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Les Fleurs du mal
UN DES TOUS PREMIERS EXEMPLAIRES MIS DANS LE COMMERCE, EN JUILLET 1857, SANS LES PIÈCES CONDAMNÉES.
EXEMPLAIRE TRÈS PUR, REVÊTU D’UNE SÉDUISANTE RELIURE ITALIENNE STRICTEMENT CONTEMPORAINE DE L’ÉDITION, PROBABLEMENT EXÉCUTÉE À FLORENCE
ÉDITION ORIGINALE. Deuxième état, avec recomposition de certaines pages
In-12 (188 x 120 mm). avec la faute “Feurs” aux titres courants des p. 31 et 108 et la faute “captieux” pour “capiteux” au premier vers de la p. 201, toutes marques de PREMIÈRE ÉMISSION. Avec la faute corrigée p. 12 (“enhardissant”)
COLLATION : bien signaler les ff. manquants, les “souches” et les sauts de pagination
TIRAGE : un des 230 exemplaires amputés par l’éditeur Poulet-Malassis et mis en vente en juillet 1857
RELIURE ITALIENNE DE L’ÉPOQUE. Demi-chagrin bleu-vert, dos lisse orné de frises et guirlandes dorées, plats de percaline prune, tranches polies et mouchetées
PROVENANCE : Claude Drigon (1797-1879 ; ex-libris à la date de 1858) -- Mademoiselle de Magny (ex-libris)
Les Fleurs du Mal, tirées à 1300 exemplaires, furent mises en vente le 25 juin 1857. À la suite des poursuites du parquet de Paris pour offense à la morale publique et religieuse, une saisie fut ordonnée le 17 juillet. Dès le 11 juillet, Baudelaire écrivait à Poulet-Malassis : “Vite, cachez, mais cachez bien toute l’édition”. L’éditeur dissimula une grande partie du tirage encore en feuilles, puis fit mutiler et cartonner 230 exemplaires qu’il mit en vente après le jugement 20 août condamnant l’ouvrage, ce qui ne manqua pas de provoquer le courroux de Baudelaire qui parlera plus tard de “ridicule opération chirurgicale” et se plaindra de l’exécution des cartons réalisés sans son accord (lettre de Baudelaire à Poulet-Malassis du 5 octobre 1857).
Les exemplaires censurés des Fleurs du Mal sont très rares, surtout lorsqu’ils ont été reliés à l’époque pour les premiers lecteurs de l’ouvrage (les ventes précédant les poursuites du parquet n’avaient pas été très importantes, alors que le procès suscita un nouveau lectorat friand de scandale). De plus en plus recherchés, ils constituent un émouvant témoignage sur le plus célèbre procès pour atteinte aux mœurs de la littérature et de l’édition françaises.
Les feuillets comportant des pièces condamnés ont été coupés. On remarque les restes des feuillets pris dans la couture. Mais il fallut réimprimer de nouveaux feuillets pour que soient entiers les poèmes non condamnés partageant les mêmes feuillets que ceux comportant des poèmes condamnés.
- Les Bijoux (pages 52-53) ont été imprimés sur deux pages de deux feuillets, et non pas au recto et au verso d’un même feuillet. Deux autres poèmes, La Géante et Parfum exotique furent donc en partie tronqués quand les deux feuillets contenant Les Bijoux furent ôtés des exemplaires saisis. La fin de La Géante était initialement imprimée au recto du poème Les Bijoux, lui-même au verso de ce feuillet. La deuxième page des Bijoux formait le recto de Parfum exotique, lui-même au verso de ce second feuillet. L’imprimeur dut donc réimprimer sur un nouveau feuillet, la fin de La Géante au verso avec le début de Parfum exotique au recto. La pagination initiale du livre fut conservée, ce qui explique des sauts de numéro. On remarque des changements entre ces deux états des poèmes : le petit trait au milieu de la page finissant La Géante a été réduit à un point sur la page réimprimée ; dans Parfum exotique, la virgule derrière le premier mot, “quand”, a disparu et les “ :” à la fin du quatrième vers sont devenus “ ;”
- Le Léthé (pages 73-74) : l’opération fut beaucoup plus simple puisque le poème était entièrement imprimé au recto et verso d’un même feuillet. Le feuillet fut donc simplement découpé.
- À celle qui est trop gaie (pages 91-93) : il fallut réimprimer un feuillet afin d’avoir les deux premières strophes de Réversibilité. Le recto fut laissé blanc. Réversibilité commence au verso du nouveau feuillet pour conserver la continuité des strophes du poème.
- Lesbos (pages 187-190) et Femmes damnées I (pages 191-195) : le même processus que Le Léthé fut opéré : on imprima le début du poème suivant, Femmes damnées II au verso d’un feuillet blanc. Le texte a bien été recomposé : on note que “des longues confidences” (v. 5) est devenu “de longues confidences”.
- Les Métamorphoses du vampire (pages 206-207) : la fin de La Béatrice et le début d’Un Voyage à Cythère ont du être recomposés au recto et au verso d’un nouveau feuillet. Dans La Béatrice, on note la disparition de la virgule après “et” (v. 10), de même que l’apparition d’une faute d’orthographe : “cette ombre” est devenu “cet ombre” (v. 14).
Le volume fut relié pour Claude Drigon (1797–1879), héraldiste et généalogiste français lié au Vatican, qui lui conféra le titre de marquis de Magny d'Ostiano. Résidant la plupart du temps à Florence, le marquis de Magny entretint des relations étroites avec Grégoire XVI et Pie IX.
Le grand ex-libris armorié de Claude Drigon, daté de 1858, présente l’ensemble de ses titres. Un deuxième ex-libris porte le nom de Mademoiselle de Magny : il s’agit probablement de la fille du fils aîné de Claude Drigon (le cadet ayant engendré deux garçons).