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[NODIER, Charles]

Adèle. Par l’auteur de Jean Sbogar et de Thérèse Aubert

Paris, Librairie de Gide fils, 1820

EXEMPLAIRE BAUDELAIRIEN RÉUNISSANT LES TROIS CHARLES - BAUDELAIRE, ASSELINEAU, NODIER - PAR UNE RELIURE DE LORTIC.

ÉDITION ORIGINALE

In-12 (175 x 101mm)
COLLATION : [I]-XII, [XIII|, XIV-240 pp.
RELIURE SIGNÉE DE LORTIC. Dos à nerfs de maroquin vert, plats de papier marbré, tranche supérieure dorée
PROVENANCE : Charles Asselineau (1820-1874 ; ex-libris ; sa vente, Paris, 1875, n° 348 : “mar. vert, tête dor., n. rog. (Lortic)”) -- Bernard Malle (cachet)

Le nom de Lortic frappé en queue d’une demi reliure janséniste évoque immédiatement Baudelaire, et son cénacle, constituant une modernité inégalée en matière d’exemplaire de littérature française : “Lortic [fut le] relieur attitré de Baudelaire et du cénacle qui l’entourait” (catalogue Jacques Guérin).

Charles Asselineau conduisit Baudelaire, la première fois, dans l’atelier de Lortic :

“Nous traversons le Pont-Neuf. Nous voici rue de la Monnaie. À la première maison de gauche, le démon m’entraîne et me pousse sur l’escalier. Deux étages, et nous entrons dans un salon. Ce salon, je le reconnais, c’est celui de L***, le célèbre relieur, mon ouvrier ordinaire” (L’Enfer du bibliophile, 1860).

Asselineau est sûrement, dans le cénacle de Baudelaire, celui qui posséda le plus de reliures de Lortic. Le Catalogue de la bibliothèque romantique de feu M. Charles Asselineau (1875) présente une quarantaine de volumes reliés par Lortic dont celui-ci. Son exemplaire sur hollande, avec envoi, des Fleurs du mal figure sous le n° 68 mais sa reliure de Lortic fut malheureusement brisée et remplacée par une réalisation de Marius Michel.

En 1867, année de la mort de Baudelaire, Charles Asselineau écrivit un long article sur Charles Nodier, dans le Bulletin du bibliophile :

“On a souvent fait honneur à Nodier, et il s’en est souvent fait honneur lui-même, d’avoir pressenti le premier un renouvellement, une renaissance de la littérature… Nodier avait quarante ans. Cette rénovation qu’il avait prophétisée, qu’il appelait de tous ses vœux, se produisait autour de lui dans les tentatives d’écrivains plus jeunes… C’était la prophétie de Nodier qui se réalisait. Seulement la réalité dépassait la vision. Nodier avait prédit l’avènement d’une nouvelle littérature, de nouveaux poètes.”

On ne peut donc imaginer un exemplaire plus baudelairien qu’un livre de Charles Nodier, annonciateur des temps nouveaux, ayant appartenu à Charles Asselineau et relié par Lortic.

BIBLIOGRAPHIE : 

M. Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 225 -- G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, VI, col. 97 : seul exemplaire cité -- L. Carteret, Le Trésor du bibliophile, II, p. 225
WEBOGRAPHIE : Charles Asselineau, “Charles Nodier”, in Bulletin du bibliophile, 1867 : https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k55225070/f104.item