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La Grande Peur des bien-pensants. Édouard Drumont
IMPORTANT EXEMPLAIRE AVEC ENVOI DE GEORGES BERNANOS À CHARLES MAURRAS, QUI N’A PAS COUPÉ LES PAGES ET ÉVIDEMMENT “PÉCHÉ CONTRE L’ESPÉRANCE”.
LA RUPTURE ENTRE MAURRAS ET BERNANOS DATE DE MAI 1932, QUELQUES MOIS APRÈS LA PUBLICATION DE CE LIVRE : “JE VOUS DIS ADIEU, BERNANOS” (CHARLES MAURRAS, L’ACTION FRANÇAISE, 16 MAI 1932).
ÉDITION ORIGINALE
In-8 (187 x 122mm)
TIRAGE : l’un des 300 exemplaires de presse, du tirage sur alfa navarre, celui-ci numéroté XXIII
ENVOI autographe signé :
“à Charles Maurras,
qui n’a jamais péché contre l’espérance,
ce cri de colère, ou d’agonie,
[La Grande Peur des bien-pensants]
fidèlement”
BROCHÉ, sous sa couverture rempliée, neuf et non coupé
PROVENANCE : Charles Maurras
La rupture entre Maurras et Bernanos date de mai 1932 lorsque le chantre du nationalisme intégral écrira dans L’Action française du 16 mai son célèbre “Je vous dis adieu, Bernanos”. Ce moment marque la fin d’une évolution engagée chez Bernanos depuis plusieurs années et qui le conduira au positionnement salutaire que l’écrivain adoptera quelques années plus tard. Cet exemplaire marque ainsi physiquement le moment d’une rupture importante dans l’histoire des droites françaises. La Grande Peur des bien-pensants rassemble pour partie des textes publiés entre 1929 et 1931, certains par écrit dans L’Action française, d'autres sous forme de conférence. C'est un texte de soutien à l’abominable Édouard Drumont et à son œuvre majeure La France juive, qu’il faut avoir lue. Mais s’il y a bien rupture entre Bernanos et Maurras, la nature de l’antisémitisme de l’écrivain catholique, bien réel dans ce panégyrique de Drumont, soulève encore les passions aujourd’hui.
“On voit habituellement en Georges Bernanos un écrivain très proche de L’Action française, si ce n’est l’écrivain maurrassien par excellence. En réalité, s’il fut en effet maurrassien convaincu dans sa jeunesse, journaliste militant à L’Avant-Garde de Normandie en 1913-1914, proche du mouvement à l’époque de Sous le soleil de Satan et de la condamnation de l’Action française par le Vatican (1926-1927), sa rupture avec Maurras en 1932 révèle toute la distance qui le sépare en profondeur du mouvement royaliste. Il est logique que Bernanos en vienne à condamner la « trahison du maurrassisme », coupable de complaisance envers les dictatures conquérantes, au temps de Munich et de la guerre d’Espagne : son maurrassisme apparent résultait d’un malentendu. La vérité, c’est que le romancier et polémiste a déployé l’essentiel de son œuvre contre L’Action française et hors de L’Action française. Opposé à la vision maurrassienne de l’Histoire parce qu’il a toujours choisi le romantisme de l’aventure personnelle contre le positivisme de la raison politique, opposé au « catholicisme sans Christ » de la France maurrassienne au nom même du Dieu de l’Évangile, il a bâti son œuvre d’écrivain sur une quête spirituelle qui est restée totalement étrangère, en définitive, aux idées et aux valeurs de l’Action française (…)
C’est dans ce contexte qu’il travaille à La Grande Peur des bien-pensants, qui paraît en 1931. Cette biographie de Drumont, l’auteur de La France juive, est surtout un pamphlet qui dénonce le déclin de la nation tombée entre les mains de la bourgeoisie conservatrice dans les premières décennies de la IIIe République. Peut-on parler pour autant d’un texte maurrassien ? Pour l’essentiel, Bernanos remonte au temps d’avant L’Action française. Il évoque en passant la naissance du mouvement, quand L’Action française était « encore républicaine ». Et lorsqu’il s’interroge sur l’avenir et sur les perspectives de redressement possibles, c’est hors de toute référence maurrassienne. À deux reprises, il esquisse un parallèle entre Drumont et Maurras, mais c’est pour opposer à la « sainte patience » et au long travail du second l’imagination fulgurante qu’il prête au premier. Maurras est loué pour sa « haute raison », sa « prodigieuse entreprise de redressement national, poursuivie sans trêve »… Mais on voit bien que la préférence bernanosienne va à de tout autres qualités. Le risque et l’aventure, que la conjoncture a associés à L’Action française lors de la condamnation pontificale, ne sont pas structurellement liés à la lente courbe du maurrassisme dans la durée. Le temps bernanosien n’est pas le temps maurrassien. En ce sens [de 1932], la rupture était inévitable.” (Denis Labouret, Georges Bernanos et l’Action française : histoire d’un malentendu).
D. Labouret, Georges Bernanos et l’Action française : histoire d’un malentendu : https://books.openedition.org/septentrion/48938 ?lang=fr