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BARBEY D’AUREVILLY, Jules

Memorandum

Caen, Hardel, 1856

EXEMPLAIRE DE BAUDELAIRE RELIÉ PAR LORTIC.

RÉUNION DES DEUX FIGURES MAJEURES DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE.

BARBEY D’AUREVILLY FUT LE PREMIER DÉFENSEUR ET “LE PLUS INTELLIGENT EXÉGÈTE DES FLEURS DU MAL” (ANDRÉ GUYAUX”)

ÉDITION ORIGINALE

In-8 (176 x 133mm)

TIRAGE : "tiré à 36 exemplaires ?" (Clouzot)

RELIURE DE L'ÉPOQUE SIGNÉE DE LORTIC. Dos à nerfs en maroquin brun, chiffre doré en queue du dos, couverture conservée, tranche supérieure dorée, non rogné

PROVENANCE : Charles Baudelaire (chiffre "CB" en queue du dos)

Jules Barbey d’Aurevilly et Charles Baudelaire réservaient l’un pour l’autre des noms choisis, dans leurs articles et leur correspondance. Barbey à Baudelaire : “chère horreur de ma vie”, “crapule de génie”, “dernier de mes vices”, “sacrée vipère dégorgeant le venin”, “satanique Baudelaire”, “diable en velours”, “matérialiste raffiné et ambitieux”, “vous êtes un bandit d’oubli et de paresse qu’on a tort d’aimer” et d’autres ; Baudelaire à Barbey : “cher vieux mauvais sujet”, “monstre parfait”, “venez donc, Misérable !”, “homme vicieux qui sait se faire aimer”. Ces joutes verbales habillent leur amitié de couleurs exagérées. Le dandysme constitue le premier lien entre Barbey d’Aurevilly et Baudelaire. Tous deux l’incarnent et lui donnent des bases intellectuelles : “La réalité du dandysme est humaine, sociale et spirituelle” (Du Dandysme) déclare Barbey d’Aurevilly. Derrière cette “manière d’être” (Barbey), se tient bien une “réalité spirituelle”, et, chez Barbey et Baudelaire, un questionnement métaphysique que chacun reconnaît dans l’œuvre de l’autre. Barbey sera le premier défenseur, et “l’exégète le plus intelligent des Fleurs du Mal” (A. Guyaux). Barbey lui-même verra ses Diaboliques attaquées en 1875 et évitera de peu un procès en les retirant de la vente. On connaît l’aveu que confia Baudelaire à sa mère, à la veille de s'exiler en Belgique : “Je suis un vieillard, une momie, et on m'en veut parce que je suis moins ignorant que le reste des hommes. Quelle décadence ! Excepté D'Aurevilly, Flaubert, Sainte-Beuve, je ne peux m'entendre avec personne” (lettre du 10 août 1862).

En 1856, Barbey d’Aurevilly passe une quinzaine de jours à Caen où il rédige un Memorandum à la demande de son ami Trebutien. Ce Memorandum (le troisième) est le premier qu’il publie. Barbey butte à chaque pas sur les traces de son passé, le fantôme de Louise et les souvenirs de sa vie d’étudiant. Ses pas, dans cette ville défigurée par la modernité, “embellisseurs à contre-sens”, le mènent à la maison qu’occupa Brummell, prototype du dandy, à la fin de sa vie.

Lortic, relieur attitré de Baudelaire et de son cénacle

Cet exemplaire du Memorandum a été relié par Lortic pour Baudelaire. Baudelaire confiait à Pierre-Marcellin Lortic les exemplaires de ses propres livres mais aussi ceux des quelques auteurs qu’il désirait voir dans sa bibliothèque. La reliure, en tant que marque d’appropriation, signifie qu’un auteur ou un texte a été choisi par celui qui le fait relier. La signature en tous petits caractères dorés du relieur surmontant le chiffre “C. B.” de Baudelaire constitue un sommet indépassable en termes d’exemplaires. Ce choix réciproque de Baudelaire et de Lortic a définitivement établi Lortic comme le relieur de la modernité.

Maurice Chalvet rappelle la distinction de ces reliures de Lortic :

“la minceur des cartons, l’étroitesse des chasses, le bombé accentué du dos, la finesse de cinq nerfs, très saillants, sertis de caissons à froid, et la dorure du titre effleurant à peine le maroquin, très poli. L’ouvrage trouve un surcroît d’élégance dans le fait qu’il a été battu presque à l’excès. Toutes choses propres aux demi-reliures que Lortic semble avoir abandonnées, une fois le grand succès venu”.

Les reliures de Lortic se singularisent par leur classicisme, leur simplicité et leur finesse.

Par extension, dans le cercle de Baudelaire, celui qui fait relier ses livres par Lortic, s’inscrit dans cette modernité. Lortic apparaît comme la marque de reconnaissance de toute une génération de poètes. Par exemple, Charles Asselineau et Baudelaire firent tous deux relier leur propre exemplaire de Madame Bovary par Lortic (pour l’exemplaire d’Asselineau : vente Jacques Guérin 4 juin 1986, n° 16 ; l’exemplaire de Madame Bovary avec envoi à Baudelaire est conservé dans la collection Jean Bonna (cf. Passages d’encre, p. 125).

On suppose même que c’est Asselineau qui conduisit Baudelaire, la première fois, dans l’atelier de Lortic :

“Nous traversons le Pont-Neuf. Nous voici rue de la Monnaie. À la première maison de gauche, le démon m’entraîne et me pousse sur l’escalier. Deux étages, et nous entrons dans un salon. Ce salon, je le reconnais, c’est celui de L***, le célèbre relieur, mon ouvrier ordinaire” (L’Enfer du bibliophile, 1860)

Le Catalogue de la bibliothèque romantique de feu M. Charles Asselineau révèle une quarantaine de volumes reliés par Lortic dont son exemplaire des Fleurs du Mal, sous le n° 68 : “mar. r., fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Lortic). Première éd. ; un des dix exemplaires sur papier vergé, avec envoi autographe signé de l’auteur”.

Traces écrites

Il ne fait aucun doute que Barbey posséda de nombreux ouvrages de Baudelaire. Sa correspondance et ses articles dithyrambiques témoignent qu’il a lu ses traductions de Poe, Les Fleurs du Mal, Les Paradis artificiels, et ses écrits sur l’art. L’exemplaire de l’édition originale des Fleurs du Mal de Barbey n’a pas été localisé, comme le signale Julien Bogousslavsky :

“la preuve de la réception d’un exemplaire n’existe que pour Barbey d’Aurevilly, ami de Baudelaire, qui écrivit l’article qui sera publié par celui-ci dans la brochure des Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, Auteur des Fleurs du Mal (une dédicace est plus que probable, mais l’exemplaire n’a jamais été décrit)”.

Et de rajouter cette information troublante : “comme ont bien voulu nous le confirmer Philippe Berthier, puis Joël Jaumont, aucun livre de Baudelaire avec envoi à Barbey d’Aurevilly ne semble avoir jamais été signalé, alors que deux ou trois livres de Barbey d’Aurevilly dédicacés à Baudelaire sont identifiés”. (p. 33)

On sait, par une liste d’envois établie par Baudelaire, que Barbey reçut également un exemplaire de la deuxième édition des Fleurs du Mal, (Correspondance, II, pp. 125-127).

Quant à la correspondance, on connaît une petite vingtaine de lettres de Barbey d’Aurevilly à Baudelaire. Huit d’entre elles furent proposées en lot à la vente dans la succession Aupick-Ancelle (Paris, 1er décembre 2009, n° 31, € 81.250 avec les frais) ; neuf autres, plus récemment (Fontainebleau, 4 novembre 2018). Nous ne connaissons en revanche, à ce jour, que deux lettres de Baudelaire à Barbey d’Aurevilly dont celle si importante dans laquelle Baudelaire demande des livres à Barbey pour Madame Sabatier (voir supra).

On sait enfin, par une réponse de Barbey, que Baudelaire lui envoya trois poèmes autographes - dont L’Albatros et Le Voyage – avant leur publication en revue en 1859, puis en volume dans Les Fleurs du Mal de 1861 (Barbey d’Aurevilly, Correspondance, VI, n° 1859/5).

Le dandysme, “une chose moderne” (Baudelaire)

Jules Barbey d’Aurevilly et Charles Baudelaire se rencontrent vers 1853 dans les bureaux du journal Le Pays. Barbey y tient la chronique bibliographique depuis de nombreuses années. Baudelaire sollicite son entremise pour y publier plusieurs traductions d’Edgar Poe. Les deux hommes ne se sont pas encore croisés parce qu’ils ne fréquentent pas les mêmes milieux. Baudelaire fraye avec la bohème artistique et littéraire, quand Barbey, son aîné de treize ans, arpente les salons légitimistes.

Baudelaire et Barbey ne sont pourtant pas des inconnus “littérairement” l’un pour l’autre. Ils ont publié leur premier texte important la même année, en 1845 : Du Dandysme et de George Brummell pour Barbey et son Salon de 1845 pour Baudelaire (Barbey n’a publié auparavant que quelques poèmes et a rédigé ses deux premiers Memoranda encore inédits). Or Baudelaire connaît, dès sa parution, l’essai de Barbey - bien qu’il soit publié à Caen, à tirage confidentiel. En 1846, il signale dans son deuxième Salon :

“En relisant le livre Du Dandysme, par M. Jules Barbey d’Aurevilly, le lecteur verra que le dandysme est une chose moderne et qui tient à des causes tout à fait nouvelles”.

L’intérêt de Baudelaire pour le dandysme est non seulement précoce, mais surtout, il l’envisage sous l’angle de la modernité. En 1863, Baudelaire développe cette réflexion dans un remarquable article intitulé Le Dandy, constituant justement le chapitre IX du Peintre de la vie moderne, qu’il publie dans Le Figaro.

Barbey et Baudelaire se reconnaissent et deviennent “ami” (terme qu’ils utilisent tous les deux), d’abord autour de cette notion de dandysme :

“le dandysme constitue un fondement de l’amitié entre les deux hommes. Pour l’un et l’autre, il est à la fois une pratique et un sujet de réflexion. Au XIXe siècle, le fait n’est pas banal, car Chateaubriand, Stendhal, Musset, Mérimée, bref, tous les écrivains qui ont partie liée avec le dandysme, n’en parlent qu’en passant et souvent avec désinvolture et ironie, comme pour se mettre à distance de ce que beaucoup considèrent alors comme une mode anglomane plus ou moins ridicule. À l’inverse, Barbey et Baudelaire assument pleinement leur dandysme. Loin de le reléguer au rang de faiblesse ou de péché de jeunesse, ils sont les premiers, en France, à l’élever à la dignité d’une philosophie de l’apparence” (M.-C. Natta).

Qu’est-ce que le dandysme ?

Sous la restauration, dans les rues de Paris, défilent de jeunes gens anglais singuliers. On les appelle des “dandys”. Ceux-ci ne se séparent jamais de trois objets : la canne qui circonscrit la limite à ne pas dépasser quand on les approche, le monocle qui accentue la froideur du regard et le gant qui protège la main, comme le rappelle Baudelaire dans une maxime qui n’a jamais autant été d’actualité : “beaucoup d'amis beaucoup de gants, de peur de la gale”. Le gant se réaproprie le geste du Noli me tangere de l’Évangile selon Jean. Tout l'art du dandy est dans un art de la distance et de la distinction. Certaines anecdotes, comme celle rapportée par Maxime Du Camp, relatent ce plaisir d’étonner de Baudelaire dans sa jeunesse :

“Longtemps après notre première entrevue, un dimanche, qui est le jour où mes amis veulent bien venir me voir, il entra chez moi avec les cheveux teints en vert. Je fis semblant de ne pas le remarquer. Il se plaçait devant la glace, se contemplait, se passait la main sur la tête et s'évertuait à attirer les regards. N'y tenant plus, il me dit : “Vous ne trouvez rien d'anormal en moi ? - Mais non - Cependant j'ai les cheveux verts, et ça n'est pas commun”. Je répliquai : “Tout le monde a des cheveux plus ou moins verts ; si les vôtres étaient bleu ciel, ça pourrait me surprendre : mais des cheveux verts, il y en a sous bien des chapeaux à Paris”. Presque immédiatement il s'en alla et, rencontrant un de mes ami dans la cour, il lui dit : “Je ne vous engage pas à entrer chez Du Camp ; il est aujourd'hui d'une humeur massacrante” (Souvenirs littéraires, 1892).

Une autre fois, Baudelaire tire un livre de sa poche en présence du directeur de l’Opéra, Nestor Roqueplan et déclare, “d’un air distrait et fanfaron” qu’il est relié en peau humaine :

“De la peau humaine, et cela vous étonne !, déclare-t-il à cet éminent bourgeois, - mais, mon cher, aux Gobelins, on ne tanne plus que cela et quand vous viendrez chez moi, je vous montrerai une culotte de cheval que je me suis fait lever dans la peau de mon père. Vous voyez que je suis, comme vous, sans préjugé. Seulement, je ne la mets que dans les grandes occasions, aux chasses de Chantilly par exemple”. (H. Blaze de Bury, Mes souvenirs de la Revue des Deux Mondes, 1888)

Dans leur lutte contre le conformisme, les dandys suscitent l’incompréhension voire le scandale : “de là naît, chez les dandys, cette attitude hautaine de caste provoquante, même dans sa froideur… Que ces hommes se fassent nommer raffinés, incroyables, beaux, lions ou dandys, tous sont issus d’une même origine ; tous participent du même caractère d’opposition et de révolte” (Baudelaire, Le Dandy). On remarque la pérennité des propos de Baudelaire, quand on pense par exemple à Oscar Wilde ou à David Bowie. Chez Barbey, comme chez Baudelaire, le dandysme a donc à faire avec l’impertinence - celle-là même qui les séduit chez Brummell ou chez Joseph de Maistre : “Je me soucie bien de plaire ou de déplaire, écrit Barbey à Trebutien. Je n’ai fait que cela dans ma vie” (1er mai 1851). Baudelaire évoque de son côté “le plaisir aristocratique de déplaire”.

Cette caste des dandys forme bien une nouvelle aristocratie dans un monde bourgeois : “Dans le trouble de ces époques, quelques hommes déclassés, dégoûtés, désœuvrés, mais tous riches de force native, peuvent concevoir le projet de fonder une espèce nouvelle d’aristocratie… [dans] la marée montante de la démocratie, qui envahit tout et qui nivelle tout” (ibid.). Dans cet esprit de caste, les dandys, “institution en dehors des lois” (ibid.), se trouvent diverses origines. Barbey et Baudelaire iront jusqu'à remonter à la Grèce ancienne, et faire d'Alcibiade, le favori de Socrate, un “dandy d'avant les dandys” (Barbey). Baudelaire citera plus proche de lui Chateaubriand, “père des dandys”. Sans doute, dès la fin du XVIIIe siècle, on remarque à Londres de jeunes aristocrates anglais de retour d'Italie qui déambulent dans les allées de Hyde Park, la tête couverte d'une perruque démesurée, le corps cintré dans des habits de soie, et qui, déjà affichent leur mépris et leur ennui du monde. Seulement, ces jeunes gens sont plus excentriques que véritablement élégants, et il faudra toute l’austère discipline d'un Brummell pour rompre avec ces fantaisies extravagantes et imposer une manière de grâce plus froide.

Cette “nouvelle aristocratie”, native par nature, poursuit Baudelaire, apparaît justement sous la Restauration, à cette époque transitoire entre deux mondes “où la démocratie n'est pas encore toute-puissante, ou l’aristocratie n’est que partiellement chancelante ou avilie”. Et l’on sait combien Baudelaire rêvera à ces “époques nues” en s’aventurant dans un Paris en continuel chantier, quadrillé de boulevards visant à casser les Révolutions et assurer la paix au prix de l’uniformité.

Barbey d’Aurevilly et Baudelaire sont du même camp. Ils éprouvent le même rejet d’un siècle bourgeois et matérialiste (bientôt consumériste). Ils ne croient pas en l’idée de progrès et sont hugophobes - bien qu’admiratifs du poète Hugo. Barbey écrivait à Trebutien : Baudelaire “n'a pas notre foi, ni nos respects, - mais il a nos haines et nos mépris” (27 mars 1856).

Des habits

À vingt ans, Barbey et Baudelaire se ruinent en habits, en cravates, en gilets, en gants. Il n’est qu’à relire le premier Memorandum de Barbey (cf. supra) pour trouver ces préoccupations à chaque page. Il a souvent été discuté des deux habits si différents de Barbey et de Baudelaire : l’habit de Barbey est un habit de couleurs, à la coupe ajustée, ample aux manches, selon le goût aristocratique d’avant 1789. Barbey abhorre l’habit noir, couleur d’un siècle uniforme et ennuyeux où chacun ressemble à un homme d’affaires :

“son aversion pour l’habit noir n’est pas seulement esthétique, elle est aussi d’ordre idéologique. Ce vêtement est en effet un héritage de la Révolution française. Il trouve son origine dans celui des députés du Tiers État qui, lors de la réunion des États Généraux de 1789, présentait un contraste chromatique frappant avec les costumes luxueux et chatoyants des députés de la noblesse. L’habit noir est donc devenu le symbole du triomphe des valeurs démocratiques et bourgeoises” (M.-C. Natta).

L’anecdote suivante a été souvent rapportée : lors d’une messe de mariage, Barbey aurait répondu à un ami qui s’étonnait qu’il ne communiât pas : "Si je communie, j'éclate", tellement il était cintré dans son costume.

L’habit de Baudelaire est noir. Lui aussi vitupère son siècle, mais il ne lui tourne pas le dos. Il l’accepte tel qu’il est. Il reprend à son compte l’axiome de toilette de George Brummel : “Le dandysme n’est même pas, comme beaucoup de personnes peu réfléchies paraissent le croire, un goût immodéré de la toilette et de l’élégance matérielle. Ces choses ne sont pour le parfait dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit. Aussi, à ses yeux, épris avant tout de distinction, la perfection de la toilette consiste-t-elle dans la simplicité absolue, qui est, en effet, la meilleure manière de se distinguer” (Le Dandy). Baudelaire rend ce principe efficient “en construisant un vêtement simple dans sa ligne générale, mais très compliqué dans sa coupe, un vêtement qui nécessite de nombreuses séances d’essayage et qui éprouve la patience de son tailleur” (M.-C. Natta). Baudelaire se distingue en se fondant dans la masse. Sur le Boulevard, on admire “son fantastique habit noir… long, boutonné, évasé par en haut comme un cornet et terminé par deux pans étroits et pointus en queue de sifflet” (Charles Asselineau, Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre, 1869).

Ces deux habits de Barbey et de Baudelaire, si différents soient-ils, répondent tous deux à une même distinction aristocratique : celui de Barbey s’oppose furieusement ; celui de Baudelaire (qui est d’un tempérament plus doux que Barbey) se fonde en se distinguant. Par ailleurs, il porte le deuil de son époque :

“L'habit noir et la redingote ont non seulement leur beauté poétique, qui est l'expression de l'égalité universelle, mais encore leur poétique qui est l'expression de l'âme publique, un immense défilé de croque-morts, politiques, amoureux, bourgeois. Nous célébrons tous quelque enterrement” (Le Peintre de la vie moderne).

En définitive, l’habit lui-même compte bien moins que la manière de le porter. Ce qui compte avant tout, c’est la distinction. Dans un admirable passage de Du Dandysme, Barbey va jusqu’à évoquer la disparition de l’habit :

“Ce n’est pas un habit qui marche tout seul ! au contraire ! c’est une manière de le porter qui crée le dandysme. On peut être dandy avec un habit chiffonné… les dandys ont eut la fantaisie de l’habit râpé. C’était précisément sous Brummel. Ils étaient à bout d’impertinence, ils n’en pouvaient plus. Ils trouvèrent celle-là, qui était si dandie (je ne sais pas un autre mot pour l’exprimer), de faire râper leurs habits avant de les mettre, dans toute l’étendue de l’étoffe, jusqu’à ce qu’elle ne fût plus qu’une espèce de dentelle - une nuée. Ils voulaient marcher dans leur nuée, ces dieux ! L’opération était très délicate et très longue, et on se servait, pour l’accomplir, d’un morceau de verre aiguisé. Eh bien ! voilà un véritable fait de dandysme. L’habit n’y est pour rien. Il n’est presque plus”.

L’accessoire en tant qu’objet est éliminé au point qu’il n’en reste plus que l’idée seule. Le dandysme s’est réfugié dans l’habit jusqu’à la disparition de celui-ci. Il n’en reste qu’une nuée, une métonymie, comme le paletot devenu idéal de Rimbaud (Ma bohème). Cette idée qui reste, quand la chose a disparu, ira, en bout de course, se réfugier dans le verbe chez Mallarmé pour en former la matière poétique. Il reste à signifier la disparition. C’est l’”Aboli bibelot d'inanité sonore” du Sonnet en x ou la fleur “absente de tout bouquet” de la Crise de vers (Divagation).

Le dandysme est donc bien autre chose que l’art de la chemise. Il n’est que l’expression en surface d’un mal être profond, métaphysique, que Barbey d’Aurevilly et Baudelaire nomment tous deux ennui. Le même ennui ouvre le premier Memorandum de Barbey et le premier poème des Fleurs du Mal (Au lecteur). Il infuse entièrement le recueil de Baudelaire, le remplit de son “venin”, pour reprendre les termes de Pascal : “Et quand on se verrait même assez à l’abri de toutes parts, l’ennui, de son autorité privée, ne laisserait pas de sortir du fond du cœur où il a des racines naturelles, et de remplir l’esprit de son venin” (Pensées, fragment 126). L’ennui du dandy parisien de vingt ans est toujours celui du poète de cinquante ans. C’est l’ennui qui constitue le lien entre dandysme et poésie. Le dandysme est une réaction incarnée à l’ennui : l’illusion de l’oisiveté doit être donnée à tous, perceptible, portée avec orgueil sur soi.

Barbey d’Aurevilly et Baudelaire mesurent tous deux très tôt le vide du monde. Tous deux sont saisis par ce que Baudelaire nomme “le goût du néant”, du titre d’un poème des Fleurs du Mal. Chacun reconnait dans les livres de l’autre ce vertige de la chute originelle. L’ultime manifestation de cette reconnaissance sera révélée, par Barbey d’Aurevilly, lors du procès des Fleurs du Mal.

Lectures croisées

L’une des deux lettres connues de Baudelaire à Barbey, datée du 20 décembre 1854, révèle qu’il a lu toutes les œuvres majeures de son aîné :

“Je suis allé bien souvent chez vous pour vous serrer la main, mais je n’ai eu aucune chance ; j’envoie à tout hasard ce matin chez vous, pour vous demander un petit service. Je suis tout abêti et tout malade, je n’ai absolument rien à lire, et de plus j’ai promis à une dame [Madame Sabatier], qui en a grande envie depuis longtemps, de lui faire lire quelque chose de vous ; si vous pouviez remettre à cet homme n’importe quoi de vous, La Bague, Le Dandysme, Germaine, La Vieille Maîtresse, L’Ensorcelée, - je ne suis pas perdeur de livres, - vous me rendriez fort heureux”

Barbey répond à Baudelaire, à la fin du même mois :

“Je n'ai que le Brummell, assez sale que je vous envoie, - mais je vais demander à mon éditeur de Caen un exemplaire pour vous qui rachètera le sans-gêne de celui-ci et que je vous prierai d'accepter. L'unique exemplaire que j'aie de ma Vieille Maîtresse est prêté, et mon exemplaire (unique aussi) de mon Ensorcelée est chez le relieur. Dès que ces deux-là seront rentrés, ils iront vers vous. Germaine est un roman achevé, mais il n'a jamais été publié, pour cause d'immoralité et d'horreur. Cette vapeur-là ne montera pas du fond de l'abîme. J'en ai refermé le couvercle. Mes Prophètes du passé sont bien philosophiques et religieux pour une lectrice. Je ne vous les envoie pas pour cette raison”.

Trois mois plus tard, on apprend dans une lettre du 17 mars 1855 que Baudelaire a passé cet exemplaire “assez sale” de Du Dandysme à Narcisse Ancelle. L’exemplaire porte des corrections autographes de Barbey d’Aurevilly. Baudelaire y a inscrit un ex-dono à Narcisse Ancelle, ce qui prouve que Barbey lui avait offert son exemplaire (Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, cote CV23, exposé en 1968).

Barbey d’Aurevilly, de son côté, est un lecteur assidu de Baudelaire ; d’abord de ses traductions d’Edgar Poe, puis des Fleurs du Mal. Le 5 juillet 1857, Gustave Bourdin, journaliste influent du Figaro déclenche les hostilités envers Les Fleurs du Mal en les qualifiant d’”hôpital ouvert à toutes les démences de l’esprit, à toutes les putridités du cœur”. Deux jours seulement après sa charge contre le poète, le 7 juillet, Les Fleurs du Mal sont traînées en justice pour “outrage à la morale publique”. C’est l’origine des poursuites qui s’achèveront un mois et demi plus tard, le 21 août par la condamnation du recueil, le jour même du procès.

D’autres plumes, plus visionnaires, s’agrègent immédiatement autour de Baudelaire. Charles Asselineau, Barbey d’Aurevilly, Théophile Gautier et Théodore de Banville comptent parmi les plus importantes. Baudelaire choisit de réunir quatre Articles justificatifs dans une brochure, qu’il distribua à ses juges. L’un est de Barbey d’Aurevilly, daté du 24 juillet 1857 :

“Barbey d’Aurevilly fut en 1857 le meilleur avocat du poète et l’exégète le plus intelligent des Fleurs du Mal. Son article, refusé par Le Pays, imprimé par Baudelaire dans le petit recueil d’Articles justificatifs destiné à sa défense a certainement contribué à éveiller le doute dans l’esprit du procureur, voire dans celui des juges. L’idée qu’il développe d’une théologie du mal - l’idée même de Baudelaire - pouvait convaincre un vrai catholique. La réputation de Barbey était telle - l’un de “nos grands écrivains”, dira l’avocat - que la caution qu’il donnait au poète incriminé pouvait embarrasser le substitut Pinard… Et devant le verdict, Barbey accablera l’avocat : “on aurait dû plaider mon article”, écrit-il à Trebutien le 23 août” (A. Guyaux).

Barbey usera autant qu’il peut de ses relations : “Barbey et Pinard avaient en la personne de Raymond Brucker un ami commun, que Barbey entreprit d’intéresser à la cause de Baudelaire : “je pétrirai Brucker, qui pétrira Pinard, qui pétrira vos juges”, écrit-il à Baudelaire, le 17 août” (ibid.), soit quatre jours avant le procès.

Dans sa défense des Fleurs du Mal, Barbey montre la cohérence du recueil de Baudelaire. Il est le premier à en déceler l’architecture “secrète” :

“Dans le livre de M. Baudelaire, chaque poésie a, de plus que la réussite des détails ou la fortune de la pensée, une valeur très importante d’ensemble et de situation qu’il ne faut pas lui faire perdre, en la détachant… il y a ici une architecture secrète, un plan calculé par le poète, méditatif et volontaire. Les Fleurs du Mal ne sont pas à la suite les unes des autres comme tant de morceaux lyriques, dispersés par l’inspiration, et ramassés dans un recueil sans d’autre raison que de les réunir. Elles sont moins des poésies qu’une œuvre poétique de la plus forte unité. Au point de vue de l’Art et de la sensation esthétique, elles perdraient donc beaucoup à n’être pas lues dans l’ordre où le poète, qui sait bien ce qu’il fait, les a rangées. Mais elles perdraient bien d’avantage au point de vue de l’effet moral que nous avons signalé au commencement de cet article”.

Cet effet moral qu’appelle Barbey est l’effet d’antidote que doit provoquer ce “poison” ou “bouquet empoisonné” des Fleurs du Mal : “un livre qui doit produire l’effet absolument contraire à celui que l’on affecte de redouter… dans le monde de la Chute, ce livre sera moral à sa manière”. Pour Barbey, Baudelaire affirme la conscience du Mal comme un principe devant lequel il n’y a pas lieu de s’étonner. Il relativise au passage le mal que peut provoquer un tel livre “à une époque aussi dépravée par les livres que l’est la nôtre”. Comme dans sa critique des Histoires extraordinaires d’Edgar Poe (Le Pays, le 10 juin 1856,) Barbey signale que le poète – qu’il soit Poe ou Baudelaire – ne fait que dénoncer la décadence d’une époque. Le poète n’est pas responsable de cette décadence, il en “est le dernier éclat d’héroïsme”, comme l’est le dandy de Baudelaire (Le Dandy).

Barbey convoque, pour appuyer sa plaidoirie, de nombreux écrivains, ayant également peint “ce que peut produire de plus hideux la nature humaine corrompue”, au premier rang desquels Shakespeare (Iago), Molière (Tartuffe) et Dante : “Il y a du Dante, en effet, dans l’auteur des Fleurs du Mal, mais c’est du Dante d’une époque déchue, c’est du Dante athée et moderne, du Dante venu après Voltaire, dans un temps qui n’aura point de saint Thomas”. Ce n’est probablement pas sans humour que Baudelaire dédiera à Barbey son poème L’Imprévu, faisant défiler des figures de damnés (Les Épaves, 1866).

Chute et Rédemption

Barbey d’Aurevilly a compris le premier que Baudelaire n’est pas le poète du vice mais celui du péché : “Baudelaire est plus proche de Pascal que des libertins du XVIIIe siècle, observe Charles Morice. Et les meilleurs parmi les premiers exégètes de Baudelaire ont été sensibles à cet aspect” (André Guyaux). Après la Chute, Barbey souhaite pour Baudelaire une Rédemption - ce qui ne peut manquer d’advenir parce qu’“il n’est pas un de ces poètes qui n’ont qu’un livre dans le cerveau”. C’est bien ce que Barbey confie naïvement à Trebutien : “Il est impie. Il est tout ce que j’ai été moi ! pourquoi ne deviendrait-il pas ce que je suis devenu ?” (mars 1856). Barbey s’est converti au catholicisme et a conjuré, avec des hauts et des bas, ce vide de l’homme sans Dieu, consécutif à la Chute originelle. Baudelaire – contrairement à ce que Barbey espère – restera toujours dans cette tension irrésolue entre Spleen et Idéal (Barbey s’en désolera dans sa critique des Paradis artificiels, en 1860). C’est le sens de sa péroraison, invitant son ami à choisir entre deux partis, dans la célèbre formule, terminant son article :

“Après Les Fleurs du Mal, il n’y a plus que deux partis à prendre pour le poète qui les fit éclore : se brûler la cervelle… ou se faire chrétien !”.

Barbey renouvellera cette sentence près de trente ans plus tard pour Huysmans, lequel la résumera dans la très importante préface de la réédition d’À Rebours (1903) :

“Dans ce tohu-bohu, un seul écrivain vit clair, Barbey d’Aurevilly, qui ne me connaissait nullement, d’ailleurs. Dans un article du Constitutionnel portant la date du 28 juillet 1884, et qui a été recueilli dans son volume Le Roman Contemporain paru en 1902, il écrivit : Après un tel livre, il ne reste plus à l’auteur qu’à choisir entre la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix. C’est fait J.-K. Huysmans”.

Une fois encore, Barbey d’Aurevilly avait été clairvoyant. Car c’est de bien de voir qu’il s’agit comme il l’écrit à propos de Baudelaire plusieurs années après la mort du poète : “Il avait le regard profond, sur et sous-aigu, presque somnambulique… Il voyait” (Le Salon de 1872). On peut retourner à Barbey ses propres paroles. Barbey d’Aurevilly a vu Les Fleurs du Mal, ce que résume sans concession André Guyaux : “Les Fleurs du Mal ont bien distribué les rôles, avec une cruelle clarté lorsqu’on regarde les choses rétrospectivement : Barbier, Gautier, Banville, Leconte de Lisle, Verlaine, Mallarmé, Huysmans, Bourget, Nietzsche et Proust d’un côté ; trois médiocre journalistes du Figaro de l’autre”.

On peut multiplier les exemples de lectures de Baudelaire par Barbey. Par exemple, Barbey écrivit, sans ironie, sous l’influence des Fleurs du Mal, trois poèmes intitulés Spleen, L’Ivresse et Le Vieux Goéland.

Les temps changeront les regards. Le Pays publiera l’article de Barbey sur Les Paradis artificiels, en 1860. Baudelaire, après quelque temps où il fut “presque brouillé avec [son] ami” (lettre à sa mère du 9 juin 1958) trouvera toujours en Barbey le meilleur défenseur de sa pensée et de sa poésie. Quand Baudelaire fut associé aux parnassiens par exemple, Barbey les qualifia de pâles imitateurs – y compris Verlaine et Mallarmé - dans un article de 1866, Les Trente-sept médaillonnets du Parnasse contemporain. Remarquons que Mallarmé dont “les premiers vers pourraient se confondre aux plus beaux vers et aux plus denses des Fleurs du Mal, dans le domaine de la perfection poétique”, selon Paul Valéry, saura plus tard, tout comme Verlaine, se dégager de l’influence de Baudelaire.

Baudelaire et Barbey d’Aurevilly (comme Stendhal) connaîtront une reconnaissance tardive, initiée par la jeune génération des symbolistes et des décadents qui refusaient le naturalisme et la façon dont Zola avait transformé la littérature en une branche des sciences sociales. On comprend l’engouement des écrivains de la fin du siècle pour Barbey et Baudelaire : pour eux la signification des choses est cachée ; c’est “le dessous des cartes” ou “quatrième dessous de tout”, pour reprendre des expressions de Barbey, que les mots doivent suggérer, sans le dévoiler. Barbey d’Aurevilly refuse évidemment le sens univoque de la réalité (Baudelaire avait cependant bien compris que le soit-disant réalisme de Madame Bovary dissimulait un art se suffisant à lui-même).

Baudelaire et Barbey brillent “non sans doute par la technique extérieure, mais par la technique intime et spirituelle, par le sens du mystère, par le souci d’écouter ce que disent les choses, par le désir de correspondre, d’âme à âme, avec l’obscure pensée répandue dans la nuit du monde” (Remy de Gourmont, Le Livre des masques).

Barbey, Baudelaire, Lortic dans la bibliothèque de des Esseintes

Le classement alphabétique range côte à côte Barbey d’Aurevilly et Baudelaire dans une bibliothèque. Ce heureux hasard des noms ne peut qu’enchanter des Esseintes qui aime les correspondances secrètes :

“Il s’était procuré, dans ces conditions, des livres uniques, adoptant des formats inusités qu’il faisait revêtir par Lortic, par Trautz-Bauzonnet, par Chambolle, par les successeurs de Capé, d’irréprochables reliures en soie antique, en peau de bœuf estampée, en peau de bouc du Cap, des reliures pleines, à compartiments et à mosaïques, doublées de tabis ou de moire, ecclésiastiquement ornées de fermoirs et de coins, parfois même émaillées par Gruel-Engelmann d’argent oxydé et d’émaux lucides.

Il s’était fait ainsi imprimer avec les admirables lettres épiscopales de l’ancienne maison Le Clerc, les œuvres de Baudelaire dans un large format rappelant celui des missels [… ] Deux ouvrages de Barbey d’Aurevilly attisaient spécialement des Esseintes, le Prêtre marié et Les Diaboliques. D’autres, tels que L’Ensorcelée, Le Chevalier des Touches, Une Vieille Maîtresse, étaient certainement plus pondérés et plus complets, mais ils laissaient plus froid des Esseintes qui ne s’intéressait réellement qu’aux œuvres mal portantes, minées et irritées par la fièvre… Dans ces deux livres que feuilletait des Esseintes, Barbey avait perdu toute prudence, avait lâché bride à sa monture, était parti, ventre à terre, sur les routes qu’il avait parcourues jusqu’à leurs points les plus extrêmes.” (À Rebours, chapitre XII)

Cet exemplaire du Memorandum de Barbey - le premier des Memoranda qu’ait publié Barbey, un an avant Les Fleurs du Mal -, aurait évidemment trouvé sa place dans la bibliothèque du dernier avatar du dandysme qu’est des Esseintes. Barbey d’Aurevilly et Baudelaire ne sont plus alignés côte à côte : leurs deux figures se confondent en un seul volume, si finement relié par Lortic qu’il tourne facilement dans une main comme le pommeau d’une canne.

BIBLIOGRAPHIE : 

Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 38 -- Jules Barbey d’Aurevilly, Memoranda, édition établie par Philippe Berthier, Paris, 2015 -- Barbey d’Aurevilly, Œuvres romanesques complètes, II, pp. 1027, 1544 et suiv. -- Jules Barbey d’Aurevilly, Correspondance générale, Paris, 1980-1989 -- Charles Baudelaire, Correspondance, Paris, 1973 -- Charles Baudelaire, Œuvres complètes, Paris, 1976, II, “Le Peintre de la vie moderne”, p. 710 et “Salon de 1846”, pp.494 et 1324 – Charles Asselineau, Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre, Paris, 1869, pp. 24-26 -- H. Blaze de Bury, “Mes souvenirs de la Revue des Deux Mondes” in la Revue internationale, février 1888, p. 496 -- Remy de Gourmont, “Stéphane Mallarmé” in Le Livre des masques, Paris, 1896 – Charles Morice, “L’Opinion de M. Brunetière”, in Le Parti national, 13 septembre 1892 -- Paul Valéry, “Situation de Baudelaire” in Variété II, Paris, 1930 -- André Guyaux, Un demi-siècle de lectures des Fleurs du Mal (1855-1905), Paris, 2007 -- Marie-Christine Natta, Baudelaire, Paris, 2017 -- Marie Christine Natta, “Le Vieil Or et l’habit noir. Barbey d’Aurevilly et Baudelaire” in Philippe Berthier, Barbey d’Aurevilly et la modernité, Paris, 2010, pp. 243 et suiv. -- Marie-Christine Natta, La Grandeur sans convictions. Essai sur le dandysme, Paris, 2011 – -- Philippe Berthier, Barbey d’Aurevilly et les humeurs de la bibliothèque, Paris, 2014 -- Michel Lécureur, Jules Barbey d’Aurevilly, Paris, 2008 -- Jacques Petit, “Baudelaire et Barbey d’Aurevilly” in Revue d’histoire littéraire de la France, avril-juin 1967, pp. 286-295 -- Jean Paul Avice, “Barbey d’Aurevilly devant Baudelaire”, in catalogue de l’exposition Barbey d’Aurevilly à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, Paris, 1989, pp. 151 et suiv. -- Catalogue de l’exposition Baudelaire au Petit Palais, 1968-1969, n° 294 -- Julien Bogousslavsky et Jean-Paul Goujon, “Dédicaces sur les éditions originales des Fleurs du Mal” in revue Histoires littéraires, n° 64, 2015