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MANDIARGUES, André Pieyre de

Henri Michaux [Manuscrit autographe signé]

vers 1983.

REMARQUABLE MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET ET SIGNÉ DE MANDIARGUES SUR MICHAUX. TÉMOIGNAGE D'ADMIRATION D'UN ARTISTE POUR UN AUTRE, ÉCRIT DANS UN STYLE LIMPIDE, CLAIRVOYANT ET CONCIS.

“LÀ AUSSI, ME DIS-JE, POUR COMPRENDRE VRAIMENT, IL FAUDRAIT ÊTRE À L’INTÉRIEUR”

7 pages in-4 (298 x 210mm) autographes signées, au stylo à bille noir et bleu

Aux dîtes drogues, par l'intermédiaire du cerveau et de la main de Michaux, nous devons une quantité de dessins mescaliniens en lesquels il me semble voir le plus prodigieux témoignage qui nous ait jamais été fourni sur les origines profondes de l'image et de la pensée telles qu'elles sont probablement en nous tous et que nous n'arrivons pas à les percevoir. Avec Henri Michaux, c'est là la grande merveille, toujours nous sommes ramenés aux origines, à la naissance de tout, sources qui se tarissent vite dans notre état normal et dont seul le rêve, en de rares occasions, laisse filtrer un menu filet dont notre mémoire peine à conserver la trace. Sensations à l'état brut, a-t-on dit. Il me semble qu'il y a là autre chose que du brut."

Le regard perdu, comme il m’est souvent arrive, dans les labyrinths noirs et blancs, ou doucement ou vivement colorés, des dessins et des peintures de Michaux, j’ai pensé aux mois qui précédaient notre naissance et pendant lesquels, peut-être, me disais-je, nous percevions autour de nous un monde de la meme espèce que celui-là, qui eût pu être l’annonce de l’autre, dans lequel nous allions déboucher… Ou bien si ce monde était celui qui va nous recevoir à l’issue de notre vie finissante. Quoi qu’il en soit, et ce n’est pas la moindre part de sa force de charme, l’univers inscrit ou chiffré dans l’oeuvre plastique d’Henri Michaux nous paraît en rapport avec ce qui fut avant que devant nous la porte ne s’ouvre ou après qu’elle ne sera refermée derrière.

André Pieyre de Mandiargues publia cet article un an avant la mort de Michaux. Le créateur de Plume était depuis longtemps considéré comme le plus grand poète français vivant. Pour André Pieyre de Mandiargues, l’avis que l’on portait à Michaux était devenu l’un des principaux critères pour juger un interlocuteur : “depuis assez longtemps je ne puis m’empêcher de mesurer les hommes à ce qu’ils pensent de Michaux” (cité in Les Nouvelles littéraires, 14-21 juin 1979, p. 7)

Cet essai, remarquable de limpidité et de concision, interroge le processus créatif des dessins et de la peinture d’Henri Michaux depuis les premières gouaches figuratives jusqu’aux encres mescaliniennes. Michaux et le “fameux Mandiargues” (lettre du 1er janvier 1955) se rencontrèrent justement au moment des premières plongées vers les gouffres du poète.

BIBLIOGRAPHIE : 

Jean-Pierre Martin, Henri Michaux, Paris, 2003, p. 611