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GAUTIER, Théophile

Albertus ou l’âme et le péché

Paris, Paulin, 1833

LES DÉBUTS DE THÉOPHILE GAUTIER : TOUT EST DÉJÀ LÀ.

PRÉFACE ESSENTIELLE À LA POÉSIE DU XIXE SIÈCLE :

“L’ART EST CE QUI CONSOLE LE MIEUX DE VIVRE”.

RARE EXEMPLAIRE, COMPLET DU FRONTISPICE DE CÉLESTIN NANTEUIL

ÉDITION ORIGINALE
In-18 (168 x 103mm)
COLLATION : 1 f. (faux-titre) ; [frontispice] ; 1 f. (titre) ; IV pp. (paginées V par erreur, préface) ; 367 pp.
ILLUSTRATION : frontispice gravé à l’eau-forte par Célestin Nanteuil tiré sur chine volant
RELIURE SIGNÉE DE SEMET ET PLUMELLE. Maroquin bleu nuit à grain long, encadrement de compartiments dorés traversés d’une roulette estampée à froid, fleur de veau rouge mosaïquée dans chacun des angles, dos long orné du même décor, tranches dorées, couverture conservée, exemplaire lavé. Étui

Infime restauration angulaire à la couverture

Ce recueil de poèmes est l’un des tous premiers de Théophile Gautier âgé de vingt-deux ans à peine. Pourtant, la préface de ce petit livre expose pour la première fois une conception de “l’art pour l’art” qui guidera toute son œuvre à venir, celle de ses contemporains et celle des générations suivantes. L’art doit être cultivé pour lui-même et non asservi à quelque fin utile, morale ou idéologique. :

“À quoi cela sert-il ? Cela sert à être beau. En général, dès qu’une chose devient utile, elle cesse d’être belle. Tout l’art est là” (préface)

Théophile Gautier peint au passage sa propre figure de dandy à l’attitude flegmatique :

“l’auteur du présent livre est un jeune homme frileux et maladif qui use sa vie en famille avec deux ou trois amis et à peu près autant de chats. Il n’est rien, il ne s’aperçoit des révolutions que lorsque les balles cassent les vitres. Il aime mieux être assis que debout, couché qu’assis. Il fait des vers pour avoir un prétexte de ne rien faire, et ne fait rien sous prétexte qu’il fait des vers”. (ibid.)

Cette posture en retrait du monde et cette vision de l’art auront une influence considérable sur les générations à venir, jusqu’à Baudelaire et Mallarmé. Deux ans après Albertus, Théophile Gautier développera cette préface dans une nouvelle préface très devenue très célèbre, celle de Mademoiselle de Maupin.

Le second apport majeur de Théophile Gautier à la poésie est sa redécouverte des poètes anciens. Chacun des poèmes d’Albertus est présenté par quelques vers placés en exergue avant ceux de Gautier, établissant ainsi des correspondances entre deux âges de la poésie : aussi bien Villon, Marot, Philippe Desportes, Baïf ou Ronsard que des romantiques contemporains, Byron, Hugo ou Nerval.

BIBLIOGRAPHIE : 

M. Clouzot, Guide du Bibliophile français, p. 125 : “frontispice qui manque souvent” mais bien présent dans cet exemplaire -- G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, III, col. 882-883 -- L. Carteret, Le Trésor du bibliophile romantique et moderne, pp. 318-320 : “le frontispice est très rare et manque souvent”