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Divagations
LE DERNIER LIVRE DE MALLARMÉ.
BEL EXEMPLAIRE AVEC UN ENVOI DE MALLARMÉ AU JOURNALISTE ANDRÉ HALLAYS, QUI RENDIT COMPTE PLUSIEURS FOIS D’ŒUVRES DU POÈTE DANS LE JOURNAL DES DÉBATS.
RELIÉ À L’ÉPOQUE EN SOIE BROCHÉE BLEUE PAR PAUL VIÉ POUR ANDRÉ HALLAYS
ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE
In-8 (180 x 123mm). Tirage sur papier d’édition
COLLATION : 4 ff. n. ch., 6-377 pp., 1 f. n. ch. d’errata
RELIURE DE L'ÉPOQUE SIGNÉE DE PAUL VIÉ. Bradel recouvert de soie bleue à motif de fleurs dorées, doublure et garde de papier bleu ciel à motif de bouquets de fleurs et fleurs dorées, tête dorée, non rogné
PROVENANCE : André Hallays -- Pierre Berès (avec son numéro d’inventaire au crayon)
Par les discours qu’on tient sur elle, la poésie se voit dissoute dans les généralités, plutôt que placée au centre d’une réflexion cruciale sur le langage. Les ouvrages de poétique n’offrent guère que des outils qui facilitent l’observation des formes, sans ouvrir de véritable accès à la question du sens. À maints égards, la poésie reste l’orpheline de la critique. C’est plutôt dans l’œuvre même des poètes, sur les marges ou au cœur de leurs poèmes, que des clefs sont proposées comme dans les préfaces de Victor Hugo, les lettres de Rimbaud, les Divagations de Mallarmé, les Cahiers de Valéry, les Élégies de Rilke, ou encore dans les correspondances des poètes.
Divagations (1897) rassemble les textes en prose que Mallarmé publia pendant plus de trente ans dans les revues L'Artiste, La Revue indépendante, La Revue wagnérienne, The National Observer et La Revue blanche. Publiés en volume un an avant sa mort, ces textes sont la consécration de l'œuvre en prose de l'auteur du Coup de dés : du poème en prose à l’éloge critique de Verlaine, Rimbaud, Villiers de l’Isle-Adam ou Manet. Mais à côté de ces sujets littéraires, Mallarmé fait figurer des articles aux sujets beaucoup plus prosaïques comme des "Grands faits divers" : les attentats anarchistes, le système anglais d'éducation, la question prolétarienne ou l'aristocratie. Enfin, la section “Quant au livre” (p. 255) avec ses trois articles dont “le livre, instrument spirituel” (p. 273), évoque le regard porté par le poète sur la chose imprimée, regard bien moderne aujourd’hui.
Derrière ce manque d'unité ou d'architecture, "les Divagations apparentes traitent un sujet, de pensée, unique" (prière d'insérer de Mallarmé) : "Ce sujet de pensée, ou cette doctrine, unique, c'est une réflexion sur la place de la littérature dans la cité, une littérature à double face - le théâtre, le livre - dépositaire du secret de l'homme, et par là seule à même de refonder la cité moderne" (B. Marchal, Œuvres, t. I, p. 1611).
André Hallays (1859-1930) fut un critique réputé, particulièrement actif au Journal des Débats où il tenait une chronique titrée “Au jour le jour”, comme à La Revue de Paris. Il parcourut l’hexagone dans tous les sens, un peu à la manière de Mérimée, et dénonça fortement les ravages que l’industrialisation commençait à infliger aux sites et aux monuments. Il fut à l’origine de la Société pour la protection des paysages français fondée en 1901. On lui doit plusieurs recensions dans le Journal des Débats des livres publiés par Mallarmé : à propos de Vathek (27 août 1893), de La Musique et les Lettres (8 novembre 1894), ou encore “Le Tombeau de Stéphane Mallarmé” (Journal des Débats, 7 octobre 1898).
Enfin, André Hallays avait pour habitude de faire relier ses ouvrages de Mallarmé par Paul Vié. On connaît de lui un autre bel exemplaire avec envoi, en soie brochée blanche à motif floral cette fois, sur Vers et Prose (1893) dont Pierre Berès fut aussi un temps possesseur (cf. Pierre Berès. Des incunables à nos jours, 4e partie, 17 décembre 2007, n° 315, €3.800 avec frais).
M. Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 195 -- Stéphane Mallarmé, Œuvres Complètes, II, éd. par Bertrand Marchal, Paris, 2003, pp. 1610-1611 -- L. Carteret, Le Trésor du Bibliophile romantique et moderne, II, p. 100