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MARGUERITE DE NAVARRE

Marguerites de la Marguerite des Princesses, très illustre royne de Navarre... Suyte des Marguerites de la Marguerite des Princesses

Lyon, Jean de Tournes, 1547

RECUEIL DE SES ŒUVRES POÉTIQUES COMPOSÉ PAR MARGUERITE DE NAVARRE DEUX ANS AVANT SA MORT. BEL EXEMPLAIRE RELIÉ À LA FIN DU XVIIE SIÈCLE. DE LA COLLECTION JEAN-PAUL BARBIER

PREMIÈRE ÉDITION COLLECTIVE, EN PARTIE ORIGINALE

2 parties en un volume in-8 (158 x 99mm)
Marques d’imprimeur sur la page de titre et à la dernière page de la première partie, fleuron imprimé à la fin des deux parties. 4 bandeaux gravés, nombreux fleurons, culs de lampe et initiales. Second état (cf. Tchemerzine, IV, 369)

COLLATION : (vol. I) : a-z8 A-L8 ; (vol : II) : a-x8 y4
CONTENU : (vol. I) : a1r page de titre, a1v extrait des registres, a2r dédicace à l’éditeur Jean de La Haye, a6v aux Dames, a7r au Lecteur, a8r Le Miroir de l'âme pécheresse, e4r Discord de l'Esprit et de la Chair, e6r Oraison de l'âme fidèle, i4r Oraison à Jésus Christ, k2v Comédie de la Nativité de Jésus Christ, n8r Comédie de l'Adoration des Trois roys, t8r Comédie des Innocents, u6v Comédie du Désert, A7r Le Triomphe de l'Agneau, E6v Complainte pour un détenu prisonnier, G2r Chansons ; (vol. II) : a1r titre, a1v à Madame Jane infante de Navarre, a2r L'Histoire des satyres et nymphes de Dyane, c3v Epistre(I et II) de la Royne de Navarre, au Roy Françoys son frère, d3v Response envoyée par le Roy François, d6v Epistre (III et IIII) de la Royne de Navarre au Roy François, son frère, e4v Epistre de la Royne de Navarre, au Roy de Navarre, malade, e6v Les quatre Dames, & les quatre gentilz-hommes, m1v Comédie. Deux Filles, Deux Mariées… , o2v Farce de Trop. Prou. Peu. Moins, r5r La Coche, x2r L'Ombre, x4v La Mort et résurection de l'Amour. Vers alexandrins, x7v Chanson faite à une Dame, y1r Les Adieux des Dames de chez la Royne de Navarre
ILLUSTRATION : 11 vignettes gravées sur bois par Bernard Salomon dont dix pour La Coche

RELIURE PARISIENNE VERS 1610. Veau brun, encadrement de filets dorés, dos à nerfs orné d’un large décor à la grotesque doré, tranches dorées
PROVENANCE : prix manuscrit inscrit sur le premier feuillet -- longue note manuscrite rédigée sur un feuillet de garde par un collectionneur français après 1752 : "Ce Volume de Poésies de Marguerite Reine de Navarre est très rare et fort recherché. Il contient : la Comédie de la Nativité… La Comédie de l'adoration… D'aucune desquelles il n'est point fait mention dans les Tablettes dramatiques", qui réfèrent aux Tablettes dramatiques du chevalier Charles de Fieux de Mouhy, publiées en 1752 -- Jean-Paul Barbier (ex-libris)

Marguerite de Valois, née à Angoulême le 11 avril 1492, fille de Charles d'Orléans, duc d'Angoulême et de Louise de Savoie, sœur de François Ier, reçut à la cour de Louis XII une éducation choisie et raffinée. Elle épousa en 1527 Henri d'Albret, roi de Navarre dont elle eut une fille Jeanne d'Albret, future mère de Henri IV. Après avoir négocié la libération de son frère emprisonné lors du désastre de Pavie, Marguerite de Navarre joua un rôle de premier plan dans les affaires de l'État, notamment dans la lutte contre Charles Quint. Elle dut se retirer dans ses états à Odos et Nérac suite aux attaques de la Sorbonne, pour avoir favorisé les humanistes et les préréformés. Dans les années 1520, Marguerite de Navarre s'était rapprochée du Cénacle de Meaux dirigé par Guillaume Briçonnet, et s'avouait familière des recherches spirituelles de la Devotio moderna à la suite de Lefèvre d'Étaples, son directeur de conscience. Clément Marot était entré à son service dès 1513. Tous deux attirèrent en Navarre un groupe de poètes, d'artistes et d'intellectuels de renom souvent persécutés pour leurs opinions religieuses comme Étienne Dolet ou Calvin.

Marguerite de Navarre fut ainsi "non seulement une grande mécène et une sympathisante des idées, évangélistes voire réformées, mais aussi un auteur de grand talent, comme en témoignent les Marguerites de la Marguerite" (Mignonne, allons voir si la rose… Fleurons de la bibliothèque poétique Jean-Paul Barbier, 2007, n° 96, p. 362). Sa poésie évolua d'une forme de libertinage spirituel à un mysticisme épuré. Marguerite, au fur et à mesure que son influence politique déclina, vit son rôle de protectrice des lettres augmenter. La publication des Marguerites de la Marguerite donna un éclat nouveau à la figure littéraire de cette Princesse.

En 1547, deux ans avant sa mort, Marguerite de Navarre publia le premier recueil de ses œuvres poétiques. Cet ouvrage témoigne de l'activité littéraire continue d'un auteur qui, depuis l'affaire du Miroir de l'âme pecheresse (Alençon, 1531) brièvement placé par le Parlement de Paris sur la liste des livres interdits en 1533, n'a jamais perdu de vue la Réforme. À l'instar du Tiers Livre de Rabelais, ce volume représente un engagement : il signale le retour d'un auteur sur une scène publique qu'il avait abandonnée, comme Rabelais, depuis le milieu des années 1530. Quatre ans avant sa mort en 1549, la notoriété de Marguerite, l'une des premières grandes femmes des lettres françaises avec Christine de Pisan, Hélisenne de Crenne, Pernette du Guillet et Louise Labé, était telle que Rabelais lui dédia son Tiers livre.

Les onze gravures sur bois de Bernard Salomon représentent un ensemble majeur de la gravure française à la Renaissance : "La première, figurant une assemblée de seigneurs et de dames, dans un paysage étendu, est un chef-d'œuvre de la gravure sur bois par la finesse étonnante des tailles, la science des feuillages, l'équilibre des plans." (R. Brun, Le Livre français illustré de la Renaissance, p. 245).

Les exemplaires des Marguerites de la Marguerite des Princesses sont relativement fréquents en reliure du XIXe siècle. Ils sont rares en reliure du XVIIIe siècle ou antérieure.

BIBLIOGRAPHIE : 

Tchemerzine IV, pp. 368-371 -- Cartier, Jean de Tournes, I, 105 -- Jean-Paul Barbier, Ma Bibliothèque poétique, I, 45 (”bel exemplaire grand de marges”) -- E. Viollet le Duc, Catalogue des livres composant la bibliothèque poétique de M. Viollet le Duc, Paris, 1843, pp.185-190