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La rassegna internazionale "Poesia" pubblica questo proclama di guerra, come risposta agl’insulti di cui la vecchia Europa ha gratificato il futurismo trionfante
TROIS TRACTS FUTURISTE AYANT APPARTENU À APOLLINAIRE : FABRIQUE DE LA POÉSIE AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE
[AVEC :] deux autres tracts : [Rachilde], Mafarka le Futuriste glorifié par Rachilde dans le Mercure de France. Milan, Poligrafia italiana, [1910]. Un feuillet oblong (425 x 140 mm), imprimé au recto -- Premier concert de bruiteurs futuristes. Milan, A. Taveggia, [1913]. Un feuillet oblong (395 x 142 mm), imprimé au recto.
ÉDITION ORIGINALE du second manifeste futuriste, en italien, fondant le mouvement
In-4 (215 x 156mm)
COLLATION : 17 pages imprimées et 3 blanches
BROCHÉ. Chemise à rabats de Julie Nadot
PROVENANCE : Guillaume Apollinaire (cachet sur le premier et le troisième tract)
Le premier tract, La rassegna internazionale "Poesia" constitue le second manifeste du futurisme. Il fut publié six mois après le premier manifeste, et simultanément dans deux versions, l’une italienne, l’autre française (dans Le Figaro du 20 février 1909) : “Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse ”. Une “automobile rugissante” apparaît plus belle, à Marinetti, que la Victoire de Samothrace. Les futuristes sont ennemis du passé et vantent les aspects les plus modernes de la vie : usines, machines, automobiles dont la poésie doit selon eux restituer la dynamique. Pour ce faire, ils utilisent une écriture sans ponctuation faite de verbes à l’infinitif, ils évitent les adverbes et les adjectifs. Poussant le culte de l’énergie jusqu’à l’exaltation de l’agressivité, Marinetti en vient à prôner la destruction de tout ce qui relève de la tradition au nom de la seule modernité : “Nous voulons démolir les musées, les bibliothèques, combattre le moralisme, le féminisme et toutes les lâchetés opportunistes et utilitaires.” Affirmant que dans le monde moderne “l’art ne peut être que violence, cruauté et injustice”, Marinetti finira fasciste. Le futurisme se pose résolument comme “anti-tradition”. Il célèbre ce qu’il appelle le “lyrisme synthétique” ou le “lyrisme de la matière” : une « prosaïsation » du sujet entend répondre ou répliquer à l’ancienne poétisation de l’objet.
La nouvelle poésie française, qui apparaît avec la publication d’Alcools en 1913, est en lien avec le futurisme même si elle lui repproche ses excès. Apollinaire est attentif à toutes ces nouvelles écoles en « isme » qui cherchent de nouvelles voies poétiques en ce début de siècle. La prose du monde moderne, si chère aux futuristes, investit le vers apollinarien dès le poème inaugural d’Alcools, Zone : hangars de “Port-Aviation” et automobiles côtoient publicités et sténodactylographes. Mais la modernité du monde ne suffit pas à créer la modernité poétique. Toute l’alchimie d’Apollinaire (ce qu’il nomme « la trouvaille ») est de mêler des vers classqiues où l’inspiration élégiaque use volontiers du rythme mélodieux de l’octosyllabe, et des pièces résolument plus modernistes dans leur valorisation du vers libre, de l’image et de la formule. Apollinaire se méfie des écoles et refuse d’étouffer son lyrisme dans un système poétique au nom d’un modernisme à tout prix. Son oeuvre circule entre tradition et modernité, ordre et aventure. Il est le “flâneur des deux rives” (titre sous lequel il a regroupé en 1918 certaines de ses chroniques). Sur l’une de ces rives, se tiennent les futuristes. Apollinaire s’intéressa à leur innovations (jusque dans les compositions typographiques des Caligrammes) sans pour autant prendre au sérieux leur poésie. Il finira par affirmer, dans le Mercure de France d’octobre 1916, soit dix ans après sa rencontre avec Marinetti, que celui-ci « n’est pas sans talent », mais qu’« il est peut-être temps pour lui d’asseoir sa réputation sur une œuvre solide » qui ne peut se réduire à la rédaction de manifestes.
Le deuxième tract, Mafarka le futuriste glorifié par Rachilde est la critique admirative, de Rachilde du roman de Marinetti Mafarka le futuriste. Le troisième tract, intitulé Premier concert de bruiteurs futuristes fait le compte-rendu d’un concert tenu le 11 août 1913 chez Marinetti à Milan, devant des journalistes.
Ces trois documents ont l’aspect de tracts, support privilégié des futuristes en ce qu’il incarne une poésie de la rue, rapide, éphémère comme la publicité, et à la portée de tous. La poésie devient acte, celui de la main qui distribue. Elle sort des volumes reliés et des revues littéraires : « un tel processus est l’instrument utilisé par Marinetti pour communiquer l’idée que la poétique futuriste se fonde sur la vitesse et le dynamisme des actions » (Futurisme & futurismes, 1986, p. 101). Apollinaire publia lui-même, non sans ironie, un tract futuriste dans la revue Lacerba avec tiré à part en juillet 1913 (Milan, Taveggia) : Antitradition futuriste. Manifeste = synthèse
Claudia Salaris, Bibliografia del futurismo, [Rome], Biblioteca del Vascello, 1988, pp. 45 et 80