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Poésies complètes
ENVOI DE LÉON VANIER À OCTAVE MIRBEAU QUI FUT LE PREMIER, AVANT VERLAINE, À RÉVÉLER, DANS UNE REVUE, L’EXISTENCE DE RIMBAUD.
EXEMPLAIRE RELIÉ À L’ÉPOQUE POUR MIRBEAU
Édition en partie originale. Préface de Paul Verlaine en édition originale. Dix poèmes paraissent pour la première fois : Les Étrennes des orphelins, Patience, Jeune ménage, Mémoire, Est-elle almée ?, Fairy, Guerre, Génie, Jeunesse, Solde. Les cinq derniers complètent les Illuminations.
In-12 (184 x 115mm)
COLLATION : [a]-b6 1-106 118 : 80 feuillets
ILLUSTRATION : reproduction de deux portraits de Rimbaud par Verlaine
ENVOI autographe signé de l’éditeur :
À Octave Mirbeau. L’éditeur Vanier
RELIURE DE L’ÉPOQUE SIGNÉE DE PAUL VIÉ. Papier peigne, dos à la bradel, pièce de veau pour la titraison au dos, couverture conservée
PROVENANCE : Octave Mirbeau (envoi ; Paris, 1919, n° 615 : “in-12, 2 portraits, cartonn. papier marbré, non rogné, couverture (P. Vié)”) -- Bernard Malle (cachet)
En 1883, Rimbaud est totalement inconnu. Verlaine publie Les Poètes maudits, dans la revue Lutèce à l’automne 1883, puis en volume l’année suivante. Deux ans plus tard commence l’aventure de La Vogue et les premières grandes publications d’œuvres de Rimbaud. Quelques mois avant Verlaine, pourtant, le nom de Rimbaud avait été mentionné par un autre écrivain, Octave Mirbeau, dans Le Gaulois du 9 mars 1883 :
“Un poète inconnu, et qui avait du génie pourtant, le pauvre Rimbaud, a poussé un jour ce grand cri de souffrance chrétienne : “O femme, monceau d’entrailles, pitié douce, tu n’es jamais la Sœur de charité !””
Cette citation provient du poème de Rimbaud Les Sœurs de charité connu par un seul manuscrit de la main de Verlaine à priori perdu à cette époque. Il faudra attendre 1906 pour que le manuscrit redécouvert soit publié. Comment Mirbeau eut-il connaissance de ce poème dont Verlaine lui-même déplorait la perte ? Jacques Bienvenu, auteur d’un exhaustif article sur les relations Rimbaud-Mirbeau, suppose que Mirbeau avait peut-être eu accès aux manuscrits de Verlaine que conservait Forain avant de les confier à Bertrand Millanvoye. En 1885, Mirbeau publiait un nouvel article sur Rimbaud à propos d’un vers inédit dont lui seul avait connaissance, sans que l’on ait jamais su non plus de quelle manière.
Vanier publie pour la première fois dans cette édition dix poèmes de Rimbaud, dont Génie que certains considèrent, à l’instar d’Yves Bonnefoy, comme étant le chef d’œuvre couronnant la poésie de Rimbaud. La préface du livre constitue le dernier témoignage de Verlaine sur Rimbaud puisqu’il mourut l’année suivant sa parution. Verlaine revient notamment sur l’épisode du coup de canne-épée que Rimbaud donna à Étienne Carjat, photographe devenu paradoxalement mondialement célèbre par les portraits qu’il réalisa de son agresseur.
Les plus beaux exemplaires des œuvres de Rimbaud sont, par essence, ceux ayant appartenu aux premiers passeurs de son œuvre. La réunion de Verlaine, Vanier et Mirbeau sur celui-ci le place au sommet d’une bibliothèque de poésie. La vente des livres d’Octave Mirbeau mentionne deux autres ouvrages de Rimbaud, Reliquaire (1891) et les Lettres (1899) mais sans envoi. Tous deux sont brochés, contrairement aux livres les plus précieux qu’Octave Mirbeau faisait relier comme celui-ci, par son relieur attitré, Paul Vié.
Pierre Michel, “Mirbeau, Rimbaud, Nouveau et Forain”, in Cahiers Octave Mirbeau, n° 5, 1998 -- Steve Murphy, “Mirbeau et un vers inédit de Rimbaud”, in Cahiers Octave Mirbeau, n° 16, 2009
WEBOGRAPHIE : “Rimbaud, Arthur”, article de Jacques Bienvenu dans le Dictionnaire Octave Mirbeau : http://mirbeau.asso.fr/dicomirbeau/index.php ?option=com_glossary&id=665