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Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
Lettre autographe signée à Édouard Bauer
PARUTION EN FEUILLETON DE MADELEINE FÉRAT, PREMIER VOLUME DES ROUGON-MACQUART
Une page in-8 (210 x 130mm), à l’encre noire
“Mon cher Bauer,
Je suis étonné que le public se scandalise. Je reçois de tous côtés des éloges sur la moralité de mon roman. Une dame me disait hier encore, - vous me forcez à me faire des compliments, - que jamais le châtiment n’avait été peint d’une façon plus effrayante et plus salutaire.
D’ailleurs, on permet beaucoup aux romanciers. Je me rappelle avoir lu dans Le Constitutionnel un roman d’Hector Malot qui était autrement raide que le mien. Nous sommes trop amis de l’administration pour qu’on nous fasse des misères.
Cela ne m’empêche pas de prendre vos observations en considération, et je vous promets d’être aussi pudique que possible. Le milieu seul de l’œuvre, le passage que nous traversons, a quelques pages franches. Nous nagerons ensuite en plein calme. Ne soyez donc pas trop effrayé, et dîtes-vous qu’un peu de piment n’a jamais rien gâté en matière de journalisme.
J’irai vous serrer la main un de ces jours. Je suis souffrant et j’évite de descendre dans Paris.
Votre bien dévoué,
Émile Zola”
Émile Zola défend son roman La Honte, paraissant en feuilleton dans L’Évenement illustré, dirigé par à Édouard Bauer. Il avait adressé une première lettre à Édouard Bauer le 2 septembre : “Soyez assez bon pour revoir avec soin mes épreuves que je ne puis aller corriger. Si quelque passage vous paraissait dangereux – ce que je ne crois pas – je vous donne toute liberté de l’adoucir. Un mot changé rend les allusions inoffensives”.
Malgré la pression des critiques, Zola ne voulut pas remanier son texte. La parution dans L’Événement illustré fut interrompue brutalement… ce qui, paradoxalement, accéléra la sortie du texte en volume, chez Lacroix, sous le titre de Madeleine Férat, constituant le premier volet des Rougon-Macquart.