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MALLARMÉ, Stéphane

Lettre autographe signée à Laurent Tailhade

Paris, [89 rue de Rome], samedi [6 février 1897]

REMARQUABLE LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE DE STÉPHANE MALLARMÉ À LAURENT TAILHADE :

À PROPOS DU COUP DE DÉS, “UN POÈME DE DIX PAGES”.

2 pp. in-16 (89x 114 mm), encre brune, papier cartonné bis à angles arrondis, tranche dorée. Enveloppe avec adresse de Laurent Tailhade, timbre poste et cachet

“Tailhade
Je vous embrasse, aujourd’hui ; simplement, la semaine prochaine, quoique, plus que jamais, malade d’insomnie, un poème de dix pages et je m’interdis toute lettre même et surtout chère : oh ! que j’aurais voulu, de quelque ombre, assister à la Conférence et ouïr un peu, je me recueille et devine.
Tendrement la main.
Stéphane Mallarmé.

Voulez-vous dire mon amitié à Delbousquet”

Le poème de dix pages qu’annonce Mallarmé, et qui le tient dans l’insomnie, n’est autre que le Coup de dés. Son grand poème paraîtra dans la revue internationale Cosmopolis d’avril-juin 1897. Deux jours avant l’envoi de cette lettre, Laurent Tailhade avait donné une lecture des poèmes de Mallarmé dans l’ancienne Faculté des Lettres. Le journaliste Emmanuel Delbousquet - que Mallarmé salue dans sa lettre - faisait un compte-rendu dithyrambique de cette “conférence” dans le journal L’Effort : “Laurent Tailhade a été pieux avec émotion, somptueux avec grâce, ironique avec cruauté”.

Le satiriste Laurent Tailhade (1854-1919), célèbre pour son mot anarchiste (“Qu’importe la victime si le geste est beau”) et son œil éborgné lors d’un attentat, “vouait à Mallarmé un culte ardent et sincère” (H. Mondor). Une quinzaine de lettres qu’il adressa au Maître sont aujourd’hui connues, ainsi qu’un exemplaire de son livre Terre latine (1898), conservé à Valvins et portant un envoi à Mallarmé : “en hommage d’admiration fervente et d’amitié”. Il laissa également une admirable description des Mardis de la rue de Rome dans son ouvrage Quelques fantômes de jadis (1920).

BIBLIOGRAPHIE : 

S. Mallarmé, Correspondance, t. IX, Paris, 1983, éd. H. Mondor et L. J. Austin, p. 69, n° MMCCCXXIII -- sur Laurent Tailhade et Mallarmé : ibid., t. III, p. 99, n.1