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L'Hérésiarque & Cie
ENVOI DE GUILLAUME APOLLINAIRE À L’UN DES TROIS FONDATEURS DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE : L’ÉCRIVAIN EUGÈNE MONTFORT.
LES DEUX HOMMES ONT INVENTÉ LE PERSONNAGE DE LOUISE LALANNE, LE TRAVESTI DE GUILLAUME APOLLINAIRE, POUR CRITIQUER LES AUTEURS FÉMININS.
BROCHÉ, TEL QUE PARU
ÉDITION ORIGINALE
In-8 (182 x 120mm)
TIRAGE : exemplaire courant
ENVOI autographe signé :
À Eugène Montfort
Hommage de mon affection
Guillaume Apollinaire
PIÈCE JOINTE : prière d’insérer de l’ouvrage rédigé par Guillaume Apollinaire, 1p., in-12 (133 x 111mm)
PROVENANCE : Drouot, 15 avril 1937 - Drouot, 7-8 avril 1938, (cité par Victor-Martin Schmets)
BROCHÉ. Étui
Le début de la correspondance entre Eugène Montfort (1877-1936) et Guillaume Apollinaire (1880-1918) est daté d’avril 1905. Ce dernier était depuis deux ans déjà à la tête de la revue Les Marges qu’il avait fondée. Cependant, la véritable union entre les deux hommes commença à la fin de 1908 : ils créent ensemble le personnage de Louise Lalanne. Cette femme imaginaire était dévolue à la critique des romans de femmes, comme ceux de la comtesse de Noailles, ou des ouvrages sur les femmes. Guillaume Apollinaire se travestit le temps d’écrire cinq articles sous le pseudonyme de Louise Lalanne. Il fut assez vite démasqué, d’une part par un style jugé trop masculin. Louise Lalane compara Colette et son livre Les Vrilles de la vigne à une colombe qui “lâche sa crotte [… ] sur le passant et c’est blanc avec un peu de noir-vert comme une page imprimée… ”. D’autre part, Apollinaire emprunta à sa maîtresse Marie Laurencin des vers qu’il publia dans Les Marges sous le nom de Louise Lalanne. La dernière contribution de Louise Lalanne date de novembre 1909, quatre lignes sur un livre de Renée d’Ulmès dans La Revue de Paris.
La disparition de Louise Lalanne est mentionnée dans un article signé d’Eugène Montfort dans le numéro des Marges de janvier 1910 :
“Une fâcheuse nouvelle à apprendre aux lecteurs des Marges : Mlle Louise Lalanne vient d’être enlevée par un officier de cavalerie [… ] Inutile de dire qu’aux Marges, nous ne badinons pas sur le chapitre de la vertu [… ] nous craignons fort que cet écart si regrettable interrompe une carrière littéraire très brillamment ouverte”.
Pour ce qui est de L’Hérésiarque et Cie, Apollinaire publie ici un conte mystérieux et mystique dont Eugène Montfort ne semble pas avoir accusé réception dans sa correspondance. Cependant, cet envoi date de la période où les deux hommes se côtoient fréquemment. Le titre du recueil vient d’un moine bénédictin, Benedetto Orfei dit “L’Hérésiarque”, qui fut excommunié pour avoir rédigé et publié sa propre version des Évangiles qui “contenait des passages d’une telle crudité que les autorité l[a] firent saisir comme livre obscène”. À la sortie du livre, Guillaume Apollinaire a été comparé aux écrivains du romantisme noir par les critiques de l’époque. Le travestissement poétique fait ainsi écho à celui qu’avait orchestré le dédicataire de l’envoi : Eugène Montfort.
Par ailleurs, le prière d’insérer rédigé par Guillaume Apollinaire n’avait jamais été vu par M. Victor-Martin Schmets. Pascal Pia dans son ouvrage Apollinaire par lui-même évoque un fac-similé qui n’est qu’un brouillon partiel du prière d’insérer en question.
Victor-Martin Schmets, Correspondance générale, tome III, E71 -- Eugène Montfort, Apollinaire travesti, p. 22 -- Eugène Montfort, La Véritable histoire de Louise Lalanne ou le poète d’Alcools travesti en femme, p.12 -- Victor-Martin Schmets, Lettres reçues par Guillaume Apollinaire, tome IV, p.254 -- Relation épistolaire et électronique avec M. Schmets, le 19 avril 2021 -- Œuvres en prose de Guillaume Apolinaire de la Pléiade, p.1110 -- Pascal Pia, Apollinaire par lui-même, p.45
WEBOGRAPHIE : http://www.pleinchant.fr/apostilles/2014septdec/lalanne/pageune.html