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MALLARMÉ, Stéphane

Tu as bien raison de rester où il fait beau

Paris, [24 Janvier 1898]

CARTE AUTOGRAPHE SIGNÉE DE STÉPHANE MALLARMÉ ADRESSÉE À MÉRY LAURENT :

“RESPIRE, REGARDE ET REMPLIS-TOI D’HORIZON”

[2 pp. in-8, encre noire :]

“Tu as bien raison de rester où il fait beau ; surtout si tu renais, Paon. Il ne fait ici que triste, c’est déjà cela ; pas trop vilain, cependant ; mais c’est la saison qui est maussade, ou quant aux choses. J’affirme avoir mon saoul, déjà, de sorties le soir ou de tout ce qui n’est pas rester, tranquille, à travailler, sans un dérangement. Paris, dans ces conditions devient inutile. Vu Whistler, pourtant, la soirée d’hier, dîné dans une très jolie et vieillotte salle française du Café Cardinal.
À part cela, rien que l’éternelle affaire Dreyfus et les “Conspuez” dans la rue. Degas a paru si terrible sur ce sujet aux demoiselles Manet, qui l’allaient inviter pour le dernier Jeudi, qu’elles se sont retirées sans avoir énoncé l’objet de leur visite. J’ai écrit au “petit Monvel” pour la baignoire de ces Dames, qui n’ont pas encore vu Paris qui marche finissant.
Respire, regarde et remplis-toi d’horizon, ce qui est un spectacle préférable, où l’on vit. Je t’embrasse fort.
Ton SM
Si Madame Noèle est encore là, que Princess lui sourie et, pour moi, offre la patte.”

BIBLIOGRAPHIE : 

Correspondance Stéphane Mallarmé, éd. B. Marchal, 2019, 3187 p. 1712)