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HANNON, Théodore, et Félicien ROPS

Rimes de joie

Bruxelles, Gay et Doucé, 1881

EXEMPLAIRE AUQUEL IL A ÉTÉ JOINT :

1. UN PORTRAIT-CHARGE ORIGINAL REPRÉSENTANT THÉODORE HANNON
2. UNE AMUSANTE LETTRE DU POÈTE RELATIVE À LA PARUTION DU TEXTE
3. LE PROSPECTUS GRAVÉ PAR FÉLICIEN ROPS POUR CE LIVRE
4. LA COPIE MANUSCRITE D’UN POÈME PORNOGRAPHIQUE DE HENRY CÉARD RIMANT JOYEUSEMENT

ÉDITION ORIGINALE
In-12 (195 x 121 mm). Préface de J.-K. Huysmans en édition originale. Page de titre imprimée en noir et rouge. Bandeaux, initiales et culs-de-lampe imprimés en rouge
COLLATION : 210 pp., (1) f.
TIRAGE : un des 480 exemplaires sur papier de Hollande, second papier
ILLUSTRATION : 4 gravures originales de Félicien Rops, dont une en frontispice. Trois sont des héliogravures retouchées à la pointe sèche et au vernis mou, l’autre est une eau-forte
PIÈCES JOINTES montées sur onglets en tête :
1. Dessin original, non signé, représentant la tête de Théodore Hannon greffée sur le corps d’un chien, à la manière d’un portrait-charge, (102 x 89 mm), encre brune sur papier fort
2. Lettre autographe signée de Théodore Hannon adressée à un ami : “de mon côté je ne vous oublie point et vous enverrai le panneautin promis dès mon retour de Spa (…) Vous recevrez également à votre époque les Rimes de joie enfin écloses de la chrysalide aquafortique et typographique. Au revoir (…), et en Octobre peut-être vais-je me refaire un brin le pied parisien… En attendant ce jour heureux, comme on chante dans l’op.-com., je vous presse amicalement les phalanges digitales !”, s.l., [début 1881], 3 pp. in-12, encre brune, papier vergé
3. Eau-forte originale de Félicien Rops, prospectus pour les Rimes de joie, (cuvette 130 x 178 mm, feuille 191 x 230 mm), plié en deux. Il s’agit vraisemblablement du 4e état (sur 4) avec un passage de rose plus soutenu que pour le 3e état. Cette épreuve est sans doute le “panneautin” annoncé par Hannon dans sa lettre (cf. supra)
4. Copie manuscrite d’un poème pornographique de Henry Céard intitulé “Ballade de joyeuse entrée” :
“Mon corps s’affaire et s’émacie
Dans un coït réitéré
Et vaincu par la pharmacie
Prochainement je m’en irai !
(…)
Si les cons où je suis entré
M’ont tout à fait déphosphoré,
Au milieu de leurs poils de soie
Où mon nez s’est souvent fourré,
J’ai rimé ces rimes de joie”
1 p. in-8 repliée, 28 vers à l’encre brune, papier réglé
RELIURE : cartonnage de papier rouge dominoté fleur des fièvres, dos à la bradel, couverture conservée, non rogné

Décharge des gravures. Dos légèrement éclairci, coiffes frottées

On ne peut pas ne pas citer Huysmans – qui signe la préface des Rimes de joie – décrivant trois ans plus tard dans son À rebours le goût de Des Esseintes pour la “corruption charmante” de ce fils de médecin et botaniste bruxellois :

“Ce faisandage dont il était gourmand et que lui présentait ce poète [Tristan Corbière], aux épithètes crispées, aux beautés qui demeuraient toujours à l’état un peu suspect, des Esseintes le retrouvait encore dans un autre poète, Théodore Hannon, un élève de Baudelaire et de Gautier, mû par un sens très spécial des élégances recherchées et des joies factices.
À l’encontre de Verlaine qui dérivait, sans croisement, de Baudelaire, surtout par le côté psychologique, par la nuance captieuse de la pensée, par la docte quintessence du sentiment, Théodore Hannon descendait du maître, surtout par le côté plastique, par la vision extérieure des êtres et des choses.
Sa corruption charmante correspondait fatalement aux penchants de des Esseintes qui, par les jours de brume, par les jours de pluie, s’enfermait dans le retrait imaginé par ce poète et se grisait les yeux avec les chatoiements de ses étoffes, avec les incandescences de ses pierres, avec ses somptuosités, exclusivement matérielles, qui concouraient aux incitations cérébrales et montaient comme une poudre de cantharide dans un nuage de tiède encens vers une Idole Bruxelloise, au visage fardé, au ventre tanné par des parfums.”

BIBLIOGRAPHIE : 

Pia, Les Livres de l’Enfer, 1998, col. 1274-1275 -- M. Exsteens, L’Œuvre gravé et lithographié de Félicien Rops, 1928, n° 596 (pour le prospectus gravé) -- E. Rouir, Félicien Rops. Catalogue raisonné de l’œuvre gravé et lithographié, t. 2, 1992, n° 484, 523, 533, 660 (pour l’illustration), n° 495 (pour le prospectus gravé)