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BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Jacques-Henri

Paul et Virginie

Paris, de l'Imprimerie de Monsieur, 1789

RARE ENVOI DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE : À SON AMI ANTOINE DINGÉ

PREMIERE ÉDITION SÉPARÉE

In-18 (124 x 78mm)
TIRAGE : exemplaire sur papier vélin d'Essonne
ILLUSTRATION : quatre figures de Moreau le Jeune et Joseph Vernet, gravées par Girardet, Halbou et De Longueil

ENVOI autographe signé, à l'encre brune, au verso du faux titre : "

Pour Monsieur Dingé,
de la part de l'auteur.
De Saint-Pierre

ANNOTATIONS SUR LES GARDES : dédicace manuscrite (autographe de Dingé ?) de douze vers à une certaine Clotilde, sur le premier feuillet de garde. "Epitaphe" de huit vers, (autographe de Dingé ?) signée de Dingé, sur l'une des dernières gardes
ANNOTATIONS DANS LE CORPS DE L’OUVRAGE : “favier” (p. XXX) et “Dingé” (p. XXXII), à l’encre brune, par la même main que celle ayant annoté les gardes
RELIURE DE L'EPOQUE. Veau moucheté, filets dorés en encadrement, dos long orné, supra-libris doré “Dingé” en queue de dos
PROVENANCE : Antoine Dingé (envoi ; mention dorée en queue de dos) -- Zoé Criplat ( ? ; ex-libris manuscrit effacé)

Traces d'usure à la reliure

Antoine Dingé (1759-1832) fut bibliothécaire du Prince de Condé et publia de nombreux ouvrages sous le nom de Désormeaux. Il est notamment l'auteur d'un Discours sur l'histoire de France (1790). Il entretint une importante correspondance avec Bernardin de Saint-Pierre dont certaines lettres sont conservées à la British Library (sous la cote Add. 22046) et d’autres à la Bibliothèque Aramand-Salacrou du Havre. Sa correspondance avec Bernardin de Saint-Pierre révèle qu'il était souvent consulté comme critique éclairé, autant que comme ami véritable. C’est par exemple Antoine Dingé qui s’occupe de louer la maison de Bernardin de Saint-Pierre, au 16 de la rue de la Reine-Blanche, dans le quartier des Gobelins quand celui-ci se met à l’abri de la Révolution en partant dans l’Essonne en 1793. Une des lettres de Dingé à Bernardin révèle que la maison parisienne n’est pas luxueuse : ‘l’humidité est si grande dans votre maison, que l’eau coule partout des papiers et des portes” (lettre du 14 décembre 1893).

Quand Bernardin de Saint-Pierre, en proie à des problèmes financiers, imagina de faire éditer une édition de luxe de Paul et Virginie (Paris, Didot, 1806), Dingé fut l'un des quelques souscripteurs, bnien que lui-même employé du Trésor impérial. Antoine Dingé perdit sa place en 1823. Sa femme et ses enfants étaient morts. Il lui fallait vivre, dix ans encore, d'une modique retraite. D'infatigables travaux devinrent pour lui, non une ressource, car il ne fit plus rien imprimer, mais une puissante distraction. Dingé fit comme de nombreux savants : toujours occupé de réunir des matériaux, le temps lui manqua pour les transformer en livre et les éditer. Mélange de Pic de La Mirandole et de Bouvard et Pécuchet, curieux de tout savoir, il mourut du choléra, avant d'avoir achevé son projet de Biographie universelle. Selon le libraire Jules Fontaine, qui rédigea le catalogue de ses oeuvres, aucun écrivain ne fut aussi prolifique que lui : on retrouva près de quatre-cent kilogrammes de manuscrits à sa mort.

Un Opéra intitulé Paul et Virginie est créé en 1791 : la musique est de Kreutzer et le livret de Favier (ou Favières). Favier est bien le nom inscrit en marge de la page XXX.

Paul et Virginie avait paru la première fois dans une édition collective intitulée Études de la nature, en quatre volumes, en 1788.

Antoine Dingé rédigera le prospectus des Harmonies de la nature, qui parut quatre mois après la mort de Bernardin de Saint-Pierre.

BIBLIOGRAPHIE : 

Tchemerzine, Éditions originale et rares, V, p. 649 -- Cohen-de Ricci, Guide de l'amateur de livres à gravures, p. 931 -- Biographie universelle, ancienne et moderne. Supplément, Paris, L.-G. Michaud, 1837, t. 62, p. 487 -- lettres entre Bernardin de Saint-Pierre et Antoine Dingé, conservées à la Bibliothèque Armand-Salacrou, Le Havre : cotes 1090 ; 1093 ; 1429 ; 1982 ; 2468 ; 2618 -- la publication de la Correspondance de Bernardin de Saint-Pierre est en cours, dirigée par M. Malcolm Cook, professeur à l’Université d’Exeter