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BERTIN, Louise

Lettre autographe signée à Léopoldine Hugo

[Paris], 30 juin 1834

LOUISE BERTIN ÉCRIT À LÉOPOLDINE HUGO.

TOUCHANTE LETTRE À UNE ENFANT.

2 pp. in-8, encre brune, dont la suscription autographe sur la 4e page : “Mademoiselle, Mademoiselle Léopoldine Hugo, place royale, n° 6, Paris” ; additions à l’encre encadrant l’adresse

“On n’entend plus parler de toi, petit Didine, as-tu été étouffée par le poids de tes couronnes ? Ou tout simplement n’aimes-tu plus ta vieille amie ? Si la gloire t’a tourné la tête, je te pardonne et je t’aime toujours, comme si tu n’étais qu’une simple poupée de deux sols. Si tu m’as oubliée, je te pardonne et je t’aime toujours, comme si tu étais encore la poupée d’autrefois.
Adieu, bien des choses aux amis,
Louise Bertin”

Petite déchirure marginale

Louise Bertin (1805-1877) était la fille de Louis-François Bertin (1766-1841), peint par Ingres, célèbre directeur et fondateur du Journal des Débats - de très noble origine contrairement aux récits habituels voyant en lui le portrait du grand bourgeois. Frappée jeune par la poliomyélite, elle n’en mena pas moins une carrière d’artiste remarquable. Elle créa des musiques pour Berlioz, Gounod et Liszt, composa la musique de La Esmeralda, opéra tiré de Notre-Dame de Paris, écrivit des poèmes, fit l’admiration de Chateaubriand, ici de Victor Hugo, ou des plus grands écrivains et peintres de son temps - dont bien sûr Ingres, l’artiste de la famille. Louise Bertin est d’ailleurs la dédicataire directe de nombreux poèmes de Victor Hugo. Elle habitait les Roches près de Bièvres où ses parents avaient tenu l’un des salons les plus célèbres de la France du premier XIXe siècle. Dans cette maison, Hugo passa plusieurs automnes d’une grande fécondité poétique, au temps des Chants du crépuscule et de ses amours avec Juliette Drouet.

Léopoldine Hugo (1824-1843) est, au moment de cette lettre, âgée de neuf ans. Didine est le surnom que lui donnait Victor Hugo lui-même.