ces nouvelles “accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d’ailleurs [...] Le réel s’y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau” (Matthieu Galey).
Le présent exemplaire est accompagné de son prière d’insérer, rédigé par Yourcenar elle-même, dont le désir était de montrer l’intime emmêlement du mythe et de la vie :
“Ces courts récits appartiennent à un ordre de choses, le moins passager de tous, qui est celui des saisons, du sang, et du sort. Après tant d’analyses poussées jusqu’à la dissolution du sujet, et après tant de cris de haine sur la place publique, il faut revenir à ces simples histoires pour retrouver ce qu’il y a dans l’homme de plus général et de plus durable. Comme les oiseaux n’ont qu’un seul chant pour célébrer le soleil, l’imagination humaine ne dispose que de quelques mythes, toujours les mêmes, pour glorifier la force et la joie, la douleur et le désir, l’amour maternel et la fidélité amoureuse, et la sagesse, et le rêve, et la robuste réalité” (extrait du prière d’insérer).
Au moment où parut le livre, en mars 1938, Yourcenar était effectivement “absente de Paris”. Elle se trouvait à New Haven, dans le Connecticut :
“Je vous renvoie les épreuves des Nouvelles orientales accompagnées du bon à tirer. Je ne regrette pas ces doubles allées et venues qui ont permis une rédaction plus scrupuleuse du texte [...] Je suppose que le volume paraîtra d’ici le 1er mai, c’est-à-dire avant mon retour. À tout hasard, je compte vous envoyer par un prochain paquebot des cartes de correspondance avec quelques mots pour les critiques ou écrivains à qui j’ai l’habitude de dédicacer moi-même mes livres, et, pour le cas où certains de ces noms ne figureraient pas sur vos listes, chaque dédicace sera accompagnée d’une adresse [...] Ci-joint un modèle de prière d’insérer dont vous pourrez peut-être vous servir. Je m’en remets à vous pour tous les changements nécessaires” (extrait d’une lettre adressée à Emmanuel Boudot-Lamotte, 2 janvier 1938).
On comprend dès lors l’impossibilité de trouver des exemplaires avec un envoi contemporain de la parution du recueil.
M. Yourcenar, Œuvres romanesques, Paris, 1982, pp. XIX-XXI, 1247-1248 -- J. Savigneau, Marguerite Yourcenar. L’invention d’une vie, Paris, 1990, passim -- R. Aldrich et G. Wotherspoon, Who is who in Gay and Lesbian history, 2001, pp. 498-499 -- M. Yourcenar. En 1939, l'Amérique commence à Bordeaux. Lettres à Emmanuel Boudot-Lamotte (1938-1980), Paris, 2016