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[LOCKE, John, et Charles de Secondat, baron de MONTESQUIEU]

Extrait du Traité de Loch [Locke] sur le Gouvernement civil... Extrait de l’Esprit des loix de Monsieur de Montesquieu

[Paris], s. d. [circa 1760]

SUPERBE ET ÉLÉGANT DIGEST MANUSCRIT DE LOCKE ET MONTESQUIEU CONJOINTS : ŒUVRES MAJEURES DE LA PHILOSOPHIE.

COMMENT LES GRANDS TEXTES DE LA PHILOSOPHIE DES LUMIÈRES SE DIFFUSENT : AIDE-MÉMOIRE D’UN COURTISAN ANONYME 

Manuscrit à l’encre brune, écriture italique, texte placé à chaque page dans l’encadrement d’un filet à l’encre rose, sur un beau papier vergé. Très finement calligraphié

2 volumes in-8 (177 x 107mm)

COLLATION : (vol. 1) : [Extrait du Traité de Loch [Locke] sur le Gouvernement civil] : 122 pp. recto-verso dont la page de titre + 5 ff. blancs ; [Extrait de l’Esprit des Loix de M. de Montesquieu] : 2 ff. dont le titre calligraphié et placé dans un double encadrement à l’encre brune, rose et bordé d’un filet ondulé brun, le faux-titre [Définition générale des loix] placé dans un encadrement à l’encre rose, 176 pp. recto-verso ; (vol.2) : commençant par “Des Loix qui forment la liberté”… , paginé 177-251 puis 282-519 avec un saut dans la pagination mais sans rupture ni manque dans le texte, 7 pp. de table pour l’Esprit des Loix

CONTENU :

(1) : Extrait du Traité de Loch [Locke] sur le Gouvernement civil. Liste des chapitres : De l’état de nature, De l’état de guerre, De l’esclavage, De la propriété des choses, Du pouvoir paternel, De la société politique et civile, Du commencement des sociétés politiques, Des fins de la société et du gouvernement politique, Des diverses formes des sociétés, De l’étendue du pouvoir législatif, Du pouvoir législatif, exécutif et confédératif d’un état, De la subordination des pouvoirs de l’état, De la prérogative, De l’usurpation, De la tyrannie, De la dissolution des gouvernements

(2) : Extrait de l’Esprit des loix de M. de Montesquieu. Liste des chapitres : Description générale des Loix, Des Loix naturelles, Des Loix positives, De la Loy en général, Des loix qui dérivent de la nature du Gouvernement, Des Principes des trois gouvernements, Des Loix de l’éducation dans les différents gouvernements, De la Vertu dans la République, De la Modération dans l’Aristocratie, De l’honneur dans la Monarchie, De la Crainte dans les États despotiques, Conséquences des Principes des trois gouvernements, Du rapport des Principes et des différents gouvernements avec leur Loix civiles et criminelles, De la Simplicité des Loix criminelles dans les différents gouvernements, Dans quel gouvernement le souverain peut être Juge, Du luxe, Des Loix somptuaires, De la Corruption des Principes dans les trois gouvernements, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec la force défensive, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec la force offensive, Des Loix qui forment la liberté politique dans son rapport à la Constitution, De la Constitution d’Angleterre, Des Loix qui forment la liberté politique dans son rapport avec le citoyen, Des Rapports que la levée des tributs et la grandeur des Revenus publics ont avec la liberté, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec la nature du climat, Du rapport des Loix de l’esclavage civil avec la nature du climat, Du Rapport des Loix de l’esclavage domestique avec la nature du climat, Du rapport des Loix de la servitude politique avec le climat, Du rapport des Loix avec la nature du terrain, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec l’Esprit général, les mœurs et les manières, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec le commerce, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec le commerce dans les différentes révolutions qu’il a eues dans l’univers, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec l’usage de la Monnoie, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec le nombre des habitants, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec la Religion considérée dans ses dogmes et en elle-même, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec l’Établissement de la Religion et de sa police extérieure, Des Loix dans le rapport qu’elles ont avec l’ordre des choses sur lesquelles elles statuent

RELIURES DE L’ÉPOQUE. Maroquin rouge, décor doré, triple filet en encadrement avec rosette aux angles, dos lisses très ornés, tranches dorées

John Locke publia en 1690 son Traité du gouvernement civil. Il était double, selon son titre : Two Treatises of Government. Le premier traité, polémique en règle avec d’autres auteurs - Sir Robert Filmer -, n’est pas repris dans ce volume manuscrit. Les extraits du présent manuscrit proviennent du second traité, plus philosophique. Il est en effet consacré à la légitimité de la propriété et à la notion de contrat social. La traduction du second traité de Locke utilisée par le manuscrit semble être celle due au protestant David Mazel, exilé en Hollande et mort en 1725.

La mode de réduire en Esprit ou Extrait l’œuvre d’un auteur est une pratique courante au XVIIIe siècle : Leibniz fut ainsi résumé. Il en alla sans doute de même pour Montesquieu. En 1753, l’économiste et rédacteur de l’Encyclopédie, François Véron Duverger de Forbonnais (1722-1800), fit paraître son Extrait du livre de L'esprit des loix chapitre par chapitre (Amsterdam, 1753) qui est à la fois citation et commentaire. Il conviendrait de comparer le texte ligne par ligne pour retrouver sa source éventuelle, entre l’édition originale de 1748 et l’édition de 1758, faite d’après les corrections préparées par Montesquieu. Mais, à première vue, ce texte ne semble pas trouver son origine dans une source imprimée. Après l’avoir montré à Mme Catherine Volpilhac, celle-ci nous a écrit ces quelques mots : “je n'ai pas entendu pour ma part parler d'une telle association, entre Locke et Montesquieu ; mais elle semble assez naturelle : quiconque s'intéresse à la philosophie politique à la fin du XVIIIe siècle (et même avant) doit avoir lu Locke et Montesquieu. Je ne sais si le rapprochement de ce travail avec la mode des extraits (qui donne à lire un "abrégé" à des personnes qui ne veulent pas passer trop de temps sur un auteur, ou qui ont besoin d'une version simplifiée, comme les femmes) est vraiment pertinent : ne s'agit-il pas plutôt d'un travail personne ?”

Abrégé personnel, mis en perspective contrôlée de certains textes cruciaux, ces deux jolis volumes n’ont pas encore livré leur secret. Le choix des chapitres choisis chez Montesquieu, est par exemple intéressant. Et on notera la présence conjointe des textes de Locke contre l’esclavage et de ceux de Montesquieu qui le condamne également. Si Locke soutient l'institution de l'esclavage dans ses textes juridiques et législatifs, reste que ses ouvrages de philosophie politique (notamment le second Traité du gouvernement civil) cherchent à démontrer qu'aucun homme n'a de droit absolu sur un autre. Ceci a pour conséquence que la vie, la propriété, la liberté et la santé nous appartiennent en propre et constituent une limite à l'action d'autrui. En vertu du droit naturel théorisé par Locke, l'esclavage devient ainsi illégitime : “L'état de nature a la loi de la nature, qui doit le régler, et à laquelle chacun est obligé de se soumettre et d'obéir : la raison, qui est cette loi, enseigne à tous les hommes, s'ils veulent bien la consulter, qu'étant tous égaux et indépendants, nul ne doit nuire à un autre, par rapport à sa vie, à sa santé, à sa liberté, à son bien.” Jean Fabre soutient que l'esclavage est contre nature pour Locke, qui était pourtant actionnaire de la Royal African Company, l'un des piliers du développement de la traite négrière. Plus d’une vingtaine de pages du second volume reprennent et résument les positions antiesclavagistes développées par Montesquieu dans L’Esprit des lois.

WEBOGRAPHIE : 

D. Soulard, “L'œuvre des premiers traducteurs français de John Locke : Jean Le Clerc, Pierre Coste et David Mazel”, Dix-septième siècle, 2011, n° 253, pp. 739- 762 : https://www.cairn.info/journal-dix-septieme-siecle-2011-4-page-739.htm