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RONSARD, Pierre de

Elegie sur les troubles d'Amboise

Paris, Gabriel Buon, 1592

TRÈS RARE EXEMPLAIRE EN PREMIER ÉTAT DU POÈME QUE PUBLIA RONSARD CONTRE LES PROTESTANTS À LA VEILLE DES GUERRES DE RELIGION.

LE CHOIX DES LIVRES POUR CONVAINCRE OU CELUI DES ARMES POUR TUER

Première édition séparée

In-4 (225 x 163mm). Fleuron de l’imprimeur, bandeau, initiale gravés sur bois
COLLATION : A4 B2 : 6 feuillets
ÉTAT : premier état (sur trois), avec les remarques conformes à Barbier-Mueller, Bibliographie des discours politiques de Ronsard
RELIURE : vélin moderne
PROVENANCE : Jean Bourdel (1925-2019 ; sa vente, Paris, 19 juin 2024, n°117)

Pierre de Ronsard écrivit cette plaquette en vers en 1560 pour condamner la malheureuse tentative menée par quelques gentilshommes protestants, à Amboise, d’enlever le Roi François II afin de le soustraire à l’influence des Guise. Le texte parut d’abord sous le titre Elegie à Guillaume des Autels, dans la première édition collective des Œuvres de Ronsard (tome III, Cinquième Livre des Poèmes), publiée en quatre petits volumes en 1560, chez Gabriel Buon. Ronsard appelait à une modération à l’égard du Réformé, souhaitant “par livres l’assaillir, par livres luy respondre”.

En 1562, la situation avait empiré. Ronsard fit à nouveau imprimer, à part, dans les premiers mois de l’année, son texte prônant la paix. Mais le massacre de Wassy, conduit par François de Guise contre une assemblée de protestants, le 1er mars 1562, bascula la France dans les guerres de Religion. Ronsard se radicalisa : “sans autre humeur, il va rester là où son devoir lui commande d’être : à côté de son roi” (Barbier-Mueller). Une nouvelle version de l’Elégie fut imprimée dans les semaines qui suivirent le massacre de Wassy, avec une modification essentielle à l’un des vers. À la place de “par livres l’assaillir, par livres luy respondre”, on lisait désormais “par armes l’assaillir, par armes lui respondre”. Le second état de la première édition séparée de l’Élégie, “plus sévère pour les protestants”, sera celui que “le poète conservera sa vie durant, au fil des réimpressions dans les éditions collectives de ses œuvres” (Barbier-Mueller)

Cet exemplaire possède bien le vers d’origine, d’avant Wassy, espérant en les livres plus qu’en les armes. Ce changement d’un vers contient en lui l’instant du basculement tragique de l’histoire. Jean Paul Barbier signale n’avoir connu qu’un seul exemplaire en premier état, avec le vers non modifié : “j’ai découvert l’exemplaire apparemment unique de cette version à la Bibliothèque Publique et Universitaire de Genève (cote Hf 4679)”. Lui-même possédait un exemplaire avec le vers modifié, comme l’est celui conservé à la Bibliothèque nationale de France (cote 8-BL-8809 (1)). Cela signifie qu’il n’eut jamais d’exemplaire de cette édition en premier état.

Cet exemplaire-ci constitue donc le seul exemplaire aujourd’hui connu de l’Elegie de 1562 en premier état conservé en mains privées, et l’un des deux seuls aujourd’hui recensés.

BIBLIOGRAPHIE : 

USTC, 14901, 572 et 14900 -- J.-C. Brunet, Manuel du libraire, IV, col. 1382 -- Jean Paul Barbier-Mueller, Ma Bibliothèque poétique, II, 30 -- Jean Paul Barbier-Mueller, Bibliographie des discours politiques de Ronsard, p. 9 et suiv. -- N. Ducimetière, Mignonne, allons voir…, p. 56