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[MALLARMÉ, Stéphane]. BECKFORD, William

Vathek. Réimprimé sur l’original français

Paris, Perrin et Cie, 1893

EXEMPLAIRE DE TÊTE SUR HOLLANDE.

ACCOMPAGNÉE D’UNE LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE DE STÉPHANE MALLARMÉ À ANDRÉ HALLAYS RELATIVE À UN ARTICLE DE CE DERNIER SUR VATHEK

Deuxième édition de la préface de Stéphane Mallarmé, parue pour la première fois en 1876, complétée d’une note liminaire inédite de deux pages

In-12 (180 x 118 mm)
COLLATION : (1) f., XLVII-207 pp.
TIRAGE : un des 15 EXEMPLAIRES DE TÊTE sur papier de Hollande Van Gelder, celui-ci numéroté 14, seul grand papier

PIÈCE JOINTE : lettre autographe signée de Stéphane Mallarmé à André Hallays : “Monsieur, je suis confus, ayant lu longtemps après son apparition, aux Débats, votre article sur Vathek, puis voyagé : enfin tardé à vous remercier du haut et précieux parrainage. Le morceau restera, parmi les titres de l’ouvrage à notre acceptation, le définitif. Quant à des phrases vraiment exquises, qui concernent l’annotateur, je les garde au précieux de moi et veux avoir l’occasion quelque jour de vous en exprimer mieux ma gratitude. Veuillez accepter, Monsieur et cher confrère, toute ma sympathie. Stéphane Mallarmé”, Valvins, par Avon (Seine-et-Marne), 8 octobre 1893, 3 pp. in-12, encre brune, papier vergé
RELIURE SIGNÉE DE MAYLANDER. Maroquin bleu nuit, filets dorés en encadrement sur les plats, dos à nerfs orné de caissons dorés, filets dorés en encadrement sur les plats, doublure et gardes de soie moirée bleu nuit, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés. Étui signé du même
PROVENANCE : André Rodocanachi (ex-libris)

C’est après la publication de Pages, en 1891, que Mallarmé formula le souhaite de publier “une édition définitive courante de Vathek” chezPerrin. Il en rédigea un avertissement de circonstance :

“quelques années maintenant postérieurement, le cas se trouve de mettre l’œuvre en circulation, avec confiance ; et d’initier à cet ancien don inaperçu d’un étranger filial, pour qu’on accepte, le Public : il fallait, aidant au service avec gré rendu aux Lettres nationales, l’appoint d’une librairie, comme ayant un cachet traditionnel, et prompte à populariser. [… ] Mon avis est que le volume occupera dans les collections classiques, ayant la nouveauté en plus, parmi les Chefs-d’œuvre des Petits Maîtres, sa situation.”

André Hallays (1859-1930) fut avocat, journaliste, critique littéraire et chroniqueur. Le long article en question parut dans le Journal des débats du 27 août 1893, édition du soir, rubrique “Au jour le jour” :

Vathek est est un conte arabe écrit en français par un Anglais, Beckford, à la fin du dix-huitième siècle. Traduit par l’auteur en sa langue maternelle, il fut vite populaire en Angleterre, tandis qu’en France il demeurait ignoré. M. Stéphane Mallarmé retrouva, il y a quelques années, un exemplaire de l’original français. Sous ce titre : Préface à Vathek, il publia, en 1876, un essai sur l’opuscule de Beckford. Aujourd’hui, il a placé cette étude en tête d’une réimpression de Vathek, parue chez l’éditeur Perrin.
Lisez Vathek qui est une belle féerie contée en une langue exquise. Puis, quand vous aurez terminé le conte de Beckford, lisez la préface de M. Mallarmé. Elle contient l’histoire d’une curieuse aventure bibliographique, un joli portrait de Beckford et quelques vues de critique très fines. Le style vous en semblera peut-être un peu bizarre. La prose de M. Mallarmé est sans doute moins obscure que ses vers. Néanmoins, vous vous heurterez encore, soyez-en prévenus, à des inversions peu ordinaires, à des tournures décevantes, à des jeux de syntaxe étonnants qui sont là pour rompre le rythme vulgaire de la prose cursive. L’écrivain, selon son esthétique habituelle, a voulu voiler sa pensée et éprouver ses lecteurs en leur imposant la tâche d’une sorte de traduction. Mais on peut, ici, se passer d’exégète. Surtout ne raillez point. C’est trop facile, en vérité. D’ailleurs mieux vaut ne plaisanter ni la prose, ni les vers de M. Mallarmé. À ce jeu futile et suranné, on risque d’éprouver de grands remords, si quelque hasard vient à vous mettre en présence du poète mystérieux. Ce jour-là, il est impossible de ne pas être subjugué par la grâce, la clarté, la noblesse de ses propos et de ne point respecter l’effort, peut-être illusoire, de l’artiste qui rêva des synthèses peut-être impossibles. [… ]
On peut, à propos du style de Vathek, faire une remarque [… ]. La prose de Beckford rappelle Voltaire et annonce Chateaubriand.”

BIBLIOGRAPHIE : 

pour le texte : S. Mallarmé, Œuvres complètes, Paris, 2003, La Pléiade, éd. B. Marchal, pp. 3-20, 1571-1579 -- pour la lettre : S. Mallarmé, Correspondance, t. VI, Paris, 1981, éd. H. Mondor et L. J. Austin, pp. 171-172, n° MDLIX -- A. Hallays, “Au jour le jour – Vathek”, Journal des débats politiques et littéraires, 105e année, dimanche soir 27 août 1893, p. 1