2 500 €
Acheter
Estimation d'un livre ou d'un manuscrit
THOMAS A KEMPIS & Pierre CORNEILLE

L'Imitation de Jésus-Christ. Traduite en vers françois par P. Corneille

Rouen, Laurent Maurry, Et se vendent à Paris, chez Charles Sercy, 1651

SYMPATHIQUE EXEMPLAIRE D’UN GRAND TEXTE DE LA SPIRITUALITÉ OCCIDENTALE DANS L’ÉDITION ORIGINALE DE LA TRADUCTION DE PIERRE CORNEILLE.

RELIÉ EN VÉLIN À L’ÉPOQUE AVEC UNE PROVENANCE PARISIENNE DES ANNÉES 1670

ÉDITION ORIGINALE

In-12 (136 x 80mm). Texte latin imprimé au verso des feuillets en regard de la traduction française qui est au recto. Privilège au dernier feuillet. L’achevé d’imprimer date du 15 novembre 1651
COLLATION : π1 a4 A-I6 K2, A1r-K2r foliotés 1-56
ILLUSTRATION : frontispice dessiné par H. David
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Vélin ivoire
PROVENANCE : “Monsieur Raguenet 1674” ou “Michel Raguenet 1675” (ex-libris manuscrit porté plusieurs fois sur les gardes, à l’encre brune). Un certain Michel Raguenet, lui-même fils d’un Michel Raguenet décédé en 1670, était un riche marchand épicier rue Saint-Denis à Paris. Il est souvent cité par Mathieu Marraud, De la ville à l’État : la bourgeoisie parisienne XVIIe-XVIIIe siècle, Paris, 2009 -- Bernard Jean (ex-libris)

Thomas a Kempis (1380 ?-1471) est considéré comme l’auteur de ce texte-mère de la spiritualité chrétienne. Il appartient plus précisément à ce grand mouvement mystique appelé Devotio moderna qui se développa au long de l’arc rhénan, de la Suisse à Hollande, au tournant du XVe siècle. La Devotio moderna marquait la fin des spiritualités médiévales et on lui trouve des prolongements jusque dans l’érasmisme du XVIe siècle. Thomas a Kempis fut moine à Deventer, membre des Frères de la vie commune, avant de devenir maître des novices au monastère du Mont-Sainte-Agnès à Zwolle.

On raconte que la Reine Anne d’Autriche conseilla à Pierre Corneille d’entreprendre la traduction poétique de ce texte latin pour le faire se repentir d’avoir écrit des textes un peu lestes.

“À partir de 1650, Pierre Corneille délaisse le théâtre et entreprend de traduire en vers l’Imitation de Jésus-Christ. Sa démarche procède du travail littéraire, d’une rupture d’itinéraire personnel et d’un cheminement spirituel, caractéristiques communes à plusieurs traductions religieuses du Grand Siècle. D’abord publié sous forme de livraisons au fur et à mesure de son écriture, le texte est finalement édité dans son entier en 1656, dans un format in-quarto” (Bibliothèque Mazarine)

La publication de cette traduction fut donc une sorte de travail au long cours s’étendant sur plusieurs années. Il s’agit ici du banc d’essai pour les vingt premiers chapitres du Livre I, qui en comporte vingt8cinq, sachant que la totalité de l’ouvrage comporte quatre livres. Reconnaissant le caractère inhabituel de son travail poétique et engageant le lecteur à manifester son approbation ou sa désapprobation, Corneille écrit dans son Avis au lecteur :

“Et c’est ce qui m’a empêché de m’engager plus avant, que je n’aie consulté le jugement du public par ces vingt chapitres que je lui donne pour coup d’essai, & pour arrêt du reste. J’apprendrai par l’estime ou le mépris qu’il en fera si j’ai bien ou mal pris mes mesures, & de quelle façon je dois continuer.”

Le succès de la traduction de Pierre Corneille fut considérable puisqu’elle connut pas moins de 2300 éditions et qu’on compte 2,4 millions d’exemplaires en circulation à la fin du XVIIIe siècle (M. Delaveau et Y. Sordet, op. cit., p. 424). À cette époque, l’Imitation de Jésus-Christ et la Bible sont donc les deux livres les plus imprimés au monde. Y. Sordet la qualifie de “l'un des plus grands succès de librairie que l'Europe ait connus de la fin du Moyen Âge au début de l'ère contemporaine”. Cette édition originale n’en est pas pour autant fréquente. Tchemerzine ne cite aucun exemplaire et nous n’avons relevé aucune occurrence sur RBH ou dans le fichier Berès.

BIBLIOGRAPHIE : 

M. Delaveau & Y. Sordet, Édition et diffusion de L'Imitation de Jésus-Christ 1470-1800, Paris, 2011 -- Y. Sordet, Un succès de librairie européen : l'Imitatio Christi (1470-1850), Paris, 2012, p. 11 -- É. Picot, Bibliographie cornélienne, IV, n° 114 -- A. Tchemerzine, Bibliographie d’éditions originales et rares d'auteurs français, II, p. 617, qui ne cite aucun exemplaire

WEBOGRAPHIE : 

https://mazarinum.bibliotheque-mazarine.fr/expositions-virtuelles/item/18069-un-succes-de-librairie-europeen-l-imitatio-christi-1470-1850 ?oeuvre=23#page=1&viewer=picture&o=no&n=0&q=