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L’Astrée de Messire Honoré d’Urfé, Marquis de Verromé, Comte de Chasteau-neuf, Baron de Chasteau-morand, Chevalier de l’Ordre de Savoye, &c. Ou par plusieurs Histoires, et sous personnes de Bergers, & d’autres, sont deduits les divers effets de l’honneste Amitié
L’UN DES PLUS GRANDS ROMANS DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE.
SUPERBE ET RARE EXEMPLAIRE RELIÉ EN MAROQUIN DOUBLÉ, AU REMARQUABLE DÉCOR DORÉ DE FLEURS DE LYS ET AUX DOS ORNÉS DE LA ROULETTE DU DAUPHIN.
AVEC UNE PROVENANCE DU XVIIE SIÈCLE : DENIS-BERNARD-FRANÇOIS BARRALY.
EXEMPLAIRE BERNARD MALLE
Troisième édition intégrale et deuxième illustrée
5 volumes in-8 (168 x 117 mm). Bandeaux, initiales et culs-de-lampe gravés sur bois
COLLATION : volume I : ã8 A-Z8 2A-Z8 3A-I8 [ã4] : (8) ff., 880 pp. (sans le dernier cahier ã4 : ã1r-3v : privilège, ã4 : blanc) ; volume II : ã8 A-Z8 2A-Z8 3A-P8 3Q4 : (8) ff., 984 pp. ; volume III : ã8 ẽ4 A-Z8 2A-Z8 3A-Z8 4A-G8 4H4 (2A1 mal signé A1) : (12) ff., 1221 pp., (1) f. ; volume IV : ã8 A-Z8 2A-Z8 3A-Z8 4A-S8 : (8) ff., 1386 pp., (2) ff. ; volume V : ã8 ẽ8 A-Z8 2A-Z8 3A-O8 (O7 blanc ; sans O8 blanc) : (16) ff., 953 pp. (2) ff.
CONTENU : vol. I : ã1r : titre-frontispice, ã2r : titre, ã3r : avis au roi, ã5r : L’Autheur à la Bergere Astrée, A1r : Livre premier, C7r : Deuxiesme livre, G4r : Troisiesme livre, L5r : Quatriesme livre, R5r : Cinquiesme livre, Y3r : Sixiesme livre, 2D1r : Septiesme livre, 2H1r : Huictiesme livre, 2O1r : Neufiesme livre, 2T4r : Dixiesme livre, 3B4r : Onziesme livre, 3F3r : Douziesme livre ; vol. II : ã1r : titre-frontispice, ã2r : titre, ã3r : L’Autheur au Berger Celadon, ã7r : table, A1r : Livre premier, E4r : Livre deuxiesme, I5r : Livre troisiesme, N7r : Livre quatriesme, T5r : Livre cinquiesme, Z1r : Livre sixiesme, 2G4r : Livre septiesme, 2L4r : Livre huictiesme, 2Q4r : Livre neufiesme, 2U5r : Livre dixiesme, 3A4r : Livre onziesme, 3G7r : Livre douziesme ; vol. III : ã1r : titre-frontispice, ã2r : titre, ã3r : avis au roi, ã6r : L’Autheur à la Riviere de Lignon, ẽ2r : Ode à la Riviere de Lignon. Par le Sieur de Baro, A1r : Livre premier, D5r : Livre deuxiesme, H7r : Livre troisiesme, R4r : Livre quatriesme, 2A1r : Livre cinquiesme, 2G6r : Livre sixiesme, 2O2r : Livre septiesme, 2Z3r : Livre huictiesme, 3E1r : Livre neufiesme, 3K8r : Livre dixiesme, 3Q6r : Livre unziesme, 3Y5r : Livre douziesme ; vol. IV : ã1r : titre-frontispice, ã3r : titre, ã4r : épître, ã6r : avertissement au lecteur, A1r : Livre premier, E8r : Deuxiesme livre, K8r : Troisiesme livre, R4r : Quatriesme livre, Z4r : Cinquiesme livre, 2F6r : Sixiesme livre, 2P2r : Septiesme livre, 3A6r : Huictiesme livre, 3G1r : Neufiesme livre, 3P3r : Dixiesme livre, 4A3r : Unziesme livre, 4M7r : Douziesme livre, 4M7r : tables ; vol. V : ã2r : titre-frontispice, ã3r : titre, ã4r : épître, ã8r : À la Bergere Astrée, ẽ5r : avis au lecteur, ẽ6r : privilège, A1r : Livre premier, F3r : Livre deuxiesme, M2r : Livre troisiesme, Q6r : Livre quatriesme, X6r : Livre cinquiesme, 2B4r : Livre sixiesme, 2H3r : Livre septiesme, 2O3r : Livre huictiesme, 2T3r : Livre neufiesme, 2Z3r : Livre dixiesme, 3E6r : Livre unziesme, 3K8r : Livre douziesme, 3O5v : table
ILLUSTRATION : 1 titre-frontispice répété 5 fois, 1 portrait de l’Astrée répété 5 fois, 1 portrait de l’auteur répété 4 fois (tomes I-IV), 1 portrait de Balthazar Baro (tome V), 60 figures (12 dans chaque tome). Soit, en tout, 75 gravures sur cuivre de Michel Lasne (1595-1667) d’après Daniel Rabel (1578-1637). Toutes sont comprises dans la collation
RELIURES UNIFORMES VERS 1660. Maroquin rouge, décor doré, encadrement à la Du Seuil, fleurs de lys dans les angles, dos à nerfs très ornés aux fleurs de lys, roulette du Dauphin en queue alternant dauphins et lys couronnés, DOUBLURE DE MAROQUIN ROUGE avec encadrement à la Du Seuil, gardes de papier à la colle multicolore, tranches dorées sur marbrure
PROVENANCE : Denis-Bernard-François Barraly ( ? -1769 ?) ex-libris répété cinq fois). Il fut reçu Conseiller à la Quatrième Chambre des Enquêtes du Parlement de Paris le 24 mars 1719, et Conseiller à la Grand'Chambre en mars 1755 -- Bernard Malle (cachet sur le tome I)
RARETÉ :
– sur le marché : maroquin rouge de l’époque, chiffre couronné parfois attribué à Robert-Antoine, comte de Wignacourt (1698-1756), les cinq titres à l’adresse d’Anthoine de Sommaville et à la date de 1647 ; puis Louis de Béchameil (ex-libris armorié gravé) ; puis Alain de Rothschild (Paris, 24 mai 2006, nº 90, 35.000 € sans les frais, collation non précisée) ; puis Pierre Bergé (Paris, I, 11 décembre 2015, n° 26, 60.154 € avec les frais, collation non précisée)
– en bibliothèque : maroquin rouge aux chiffres de Louis XIV et de Marie-Thérèse, le tome III à la date de 1646 (BnF)
L’histoire éditoriale de L’Astrée peut se classer en trois périodes. La première s’étend de 1607 à 1623 où trois parties successives sont publiées. C’est un succès succès auprès du public européen. Honoré d’Urfé se lance alors dans une quatrième partie dès 1623. La deuxième période, de 1623 à 1627, se voit marquée par la mort d’Honoré d’Urfé en 1625 avant l’achèvement de l’œuvre. Dès 1623, la rupture de l’alliance naturelle entre légalité éditoriale et authenticité littéraire avait été amorcée par le privilège obtenu à l’insu de l’auteur pour publier la quatrième partie. La troisième période, de 1627 à 1647, celle des éditions intégrales :
“règlent le débat entre légalité et authenticité en faisant finalement du marché de la librairie l’instance ultime de décision, mais qui infléchissent aussi le destin du roman en lui donnant l’image d’une totalité organique tant dans son projet général [… ] que dans le détail de son écriture [… ]. L’Astrée achève ainsi de s’imposer au public dans une version dont on ne peut ignorer qu’elle n’est pas exactement celle d’Urfé mais celle qu’a voulue en son nom, de manière posthume, son secrétaire [Baro].” (D. Denis).
Le succès fut tel qu’un nombre considérable d’éditions vit le jour. La première partie connut vingt-deux éditions entre 1607 et 1647, “date de la dernière édition de l’ensemble des cinq parties de l’œuvre, celles qui avaient été rédigées par Urfé et celles qui, après sa mort en 1625, avaient été achevées par son secrétaire Balthazar Baro” (J.-M. Chatelain et D. Denis). Le succès tient aussi dans “l’évolution de sa forme éditoriale, qui ajoute au texte une illustration gravée sur cuivre”. Il n’y eut d’abord qu’un portrait de l’auteur, qui apparut pour la première fois dans la première édition complète de la troisième partie en 1619 :
“Il ne s’agit pas d’un simple portrait au naturel, comme dans tant d’autres éditions de la même époque, mais d’une figuration symbolique qui, en plus de représenter les traits d’Honoré d’Urfé, entend aussi offrir l’image du statut qu’on lui accorde dans le Parnasse de son temps. C’est la raison pour laquelle, dans le portrait gravé par Léonard Gaultier d’après un dessin de Louis Beaubrun pour l’édition de 1619, Urfé apparaît revêtu de la peau du lion de Némée, tel un Hercule gaulois, figure emblématique de la parfaite éloquence, et couronné de lauriers, dans la tradition de l’image du poète couronné sur le Parnasse. La signification symbolique de ce portrait ne se résume d’ailleurs pas à ses motifs iconographiques : elle tient encore à son fonctionnement en diptyque, qui l’associe au portrait également gravé de la bergère Astrée, l’un et l’autre encadrant l’épître dédicatoire à la rivière de Lignon [… ] L’illustration se réduisit longtemps à ces seules planches liminaires de portraits de l’auteur et de son héroïne.” (J.-M. Chatelain et D. Denis)
À partir de l’édition complète donnée à Paris par Augustin Courbé et Antoine de Sommaville en 1632-1633, l’illustration fut “étendue à la figuration des épisodes du roman” :
“Chacune de ces planches était conçue comme une manière de frontispice où s’étageaient les principaux événements du livre en tête duquel elle était placée, à l’exemple de ce qui se pratiquait pour les grandes œuvres épiques de l’Antiquité (Homère, Virgile) aussi bien que de la Renaissance italienne (L’Arioste, Le Tasse) – manière, là encore, de superposer à l’information proprement narrative de l’illustration une signification symbolique, qui visait à exprimer la valeur éminente du roman en l’installant, par sa facture éditoriale même, dans le panthéon des chefs-d’œuvre reconnus par tous.” (J.-M. Chatelain et D. Denis)
Le 11 janvier 1633, le libraire Agustin Courbé avait obtenu un privilège de vingt-cinq ans pour publier l’“Astrée du feu sieur marquis d’Urfé en cinq volumes, et chaque volume de douze livres, avec les desseins et figures de taille douce qu’il a fait faire exprés pour l’ornement d’icelle”. Courbé s’associa à Anthoine de Sommaville pour exploiter ce privilège en publiant l’édition intégrale, dans la version du secrétaire de l’auteur, Balthazar Baro, illustrée des gravures de Michel Lasne, d’après les dessins de Daniel Rabel. “La qualité du texte imprimé est plutôt médiocre : l’édition de 1633 est la plus fautive de toutes les éditions de L’Astrée.” (Delphine Denis). L’édition de 1647 est la dernière édition complète, avec les mêmes planches. Le texte est repris intégralement de l’édition de 1633, “simplement corrigée de quelques-unes de ses erreurs les plus flagrantes”.
Notre exemplaire comporte le volume I à la date de 1633 et les volumes II à V à la date de 1647. La complexité éditoriale des éditions de L’Astrée rend peu probable la présence originelle des feuillets de privilège dans le premier volume. Ce manque apparent n’en est au fond pas un.
USTC 6033677 et 6041964 -- J.-C. Brunet, Manuel du libraire, V, col. 1015 -- A. Tchemerzine, Bibliographie d’éditions originales et rares d'auteurs français, V, pp. 944-945 -- En français dans le texte, n° 82, pour l’édition originale (notice de Ph. Hourcade) -- J.-M. Chatelain, “Histoire éditoriale et tradition textuelle de la première partie de L’Astrée”, XVIIe Siècle, 2007/2, n° 235, pp. 225-253 -- J.-D. Mellot, “Le régime des privilèges et les libraires de L’Astrée”, XVIIe Siècle, 2007/2, n° 235, pp. 199-224 -- V. de Diesbach, Six siècles de littérature française. XVIIe siècle, II, n° 310 (pour la notice sur l’édition de 1733) -- H. d’Urfé, L’Astrée. Première partie, Paris, 2011, D. Denis (dir.), pp. 88-96-- sur Barraly : M. Popoff, Prosopographie des gens du Parlement de Paris (1266-1753), Paris, 2003, I, p. 300, n° 510
“Bibliographie des éditions de la première partie de L’Astrée (1607-1647)” : http://astree.huma-num.fr/editions_anciennes.php -- à propos de l’illustration : http://astree.huma-num.fr/icono1633.php -- J.-M. Chatelain et D. Denis, “L’Astrée d’Honoré d’Urfé : fortune et vicissitudes d’un best-seller au XVIIe siècle”, Revue d’histoire littéraire de la France, 2017 : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02498792/ -- sur Barraly : https://bibale.irht.cnrs.fr/2014