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Frédéric II de Prusse

Dissertation sur les raisons d'établir ou d'abroger les loix

[Utrecht] Paris, Sorli, 1751

EXEMPLAIRE DE MADAME DUPIN, L’UNE DES “FÉMINISTES” CÉLÈBRE POUR SA RÉDACTION DE LA DÉFENSE DES FEMMES ET L’ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES.

ELLE FUT COURTISÉE PAR MONTESQUIEU, SANS JAMAIS CÉDER À SES AVANCES, ET S’OPPOSA À LUI SUR LE RÔLE DES FEMMES DANS LA SOCIÉTÉ ET SUR L’IMPORTANCE DE LA FINANCE.

MADAME DUPIN, FEMME DU FINANCIER CLAUDE DUPIN, EST PLUSIEURS FOIS CITÉE DANS LES CONFESSIONS DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

ÉDITION ORIGINALE
In-8 (162 x 105mm)
COLLATION : A-G8 I2 (le dernier feuillet blanc)
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Veau marbré avec la provenance “Md Dupin” inscrite en lettres dorées sur le premier plat, dos à nerfs orné, tranches rouges

Louise de Fontaine dite Madame Dupin (1706-1799) possédait avec son mari une fortune foncière considérable dont l’Hôtel Lambert, sur l’Île Saint-Louis, et le château de Chenonceau étaient les fleurons. Elle était née dans une famille d’artistes, tous entrés à la Comédie française ce qui lui permit d’acquérir rapidement un sens profond du théâtre et de la représentation. Selon Jean-Jacques Rousseau, son salon littéraire et scientifique fut l’un des plus “brillants de Paris vers 1740”. Il contestait les positions adoptées par celui de Madame Du Deffand (1696-1780). L’un des points d’achoppement fut entre autres la réception de L’Esprit des Lois (1748) de Montesquieu (1689-1755). Celle que Voltaire appelait “la déesse de la beauté et de la musique” mit toute son intelligence pour écrire avec son mari Réflexions sur quelques parties d'un livre intitulé de l’Esprit des loix (1749) afin de réfuter les idées de Montesquieu sur la finance. Ce dernier écrivait au chapitre XIII de L’Esprit des lois intitulé Ce qui détruit cette liberté [liberté de commerce] :

“La finance détruit le commerce par ses injustices, par ses vexations, par l'excès de ce qu'elle impose : mais elle le détruit encore, indépendamment de cela, par les difficultés qu'elle fait naître, et les formalités qu'elle exige”.

Outre cette querelle, madame Dupin écrivit La Défense des femmes et l’égalité entre les sexes, texte rédigé avec l’aide de Jean-Jacques Rousseau. Ce texte ne fut pas publié, tout comme chacun de ses ouvrages. À l’instar de Madame Geoffrin, Louise Dupin renonça à “toute prétention du bel esprit ou à l’esprit savant.” L’auteur y revendiquait pour les femmes : l’instruction, l’accès aux emplois publics et à des carrières ministérielles. Après l’avoir assistée, Jean-Jacques Rousseau quitta son travail de secrétaire et de précepteur de son fils en 1751, la même année que la parution du présent ouvrage.

Dissertation sur les raisons d’établir ou d’abroger les loix fait suite à l’Anti-Machiavel (1740) publié anonymement par Frédéric II de Prusse. Dix ans d’exercice du pouvoir ont fait mûrir les idées de monarchie contractuelle que le Roi de Prusse avait exposées dans l’Anti-Machiavel. Frédéric II, lecteur assidu de Montesquieu dont il possédait six éditions de L’Esprit des loix, estimait réunir à lui-même les qualités de souverain, de penseur et de législateur. Dans cette Dissertation, le Roi-philosophe propose des réformes législatives en adéquation avec la situation géographique et le système politique de chaque pays. Dès lors, la source de la Loi ne pouvait plus être divine ou uniquement royale, mais comme l’écrivait Frédéric II : “La loi, en général, est la raison humaine”. Pour faire valoir ses positions, Frédéric Le Grand fit lire son texte en séance publique à l’Académie Royale des Sciences de Berlin en janvier 1750.

Coins, coiffes et charnière fatigués

BIBLIOGRAPHIE : 

Laurent Versini, Baroque Montesquieu, Éditions Droz, p. 214 -- Olivier Marchal, Les Salons parisiens, Louise Dupin, p. 50 et suiv. -- Frédéric Marty (congrès universitaire : Lumière de la foi, lumières de la raison - l'éducation religieuse féminine en débat au 18e siècle), “L'éducation féminine selon Louise Dupin : entre ambition égalitaire et ambition vertueuse”, p.9