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MAUROIS, André

Le 25e anniversaire de Marcel Proust. [Manuscrit autographe signé]

[Paris], 1947

BEAU MANUSCRIT AUTOGRAPHE SIGNÉ PAR ANDRÉ MAUROIS DE L’UN DE SES GRANDS TEXTES SUR MARCEL PROUST.
ENVOI DE MAUROIS À SON AMIE SUZY MANTE-PROUST

5 pages grand in-4 (264 x 203mm), encre bleue, très nombreuses corrections et ajouts, signé “André Maurois” à la fin du texte
ENVOI autographe signé : “Pour Mme Mante-Proust qui veille avec tant d’intelligence et de foi sur le souvenir de Marcel Proust, André Maurois”
PROVENANCE : Mme Suzy Mante-Proust (envoi)

TRANSCRIPTION partielle :

“Il y a vingt cinq ans que Marcel Proust est mort. Un quart de siècle… Cela suffit pour qu’il soit possible de dire qu’un écrivain va vers l’oubli, ou bien qu’il entre au contraire, non point dans l’immortalité, mot toujours impropre quand on l’applique aux oeuvres humaines, mais dans une gloire durable. En ce qui concerne la question Proust, il sera, il est déjà l’un des grands classiques français, et sa place, si sûre en France (…) apparaît plus étendue encore à l’étranger. Proust y a trouvé des traducteurs excellents qui, étant eux-mêmes des écrivains, ont su transposer en des langues pourtant rebelles son système et sa poésie. La traduction anglaise de Scott-Moncrief, la traduction espagnole de Pedro Salinas ont l’aisance et la beauté des textes originaux”… [André Maurois constate alors le succès de ses cours sur Proust] “Ayant fait moi-même il y a deux ans, au coeur de l’Amérique [nous : Kansas City], un cours de littérature française, j’ai pu constater que les leçons sur Proust étaient celles qui intéressaient le plus grand public et qui me valaient, de mes étudiants, les meilleurs essais. Comment est-ce possible, dira-t-on, et comment ce roman qui peint une société si différente de la société américaine touchait-il tant de lecteurs lointains ? La réponse est, je crois, que Proust est universel parce que les passions humaines sont universelles (…) l’anatomiste ne peut se disséquer lui-même alors que le romancier (…) peut et doit analyser ses propres sentiments. L’expérience a montré que la jalousie telle que l’éprouve Swann, le snobisme de Verdurin ou de Legrandin, l’égoïsme inconscient de la duchesse de Guermantes se retrouvent, sous des formes non pas indentiques mais analogues, sous tous les cieux. (…) Il y a entre Proust et ses prédécesseurs la même différence qu’entre la physique classique et la physique de la période atomique.”

André Maurois (1885-1697) avait épousé en secondes noces Simone de Caillavet, fille d’amis de Proust : Jeanne Pouquet (que l’écrivain avait fréquentée au tennis Bineau) et Gaston Arman de Caillavet. Il publia l’une des premières biographies du romancier en 1949. En étudiant les archives auxquelles Suzy Mante-Proust lui avait donné accès quinze ans avant qu’elle ne les vende à la BnF, il offrit en 1947 la première grande étude des manuscrits de Proust, créant ainsi la critique proustienne. “Publiant en 1949, au moment où l’écrivain était au purgatoire, en France du moins, un modèle de biographie intellectuelle, À la recherche de Marcel Proust se lit encore, comme une première enquête sur les manuscrits” (Dictionnaire Marcel Proust).

André Maurois donna de nombreuses conférences lors son exil américain pendant la Seconde Guerre mondiale. Il prodigua de véritables semestres de cours dans deux universités : University of Buffalo (été 1941) et University of Kansas City (été 1945). C’est dans cette seconde ville qu’il appréciait beaucoup, qu’il délivra un enseignement sur Proust auquel il fait référence ici.