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Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
J’ai beau ne pas vouloir connaître la date exacte
LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE DE STÉPHANE MALLARMÉ ADRESSÉE À EUGÈNE MANET ET BERTHE MORISOT
[4 pp. in-8, encre noire :]
“Mes chers amis
J’ai beau ne pas vouloir connaître la date exacte et croire que ce regain d’été recommence les vacances, l’idée de la première communion fixée à Septembre me hante, et je tiens à vous rappeler que je ne suis pas d’esprit très loin de vous. La petite demoiselle en blanc me vient à l’esprit souvent en regardant les fils de la vierge qui passent sur la rivière. Que devient-on là-bas ? et M.M. les voisins se contentent-ils d’exhaler des plaintes ? Je songe au Saint-Jean ; et regrette de ne plus être en âge de me costumer ainsi, pour avoir un prétexte à ne pas, jamais redevenir citadin.
On a un cheval pie, et votre nom est prononcé chaque fois que le cart se promène sur la route de votre mésaventure, déjà trop ancienne : ah ! que n’êtes vous pas par ici. Le bateau va d’un bord à l’autre. J’ai eu un mois de malaise, du surmenage, et mon esprit fut à la hauteur de la pêche à la ligne. Le travail revenu me penche sur mon petit bureau, je regrette que ce ne soit point parmi certaines tentures de Perse.
Au revoir, toutes vos mains et le baiser de ces dames, avec un du vieux tuteur, sous le voile prochain de tulle.
Votre Stéphane Mallarmé
Vous savez que le pauvre J.L. Brown est mourant, un chagrin pour beaucoup.”
(Correspondance Stéphane Mallarmé, éd. B. Marchal, 2019, 1379. p. 893)