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[BAUDELAIRE, Charles]. LA MADELÈNE, Henry de

Trois lettres autographes signées à Charles Baudelaire

[Paris], 1864

PUBLICATION EN REVUE DU SPLEEN DE PARIS

1.3 pp. in-8 (213 x 134mm), à l’encre noire. En-tête imprimé de la “Nouvelle Revue de Paris”, [9 ou 10 novembre 1864]

“Mon cher Baudelaire,
C’est vraiment de la Revue de Paris que je prends le commandement en chef et c’est elle que j’essaye de conserver à la littérature, malgré vents et marées.
Il me faudrait vingt pages pour vous raconter l’histoire de cette aventure et je vous prie de m’excuser si je passe outre, ayant à faire face au passé, au présent et à l’avenir de ce recueil à la fois malade et vivace, qui me prend tout mon temps et me donne mille soucis. Vous recevrez dimanche votre n° et vous verrez combien il est urgent que vous vous remettiez aux petits poèmes. Je ne vous fixe, ni jour ni place : envoyez moi le plus que vous pourrez et le plus tôt possible.
Quant à Lemer, je l’ai vu et voici ce qu’il m’a dit : il est tout à votre disposition mais il attend de vous une lettre très explicative sur ce que vous pouvez avoir à lui demander. Il n’a pas été question de lui, et il ne m’a paru élever aucune prétention personnelle.
À vous de cœur,
Henry de La Madelène”

2.2 pp. in-8 (213 x 134mm), à l’encre noire. En-tête imprimé de la “Nouvelle Revue de Paris”, [fin novembre 1864]

“Mon cher ami,
Je vous remercie de tout cœur ; vous me rendez un véritable service par ce bel envoi.
Quant à vous envoyer des épreuves, c’est chose fort difficile pour nous qui paraissons tous les dimanches et dont le tirage se fait le vendredi. Voulez-vous vous en reporter à nous pour le soin rigoureux et le respect absolu ? J’ai mes timidités, comme vous le devinez si bien, mais vous savez pourtant que je mets avant tout le respect de la personnalité artistique. J’ose croire que vous serez content de nous.
J’attends avec impatience les envois nouveaux que vous m’annoncez : vous m’avez mis l’eau à la bouche. J’imagine que ce n’est pas pour me laisser le bec dans l’eau.
À vous de cœur
Henry de La Madelène
À quand votre retour ?”

3.2 pp. in-8 (213 x 134mm), à l’encre noire. En-tête imprimé de la “Nouvelle Revue de Paris”, [vers le 25 janvier 1865]

“Mon cher poète,
C’est avec le plus grand chagrin que je vous réponds quelques lignes. J’aurais voulu vous envoyer de l’argent et le plus possible, mais je suis en face d’une caisse horriblement vide. La Revue touche à son moment critique : du renouvellement de février dépend sa vie ou sa mort, quelque soit mon désir de vous être agréable, quelque vive envie que je puisse avoir de publier quelque chose de vous, je dois loyalement vous déclarer que je ne peux disposer d’un sol avant le 20 février. Si vous voulez risquer le paquet et courir votre chance, je n’ai pas besoin de vous dire combien j’en serai ravi, mais je n’enverrai rien à la composition sans un mot de vous.
À vous de cœur
Henry de La Madelène”

Cette lettre de Henry de La Madelène répond, point par point, à celle de Baudelaire, du 3 novembre 1864 :

“j’apprends par une réclame, dans un petit journal belge, que vous avez enfin résolu votre projet de faire un journal littéraire. Seulement comment se fait-il que ce soit la Nouvelle Revue de Paris  ? pouvez-vous trouver cinq minutes pour m’expliquer cela ? faut-il me remettre au Spleen de Paris (Poèmes en prose), et si ce genre d’élucubrations vous convient, combien vous faut-il de matière, et quel jour ? Rendez-moi un petit service ; - je ne suis plus au courant. - Julien Lemer est-il encore en vie ? Voyez-le et demandez-lui s’il voudrait bien se charger de mes affaires, c’est-à-dire vendre pour moi à des libraires quatre volumes, dont un (Pauvre Belgique !) me coûte des douleurs d’enfantement égales à celles que j’ai toujours subies [… ] Les ouvrages en question sont Les Paradis artificiels. - Réflexions sur mes contemporains, poètes et peintres, et enfin Pauvre Belgique [… ] Je cherche depuis longtemps un homme qui fasse pour moi ce que je fais si mal”

La Revue de Paris publiera six poèmes en prose dans sa livraison du 25 décembre 1864 dont deux inédits. Baudelaire courut sa “chance” le mois suivant, selon l’expression de la troisième lettre, pour publier (sans succès) d’autres poèmes dans la Revue de Paris. Il écrit à La Madelène le 27 janvier 1865 : “

“Quoi ! Déjà ! mon cher ami, il serait vraiment bien déplorable qu’une Revue que tout le monde désire voir vivre mourût si vite. - En tout cas, publiez, si vous le jugez bon, ce qui vous reste de Poèmes en prose”.

Henry de La Madelène (1825-1887) annonça prématurément la mort de Baudelaire dans Le Temps du 15 avril 1866 : “je l’ai beaucoup connu ; pendant près de vingt ans j’ai vécu dans son intimité”.

BIBLIOGRAPHIE : 

ces trois lettres ont été publiées dans la revue des Études Baudelairiennes, Vol. 4/5, Paris, 1973 -- Baudelaire, Correspondance, II, Paris, 1973, pp. 419-420 et 440
WEBOGRAPHIE : https://www.jstor.org/stable/45073993