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HUGO, Victor

Odes... Seconde édition augmentées de deux odes nouvelles

Paris, Persan et Pélicier, 1823

RARE ET REMARQUABLE RÉUNION DES TROIS PREMIERS RECUEILS DES POÉSIES ÉCRITES PAR VICTOR HUGO ENTRE 1818 ET 1828 : LES ODES, LES ODES NOUVELLES ET LES ODES ET BALLADES.

AVEC UN ENVOI À ÉMILE DESCHAMPS, INTIME AMI DE VICTOR HUGO, ET MEMBRE DU FAMEUX CÉNACLE.

LES TROIS VOLUMES SONT RELIÉS DANS CES CARTONNAGES BRADEL CARACTÉRISTIQUES DES RELIURES FAITES POUR LA FAMILLE DESCHAMPS, AVEC LA MENTION DESCHAMPS EN QUEUE DES DOS

(1) : Seconde édition EN PARTIE ORIGINALE
(2) : Nouvelles Odes par Victor-M. Hugo, Paris, Ladvocat, 1824. ÉDITION ORIGINALE du troisième volume des Odes
(3) : Odes et Ballades par Victor Hugo. Tome troisième [mais en réalité le seul paru]. Paris, Ladvocat, 1827. ÉDITION ORIGINALE, à la date de 1827
Soit 3 volumes in-12 (148 x 94mm). (1) : petit fleuron sur la page de titre et un cul-de-lampe après chaque ode ; (2) : fleuron à la lyre sur la page de titre ; (3) : autre fleuron à la lyre et un cul-de-lampe
COLLATION : (1) : vi-14-22 pp., 1 f. n. ch. pour le catalogue du libraire Persan ; la pagination en chiffres arabes des Odes succède à celle en chiffres romains de la Préface ; avec les erreurs de pagination relevées par Bertin 14 ; (2) : xxviii de Préface, 4-232 pp., avec la pagination en 2e état selon les critères de Bertin ; (3) : 1. f. blanc sur lequel figure l’envoi, vi-xx pour la Préface datée Octobre 1826, 1 f. de faux-titre des Odes, 4-238 pp., 1 f. n. ch. de catalogue du libraire
CONTENU : (1) : par rapport à l’édition originale de 1822, cette seconde édition en partie originale présente une préface différente et plus longue, deux nouvelles odes ont été ajoutées (Louis XVII et Jéhovah), trois poèmes de l’édition de 1822 ont été supprimés : Raymond d’Ascoli, Idylle et Les Derniers bardes. Les dédicataires des odes sont Chateaubriand (2) et G. de Pons ; (2) : édition originale des vingt-huit Nouvelles odes sans aucun dédicataire ; (3) : Édition originale, à la date de 1827, en tout point semblable à celle de 1826, avec une mention de Tome troisième sur la page de titre alors qu’elle a paru isolément, cf. Carteret, I, p. 394 pour cette mention. Treize Odes et dix Ballades. Les dédicataires de ces Odes et Ballades sont Lamartine, Chateaubriand, Gustaffson, Vigny, Nodier. Émile Deschamps est cité en épigraphe aux Deux Archers
ILLUSTRATION : (2) : gravure sur acier en frontispice par Achille Devéria, titrée Le Sylphe et gravée par Adrien Godefroid ; (3) : gravure sur acier en frontispice par Achille Devéria, titrée Les Deux îles et gravée par Charles Mauduit, avec quatre vers sur Napoléon, au crayon, au pied de la gravure
DEUX ENVOIS autographes signés de Victor Hugo :
Sur Nouvelles Odes, 1824 :
Hommage au père de notre
Émile
Victor

Sur Odes et Ballades, 1827 :
À mon excellent Émile
son vieil ami
V.

RELIURES STRICTEMENT UNIFORMES DE L’ÉPOQUE. Cartonnage à la Bradel rose, dos lisses avec pièces de titre et de tomaison, avec en queue du dos une autre pièce titrée “DESCHAMPS”, gardes et contre-gardes de papier rose
PROVENANCE : Jacques Deschamps de Saint-Amand (1741-1826), fermier général et bibliophile, et son fils Émile Deschamps (1791-1871), poète

Quelques modestes piqûres d’usage, le volume des Odes et Ballades est mal tomé “2” au dos de la reliure, cartonnages un peu passés

Durant les dix premières années de son écriture poétique, Victor Hugo passe d’une poésie de circonstance, teintée de monarchisme, à la découverte intime du romantisme qui conduira aux Orientales. Grâce à ses trois recueils différents - les Odes, les Nouvelles Odes et les Odes et Ballades, dont la publication s’échelonnent sur près de dix ans -, Hugo s’affirme à la fin des années 1820 comme le meneur du premier romantisme, avant même de basculer dans le théâtre avec Cromwell et Hernani.

Reste que du point de vue bibliographique et bibliophilique, trouver un exemplaire représentatif de ce moment de la littérature française s’avère difficile. En effet, ces trois publications différentes n’en font qu’une. Carteret avait mesuré la difficulté et donné sa solution :

“Nous avons donné la description des meilleures éditions des diverses Odes de Victor Hugo. Elles sont rares et nous conseillons surtout de réunir des éditions, soit à l’état de broché, soit en bonne reliure (…) ou ce qui est encore mieux en belle reliure pleine du temps, signée ou non ; la réunion dans ce format agréable constitue un ensemble rare en bibliothèque.” (I, p. 395).

Cet exemplaire d’Émile Deschamps, intime ami du poète, poète lui-même et traducteur de Shakespeare, membre du célèbre Cénacle réuni autour de Hugo dans son appartement de la rue Notre-Dame-des-Champs, évoque la ferveur des premières heures du romantisme français. Deschamps avait fondé avec Hugo la Muse française en 1824. Dès 1820, il avait participé à l’aventure du Conservateur littéraire, périodique créé par Hugo dans le sillage du Conservateur de Chateaubriand. Témoignage d’une intimité réelle, Émile Deschamps et Alexandre Dumas signent l’acte de mariage de Victor Hugo en 1822. Victor Hugo fréquente le salon des deux frères Deschamps rue Saint-Florentin - Antoni et Émile. Il est aussi l’ami de leur père Jacques Deschamps de Saint-Amand, dédicataire du premier envoi. Cet ancien fermier général et bibliophile est très certainement à l’origine des reliures Deschamps, célèbres pour leurs cartonnages multicolores et dont le “code” fut prolongé par les deux fils. Avec Alexandre Soumet, Alfred de Vigny et Gaspard de Pons, Hugo et Deschamps forment cette avant-garde romantique qui lentement se sépare de Chateaubriand. Ils représentent avec Vigny “les espoirs de la jeune poésie” (Jean-Marc Hovasse, op. cit., p. 256). En mars 1827, Deschamps assistera à la première lecture de Cromwell chez Hugo. En 1828, lorsque Deschamps voudra relancer la Muse française, il écrira au poète lui réclamant son soutien : “Vous, notre Dieu, venez-y et tout sera parfait”. Cet exemplaire constitue ainsi l’attestation bibliophilique que les Odes donnent à Victor Hugo “la première place du mouvement romantique” (Hovasse, op. cit., p. 368).

BIBLIOGRAPHIE : 

Jean-Marc Hovasse, Victor Hugo, I. Avant l’exil. 1802-1851. Paris, 2001

(1) : É. Bertin, Chronologie des livres de Victor Hugo imprimés en France entre 1819 et 1851, n° 14 -- L. Carteret, Le Trésor du bibliophile, I, p. 390 -- G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, IV, col. 230-231 ;

(2) : É. Bertin, Chronologie des livres de Victor Hugo imprimés en France entre 1819 et 1851, n° 17 -- L. Carteret, Le Trésor du bibliophile, I, pp. 390-392 -- G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, IV, col. 231 ;

(3) : É. Bertin, Chronologie des livres de Victor Hugo imprimés en France entre 1819 et 1851, n° 27 -- L. Carteret, Le Trésor du bibliophile, I, p. 392, illustré p. 394 -- pas dans Vicaire -- manque à la Bnf selon Bertin