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Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
[Imitation de l'Ode du R. Père le Jay sur Sainte Geneviève].
LA PREMIÈRE PUBLICATION DE VOLTAIRE : TRÈS RARE.
AROUET AVANT VOLTAIRE : PREMIÈRE APPARITION IMPRIMÉE DU NOM DE L’UN DES PLUS GRANDS ÉCRIVAINS.
“FRANÇOIS AROUET, ÉTUDIANT EN RHÉTORIQUE, & PENSIONNAIRE AU COLLÈGE DE LOUIS-LE-GRAND”
[suivi de :] LE JAY, Gabriel François, Sanctae Genovefae Parisiorum Patronae votum, pp. 4 (Sommervogel IV, 776, n° 40) ; La Marche, Claude de, Odes ad Sanctam Genovefam paraphrasis heroico carmine, 4 pp. ; FEYDEAU, Henri, Odes ad Sanctam Genovefam paraphrasis heroico carmine, 4 pp.
In-4 (230 x 160mm)
Grand bandeau et initiale gravée sur bois
COLLATION : A4 : 7 pp., la dernière page est blanche
RELIURE SIGNÉE D’AUSSOURD. Vélin blanc
PROVENANCE : docteur Lucien-Graux (ex-libris)
François Marie Arouet naît à Paris en 1696. Il a très tôt montré des dons brillants de versificateurs que ses premiers maîtres, les jésuites de Louis le Grand, ont su développer. Contrairement à l’idée banalement reçue, il leur a toujours marqué une forme certaine de reconnaissance, malgré l’ardeur des polémiques contre “l’infâme”. Aussi écrit-il à Thiériot à propos des jésuites : “Assurez-les de mon attachement inviolable pour eux, je le leur dois, ils m’ont élevé, c’est être un monstre que de ne pas reconnaître ceux qui ont cultivé votre âme” (Cirey, 9 janvier 1739). Il faut dire que les joutes oratoires permanentes organisées par les jésuites, les représentations théâtrales, les concours de versification avaient tout pour plaire au talentueux jeune homme.
Entre 1709 et 1711, une ode avait été rédigée par le P. Lejay “en l’honneur de sainte Geneviève, patronne des Parisiens, à laquelle il était demandé d’accorder sa protection à la France, ravagée par la guerre et en proie à la disette. L’oeuvre parue bien troussée aux pères qui la firent imprimer sur sept pages, avec le nom de l’auteur et sa qualité” (P. Milza, Voltaire, 2007, p. 21 ; ode jointe au présent volume). Cette ode a été réimprimée en 1759 par l’abbé Barthélémy Mercier de Saint-Léger et par l’Année littéraire en 1764. Bengesco souligne qu’elle a été admise dans presque toutes les éditions données depuis 1817 : “on la trouve dès 1764 dans la Collection complète des Œuvres de Voltaire”. Elle figure en tête, comme première œuvre de Voltaire, dans l’édition complète de la Voltaire Foundation (t. 1, 2002). L’éditeur, Mme Catriona Seth, a élargi la datation possible de cette première oeuvre à l’année 1709 grâce à sa redécouverte de la date exacte de la grande procession dédiée à sainte Geneviève, à l’été 1709.
Il n’en reste pas moins que Voltaire a évidemment désavoué en être l’auteur, dans une note de bas de page de son édition de La Pucelle en 1773. Il était clair, en effet, que l’idée même de procession religieuse ne plaisait plus au philosophe des Lumières. Elle était devenue “pour le patriarche de Ferney un symbole des manifestations populaires de la superstition qui contredisent la véritable religion” (C. Seth, op. cit., p. 9). Il ajoutera avec humour, conscient des coups qu’il portait aux institutions religieuses qui l’avaient élevé, dans une lettre à la marquise de Florian du 22 janvier 1766 : “Si la petite Geneviève de Nanterre revenait, elle me traiterait fort mal”.
Ce petit livret est d’une grande rareté. Il manque à la Spencer collection consacrée à Voltaire (New York Public Library). Worldcat ne recense aucun aux États-Unis. Copac et KVK ne retrouvent aucun exemplaire. Ni la Library of Congress ni la British Library, ni aucune des grandes bibliothèques universitaires américaines ne semblent posséder le premier texte de Voltaire. Nous n’avons pu retrouver que les cinq exemplaires conservés dans des institutions françaises.
G. Bengesco, Voltaire. Bibliographie de ses œuvres, t. I, n° 536, p. 141 -- Les œuvres complètes de Voltaire, IB, Voltaire Foundation, Oxford, 2002, pp. 1-18 -- cf. cat BN, 1978, t. II, n° 2265