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Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre. (1913-1916)
ENVOI DE GUILLAUME APOLLINAIRE À SON AMI LUCIEN DESCAVES, TÉMOIN DU POÈTE (AVEC PICASSO) LORS DE SON MARIAGE EN 1918 AVEC JACQUELINE KOLB.
BROCHÉ ET EN TRÈS BEL ÉTAT.
RARE DANS UNE TELLE CONDITION
ÉDITION ORIGINALE
In-8 (228 x 145mm)
TIRAGE : exemplaire du tirage courant, numéroté 982
ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ :
À Lucien Descaves mon
très cher maître
avec l’affection de son
dévoué
Guillaume Apollinaire
ILLUSTRATION : portrait de l'auteur par Pablo Picasso gravé sur bois par R. Jaudon
BROCHÉ sous sa couverture rempliée d’origine. Boîte
PROVENANCE : Jean Viardot, catalogue n° 14, n° 9 (FF1.350)
Lucien Descaves (1861-1949) se tient entre deux générations (et deux siècles), celle de Bloy et Huysmans - dont il fut l’exécuteur testamentaire - et celle d’Apollinaire, lequel s’adresse à lui sous l’appellation de “cher Maître” ou “très cher Maître”. Descaves fréquentait depuis 1887 le “Grenier” d’Edmond de Goncourt. Il fait partie, en 1900, des membres fondateurs de l'Académie du même nom. Il collabore à partir de 1888 au Petit Moniteur universel, et en 1892, au Journal, dont il tiendra la rubrique littéraire à partir de 1916. Son influence dans les milieux littéraires joua certainement un rôle majeur dans le choix qu’Apollinaire fit de le prendre pour témoin de mariage, aux côtés de Picasso, en 1918. Mais une même sensibilité que l’on peut qualifier d’“anarchiste”, au sens large du terme, les rapprochait. Lucien Descaves a été marqué par la Commune dans son enfance - il rassemblera l’une des plus importantes collections à ce sujet. En 1889, la publication de son célèbre roman antimilitariste, Les Sous-offs lui valut d'être traduit en cour d'assises en compagnie de son éditeur. Il était également rédacteur à L'Aurore au moment de l'affaire Dreyfus.
Guillaume Apollinaire se marie avec Jacqueline Kolb, “la jolie rousse” de Calligrammes, le 2 mai 1918. Leurs témoins sont Pablo Picasso et Lucien Descaves (pour Apollinaire), Ambroise Vollard et Gabrielle Buffet-Picabia (pour Jacqueline). Personne d’autre n’est convié à la noce, même pas Madame de Kostrowitzky. Les temps ne sont pas aux réjouissances. Jacqueline vient de perdre un frère au front et, Nancy, sa ville natale, est à portée des obus allemands. L’union d’Apollinaire et Jacqueline Kolb est bénie à l’église Saint-Thomas-d’Aquin. Le petit groupe fête la noce à la brasserie Poccardi, boulevard des Italiens. Apollinaire y déguste des ravioli al pollo, un filet de turbot au vin blanc et une entrecôte grillée, le tout accompagné de Chianti vieux et d’Asti spumante. Après quoi, le cortège se sépara. Picasso vint dîner le soir même chez Apollinaire, boulevard Saint-Germain, en apportant sous son bras une grande toile, L’Homme à la guitare représentant un musicien, strié de bleu horizon, se confondant avec son instrument.
L’envoi d’Apollinaire à Lucien Descaves sur Calligrammes est donc parfaitement contemporain de ce mariage qui scella, au passage, leur amitié dans un moment de joie. L’envoi est répertorié par Victor Martin-Schmets.
Caligrammes, écrit entre la fin de l'année 1912 et 1917 décline toute la palette poétique d'Apollinaire, des vers simultanés et cubistes, aux poèmes graphiques ou "idéogrammes lyriques", en passant par des compositions plus élégiaques et les extraordinaires poèmes composés au front. Certains des vers figurent parmi les plus beaux jamais écrits par Apollinaire, tantôt piéton parisien, tantôt soldat : "Je chante la joie d'errer et le plaisir d'en mourir".
Victor Martin-Schmets, Apollinaire. Correspondance générale, t. 3, partie 2, Paris, 2015, E426, p. 845 (envoi retranscrit) -- Laurence Campa, Guillaume Apollianaire, Paris, 2013, pp. 741 et suiv. -- Peter Read, “Apollinaire, Jean Chaize et Lucien Descaves en 1918 : correspondances inédites" in Le Sens à venir. Création poétique et démarche critique, Bern, Berlin, Frankfurt, 1995