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Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers par une société de gens de Lettres
PREMIÈRE ENCYCLOPÉDIE PUBLIÉE AU FORMAT DE POCHE.
VERS UN DÉBUT DE DÉMOCRATISATION DU SAVOIR : LA CONNAISSANCE SUR TOUT ET POUR TOUS.
TRÈS UTILE : À EMPORTER AVEC SOI LORS DU PROCHAIN CONFINEMENT.
EXEMPLAIRE EN VEAU MARBRÉ DE L’ÉPOQUE, EN TRÈS BEL ÉTAT. LES EXEMPLAIRES COMPLETS SONT TRÈS RARES
Fleurons et bandeaux gravés
36 volumes in-8 (200 x 130mm) de textes et 3 volumes in-8 (209 x 155mm) de planches, SOIT 39 VOLUMES en tout
TIRAGE estimé entre 5500 et 5800 exemplaires
ILLUSTRATION : 501 planches et 2 portraits gravés d’après Cochin
RELIURES DE L'ÉPOQUE. Veau granité, dos à nerfs ornés, tranches marbrés
Les cinq éditions précédant celle-ci sont toutes au format in-folio ou in-quarto. Cette édition de Lausanne, in-octavo, est la première à avoir été éditée en un petit format portatif. Elle reprend l’édition in-quarto de Genève, publiée par Pellet, un an avant. Panckoucke et ses associés qui possédaient les droits pour cette encyclopédie genevoise s’opposèrent autant qu’ils le purent à cette première édition in-octavo. Celle-ci naquit de l’entente de deux éditeurs à Berne et à Lausanne :
“la société typographique de Berne, à cette époque, subit l’influence d’un jeune homme astucieux nommé Pfaehler, promu d’employé de bureau à codirecteur de la Société, qui possède un véritable don pour les opérations de piraterie. Pfaehler semble taillé dans le même moule que Jean-Pierre Heubach, directeur de la Société typographique de Lausanne. Heubach avait acquis une grande expérience dans le commerce des livres interdits. Il s’était installé à son compte à Lausanne ; en 1771, il monte trois presses et son personnel se compose de quinze ouvriers. En 1773, il agrandit son magasin et prend de nouveaux associés. En 1774, il réorganise son entreprise qu’il nomme Société typographique de Lausanne. L’affaire prospère. En 1775, Heubach possède sept presses, un stock de volumes dont la valeur est estimée à 27388 livres, une résidence en ville, un terrain à la campagne. Il est probablement l’instigateur de la publication de l’in-octavo mais Pfaehler le soutient avec enthousiasme et l’appui mutuel de leurs sociétés représente une menace sérieuse pour l’in-quarto… les éditeurs de l’in-octavo ont contribué à la vulgarisation des Lumières” (R. Darnton, pp. 166-168).
Une guerre s’instaure entre ces deux éditions in-quarto et in-octavo, entrecoupée de tentatives d’accords. Panckoucke ne parvient pas à empêcher la diffusion de l’édition in-octavo. Il pense même s’associer à elle, à un moment, à défaut de la vaincre. Une ligne de partage se dessine finalement :
“la guerre in-quarto in-octavo a créé deux zones d’influence bien distinctes dans le marché international : le consortium de Panckoucke concentré en France et les Sociétés typographiques de Berne et de Lausanne qui travaillent principalement en Allemagne jusqu’aux pays slaves” (R. Darnton, p. 333).
Panckoucke affirme que l’édition in-octavo a du succès “à cause du bas prix et du goût constant du public pour cet ouvrage” (lettre du 22 décembre 1777 à la Société typographique de Neuchâtel). De fait, quand les deux éditions sont présentées simultanément, “l’in-octavo l’emporte toujours… Par exemple, Mayence, ville prospère et animée, absorbe vingt in-octavo et pas le moindre in-quarto” (R. Darnton, p. 333). Quant au goût du public, il ne cesse de réclamer des exemplaires. On estime à environ 24000 le nombre d’exemplaires de l’Encyclopédie sortis des presses, toutes éditions confondues, avant 1789.
Le format et le prix de l’Encyclopédie diminuent d’édition en édition : de l’in-folio à l’in-quarto et à l’in-octavo, le prix de souscription tombe de 980 à 324 à 225 livres. Dans le même temps, l’importance des tirages augmente, 4225 pour l’édition originale in-folio à plus de 8000 pour les in-quarto et 6000 pour les in-octavo :
“La démocratisation de l’Encyclopédie a pourtant des limites car même l’édition la moins coûteuse aurait paru trop chère au commun des mortels. Jusqu’à quel point était-elle hors de portée ? Il est possible de s’en rendre compte en traduisant son prix en kilos de pain, élément de base de leur nourriture. Compte tenu du prix de souscription et du prix d’un pain de sept kilos, l’in-folio vaut 2450 pains, l’in-quarto 960 et l’in-octavo 563. Or, un ouvrier ordinaire avec une femme et trois enfants doit acheter au moins douze pains par semaine pour faire vivre sa famille. Quand il a du travail, il gagne une livre par jour. Même en période faste, la moitié du revenu de la famille est dépensé en pain. Un in-octavo bon marché représente un an de budget nourriture, un in-quarto un an et demi, un in-folio quatre ans. Donc, même s’il sait lire, un ouvrier ne peut pas plus acheter une Encyclopédie qu’il ne peut envisager l’idée d’acquérir un palais. Les artisans spécialisés - serruriers, charpentiers et compositeurs - gagnent quinze livres quand la semaine est bonne. À en juger par les signatures portées sur les certificats de mariage et les inventaires après décès, ils réussissent non seulement à lire mais encore à acheter des livres. Cependant, ils n’auraient jamais pu s’offrir une Encyclopédie. L’œuvre de Diderot reste inaccessible à l’élite des travailleurs, y compris ceux qui l’ont imprimée” (ibid., p. 297).
J.-C. Brunet, Manuel du libraire, II, col. 701 -- Robert Darnton, L’Aventure de l’Encyclopédie 1775-1800, Paris, 1992 : pour le classement des différentes éditions, cf. pp. 60-62 -- “Notice bibliographique des diverses éditions de l’Encyclopédie” in Encyclopédie des jeunes étudiants et des gens du monde, Paris, 1835, pp. 252-253 -- cf. Printing and the Mind of Man, 200 -- cf. En Français dans le texte, 156 -- Lough, Essays on the Encyclopédie of Diderot and d'Alembert, Londres, 1968 -- cf. Lumières ! Un héritage pour demain, exposition de la BnF, Paris, 2006, n° 77