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Le Mariage forcé. Comédie
A FINE AND RARE COPY BOUND IN CONTEMPORARY IVORY VELLUM.
A PLAY WHOSE STORY MARKS THE TRANSITION FROM COMEDY TO OPERA
ÉDITION ORIGINALE
In-12 (138 x 80mm). Vignette gravée sur bois sur la page de titre, initiale et bandeaux gravés
COLLATION : π2 A-G6 H4, A1r-H4r paginés 1-91
CONTENU : π1r : titre, π2r : privilège du 20 février 1668, enregistré le 6 mars 1668 et achevé d’imprimer du 9 mars 1668, π2v : dramatis personnae, A1r : texte
RELIURE STRICTEMENT DE L’ÉPOQUE. Vélin ivoire souple. Chemise et étui
Le 19 janvier 1664 naît le premier enfant d’Armande Béjart et de Molière. Le 28 février 1664, Louis XIV sera le parrain par procuration de ce fils dont la vie sera brève.
Représentée pour la première fois le 29 janvier 1664, devant la Cour au Louvre “dans l’appartement bas de la reine [mère]” (Registre de La Grange), la comédie-ballet du Mariage forcé en trois actes fut un succès tant “la symbiose entre théâtre, musique et danse était remarquable et révélait l’entente qui s’était instaurée entre Molière, Lully et Beauchamp” (G. Forestier, op. cit., p. 248). Elle marque la première collaboration de Molière et de Lully que le jeune Roi avait imposé au comédien. Il s’agit de la deuxième commande du Roi à Molière après L’Impromptu de Versailles. Le sujet tourne autour des consultations sur le mariage et des rencontres inopinées qu’un vieux barbon fortuné doit souffrir avant de pouvoir éventuellement épouser une jeune et jolie demoiselle. Ce thème rappelle celui du Tiers Livre de Rabelais et l’enquête menée par Panurge pour savoir s’il doit ou non se marier. À la fin, le barbon Sganarelle épouse malgré lui une duègne et se voit, dans une grande mascarade, à la fois cocu et marié.
Louis XIV dansa lui-même dans le Ballet égyptien qui accompagnait la pièce. Ballet bohémien plutôt qu’égyptien : le Roi put y étrenner le superbe costume qu’il s’était fait faire quelques mois plutôt. Son proche ami, quoique plus âgé, François Honorat de Beauvilliers (1607-16878), duc de Saint-Aignan, dansait aussi dans ce même ballet. Premier gentilhomme de la Chambre, il était le véritable ordonnateur des fêtes, des plaisirs et des amours du jeune Roi. Outre les professionnels, quelques autres courtisans dansaient avec Louis XIV, Lully et Saint-Aignan, soit ; le duc d’Enghien, le comte d’Armagnac, les marquis de Villeroy et de Rassan. Aucune dame de la Cour ne pouvait monter sur scène. Le succès du Mariage forcé fut tel que Loret lui-même ne put entrer dans la salle “n’ayant pas été placé” (lettre du 2 février 1664). Les spectateurs disposaient d’un livret de douze pages intitulé : Le Mariage forcé Ballet du Roi. Dansé par sa Majesté, le 29e jour de janvier 1664 [Paris, Robert Ballard, 1664. ; cf. Arsenal, Ra3 120]. Le Mariage forcé fut donc à l’origine conçu puis écrit en fonction de la réalisation d’un ballet, certes modeste, mais déjà anticipateur de la nouvelle forme que sera l’opéra.
En 1668, année préparatoire au Tartuffe, Molière transforme son Mariage forcé et le dépouille de ses “ornements” (la musique et la danse). Il l’associe à Amphitryon et forme ainsi deux pièces sur le même thème du cocuage et des coups de bâton. Molière accentue le burlesque des personnages et raille “la vanité des savoirs dogmatiques, l’inanité de certaines postures philosophiques et l’opiniâtreté (…) faisant ainsi ressortir une dimension philosophique qui était presque étouffée en 1664 par l’ampleur et la variété du spectacle” (G. Forestier, op. cit., p. 374). La pièce, par sa dramaturgie, se suffit à elle-même. Elle fut jouée par Molière à Versailles devant le Roi du 25 au 29 avril 1668. La pièce suivante sera L’ =Avare, jouée au Palais-Royal le 9 septembre 1668, en attendant Tartuffe.
Comme toutes les pièces de Molière, Le Mariage forcé est rare en vélin de l’époque. On ne rencontre aucun exemplaire en condition d’origine ni sur RBH ni sur Gazette de Drouot.
V. de Diesbach, Bibliothèque Jean Bonna. Six siècles de littérature française. XVIIe siècle. Deuxième partie. p. 31, n° 182, relié par Maylander -- A. Tchemerzine, Bibliographie d’éditions originales et rares d'auteurs français, IV, p. 784 qui ne cite aucun exemplaire en reliure de l’époque -- Guibert, I, p. 231
WEBOGRAPHIE : Riffaud 6823 : https://repertoiretheatreimprime.othone.com/ -- https://moliere21.cnrs.fr/recherche/ : on doit consulter, sur ce remarquable site abrité par le CNRS, les Éphémérides de Molière par François Rey