Album de vers et de prose

Bruxelles & Paris, Librairie Universelle, 1887

ENVOI DE STÉPHANE MALLARMÉ AU JOURNALISTE JULES HURET, INVENTEUR DE L’INTERVIEW LITTÉRAIRE.

EXEMPLAIRE EN RELIURE DE L’ÉPOQUE

ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE

In-12 (175 x 112mm). 16 pp.
CONTENU : Les Fenêtres, Les Fleurs, Brise-Marine, Soupir, Sainte, “Le Vierge, le vivace”, “Victorieusement fui le suicide beau”, “Mes bouquins refermés”, “Quand l’ombre menaça”, Plainte d’automne, Frisson d’hiver, La Gloire, Le Nénuphar blanc
ENVOI autographe signé :
À Monsieur Jules Huret
très particulièrement
SM

ANNOTATIONS : deux fautes corrigées à l'encre de la main de Stéphane Mallarmé, quelques corrections typographiques, d’une autre main, au crayon rouge
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Dos à la bradel de percaline moutarde, plats de papier marbré, couverture conservée

Cette plaquette contenant dix poèmes en vers et quatre poèmes en prose de Stéphane Mallarmé offre pour la première fois, à un public un peu élargi, de découvrir sa poésie. Ses deux ouvrages jusqu’alors publiés, L’Après-midi d’un faune (1876) et Les Poésies photolithographiées (1887), livres luxueux et d’un tirage restreint, n’avaient été réservés qu’à un public confidentiel.

Jules Huret (1863-1915), excellent journaliste originaire du Pas de Calais, collabora d’abord au “Courrier des Théâtres” du Figaro, jusqu’en 1889, avant de rejoindre L’Écho de Paris où il mena, de mars à juillet 1891, une série d’interviews intitulée “Enquête sur l’évolution littéraire”. Huret rencontra à cette occasion soixante-quatre écrivains dont Stéphane Mallarmé, Edmond de Goncourt, Joris-Karl Huysmans, Guy de Maupassant, Émile Zola, Anatole France et Paul Verlaine : “le volume où il recueillit leurs réponses (Charpentier, 1891) constitue un document capital pour l’histoire littéraire” (H. Mondor).

Dans l’avant-propos du volume de l’Enquête sur l’évolution littéraire, Huret releva un fait paradoxal : “M. Mallarmé, dont la haute personnalité littéraire ne se révèle que les mardis soirs à quelques personnes choisies, a pourtant groupé plus de nominations que Victor Hugo, la plus populaire des gloires de la France moderne”.

Jules Huret, sympathisant de l’anarchie, est aussi connu pour sa remarquable interview de Henri Schneider, directeur des usines de sidérurgie du Creusot.

Mallarmé formula, dans l’Enquête que lui consacrera Jules Huret en 1891, ses principes littéraires : “Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve”.

On ne connaît à ce jour que deux lettres de Stéphane Mallarmé à Étienne Huret et quatre de Huret à Mallarmé (ces dernières conservées à Valvins). La plus ancienne date de mars 1891. Cet envoi sur ce petit recueil de poèmes imprimé en 1887 qu’adressa Mallarmé, le poète en chambre, au journaliste cosmopolite Jules Huret, constitue donc un acte de passation et de reconnaissance évident de sa poésie vers et par le monde extérieur (le premier poème s’appelle d’ailleurs Les Fenêtres).

BIBLIOGRAPHIE :

Clouzot, p. 195 -- Jules Huret, Enquête sur l’évolution littéraire, Paris, 1891 -- Stéphane Mallarmé, Correspondance IV, Paris, 1973, p. 206 (pour une notice sur Jules Huret)