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Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
[avec :] Le Second Livre de Primaleon de Grèce... mis en français par Gabriel Chappuis
EXEMPLAIRE DE “CURIEUX” EN RELIURE À L’ÉCUSSON.
GRAND ROMAN DE CHEVALERIE.
EXEMPLAIRE BERNARD MALLE
2 volumes in-16 (116 x 70 mm). Lettres gravées
COLLATION : (t.1) :- a-z8 A-Z82a-g8 ; (t.2) : A-Z8 2A-D8 E5, 1 f. bl…
RELIURES DE L’ÉPOQUE. Maroquin vert, décor doré, écusson avec date au centre des plats, filets en encadrement, dos à nerfs orné, tranches dorées et marbrées, doublures de maroquin rouge
ANNOTATION ancienne sur la page de titre, concernant la reliure : “doublé dehors dedans”
PROVENANCE : Antoine Leriche (écusson avec date sur les plats) -- baron Pichon ( ? Brunet : “en mar. de Du Seuil, 50 fr. baron Pichon)
Le roman de chevalerie Primaleon de Grèce est présenté, dans l’édition originale espagnole, comme une traduction du grec par un certain Francisco Vázquez. Il fut en fait composé directement en espagnol, en 1512, par une femme originaire de Ciudad Rodrigo (Salamanque) qui utilisa ce pseudonyme masculin.
Cet exemplaire d’une des traductions en français du roman espagnol est composé des deux premières parties (sur quatre) du texte complet. L’exemplaire fut relié pour Antoine Leriche, l’un des quatre principaux “curieux” recensés par les rédacteurs du catalogue de l’exposition du Musée Condé (2002) :
"C'est dans le milieu des "curieux" parisiens, à l'extrême fin du XVIIe siècle, qu'ont fait leur apparition des reliures spécialement destinées à recouvrir des livres rares. Ces reliures ont en commun deux caractéristiques : elles ont été exécutées exclusivement sur des livres français ou traduits en français… Les fers du doreur de Boyet sont présents sur la plupart des reliures aux écussons, toutes exécutées en 1695 ou 1696, comme l’indique clairement la date dorée sur les plats" (p. 64).
La préface du catalogue de l’exposition du Musée Condé rappelle le choix des textes que faisaient relier ces curieux :
“Pour les textes, ils s’en tiennent très sélectivement et très obstinément au vernaculaire et à ce que l’époque subsumait sous le nom d’« antiquités gauloises » et d’aménités littéraires, c’est-à-dire pour l’essentiel à la littérature nationale médiévale et du XVIe siècle, prolongée ici jusqu’au XVIIe, en gros tout ce que la Contre-Réforme et l’humanisme gallican avaient répudié” (p. 7)
Il n’est donc pas étonnant qu’une édition d’un roman de chevalerie ait trouvé place dans une bibliothèque de curieux.
Jean-Marc Chatelain précise dans le catalogue d’une exposition consacrée au marquis de Méjanes (Aix en Provence, 2006, notice du lot 66) que ces reliures aux écussons furent créées sur une courte période de deux années et qu’on en connaît à ce jour une quarantaine. La majorité d’entre elles auraient été commandées par Antoine Leriche :
“L’apposition d’une date dans un compartiment au centre des plats – ou, beaucoup plus rarement, au centre des doublures des plats – permet d’identifier un petit groupe de reliures d’amateur de la fin du XVIIe siècle dont on connaît à ce jour une quarantaine de représentants, répartis en huit sous-groupes en fonction de la date qu’ils portent : « May 1695 », « Juin 1695 », « Juille[t] 1695 », « Aoust 1695 », « Sept[embre] 1695 », « Janvier 1696 », « Mars 1696 » et, sous-groupe le plus nombreux des huit, « Juillet 1696 ». Dans les trois premiers de ces mois, le compartiment a la forme d’un ovale, tandis qu’à partir d’août 1695 il prend celle d’un petit écusson. En outre, dans le cas de l’Histoire naturelle et morale des Indes d’Acosta de la collection Méjanes comme dans celui d’un Alcoran des Cordeliers, (Genève, 1560) aujourd’hui à la Bibliothèque royale de Copenhague, le très simple décor au petit écusson a été peu après complété d’un grand décor de gerbes et encadrement polylobé semblable à celui de l’exemplaire du Discours des faicts heroiques de Henry le Grand de Jérôme de Bénévent, ci-dessus.
La date indiquée dans les écussons ne peut guère être que celle de l’acquisition du livre, ou alors celle du moment – sans doute très proche du précédent – où l’amateur qui l’avait acquis le fit relier. Mais c’est l’identité de cet amateur qui est plus délicate à préciser, car les exemplaires de la série ne présentent pas tous des marques de provenance remontant à la fin du XVIIe siècle. Néanmoins, parmi celles-ci, l’ex-libris d’Antoine Leriche est celui qui réapparaît le plus fréquemment, inscrit sur au moins seize volumes. Aussi est-il fort probable ces décors aient été réalisés pour Leriche. La dispersion de son cabinet expliquerait que certains des livres ainsi reliés se soient ensuite retrouvés chez d’autres « curieux » du temps comme le marquis de La Vieuville, Cisternay du Fay ou encore Jérôme Duvivier.”
USTC 56407 -- J.-C. Brunet, Manuel du libraire, Suppl. II, col. 138
SUR LES LIVRES DE CURIEUX : Isabelle de Conihout et Pascal Ract-Madoux, Reliures françaises du XVIIe siècle. Chefs d'oeuvre du Musée Condé. Grands décors (1615-1665) et reliures pour les curieux (1690-1710), Paris, 2002 -- Jean-Marc Chatelain, Un cabinet d’amateur à la fin du xviiie siècle : le marquis de Méjanes, bibliophile. Catalogue de l’exposition « Une passion en lumières : le marquis de Méjanes et ses livres », Aix-en-Provence, Cité du livre, 2006
WEBOGRAPHIE : USTC : https://www.ustc.ac.uk/editions/67902 -- -- P.-P. Plan : https://archive.org/details/bibliographierab00planuoft/page/n3/mode/2up -- exposition Méjanes : http://www.citedulivre-aix.com/Typo3/fileadmin/documents/Expositions/marquis/66.htm