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DU FOUILLOUX, Jacques

La Vénerie de Iacques du Fouilloux Escuyer, Seigneur dudit lieu, pays de Gastine en Poitou. Dédiée au Roy Treschrestien Charles, neufiesme de ce nom. Plusieurs receptes et remedes pour guérir les Chiens de diverses maladies. Plus l’Adolescence de l’Autheur

Poitiers, Par les de Marnefz, & Bouchetz frères, 1561

ÉDITION ORIGINALE DE L’UN DES PLUS BEAUX LIVRES ILLUSTRÉS FRANÇAIS.

SUPERBE EXEMPLAIRE, L’UN DES TRÈS RARE RELIÉS À L’ÉPOQUE : ICI EN VÉLIN SOUPLE.

LE SEUL AUJOURD’HUI CONNU AVEC UNE PROVENANCE DE L’ÉPOQUE, CELLE DU CARDINAL LORENZO STROZZI (1513-1571), NEVEU DE LA REINE CATHERINE DE MÉDICIS.

PAR LA SUITE, CET EXEMPLAIRE ENTRA DANS LES COLLECTIONS DES PRINCES BORGHÈSE QUI LE VENDIRENT EN 1892. IL FIGURA AU BULLETIN MORGAND PUIS DANS LES COLLECTIONS DE PAUL MURET ET DE HENRI BURTON

ÉDITION ORIGINALE avec la date de 1561, “d’une extrême rareté” (J. Thiébaud)
Petit in-folio (276 x 192mm). Motif de petits fers gravés sur bois imprimés sur la page de titre. Entièrement imprimé en caractères italiques. Au dernier, feuillet la Complainte du Cerf… par Guillaume Bouchet est imprimée recto-verso comme il se doit, sur deux colonnes. Les tons des fanfares de chasse ont été, comme il se doit, imprimés sur des bandes de papier différent et contrecollés sur les portées primitives que l’on voit, par transparence, dépourvu de notes
COLLATION : *4 A-S6 : 82 feuillets, avec A1r-S5v paginés 1-214, soit 4 ff. n. ch., 214 pp et 1 f. n. ch.
CONTENU : *1r : titre, *1v : privilège du 23 décembre 1560, *2r : dédicace à Charles IX, *3r : table, A1r : texte, Q1r : Receptes pour guarir les chiens…, R5r : L’Adolescence de Iacques du Fouilloux, S6r : Complainte du Cerf
ILLUSTRATION : un frontispice et 56 gravures sur bois imprimées dans le texte. Elles représentent de nombreuses scènes de chasse au cerf, au sanglier, au lièvre, au blaireau ou au renard. Elles illustrent les indications données sur le choix, le dressage et le soin donné aux chiens. L’une des gravures les plus célèbres est celle du déjeuner des chasseurs assis dans l’herbe (p. 81)
RELIURE STRICTEMENT DE L’ÉPOQUE. Vélin ivoire, à plats souples, inscriptions du titre à l’encre brune et noire, sur le plat supérieur et au dos, celle du plat supérieur contemporaine de la publication, même filigrane aux deux gardes : main gantée surmontée d’une couronne [cf. Briquet 10.935 et autour, entre 1559 et 1575]. Chemise étui
PROVENANCE : cardinal Lorenzo Strozzi (1513-1571) : “A Monseigneur le Révérendissime Cardinal Strozzi”, inscription portée à l’encre au verso de la garde située à la fin de l’ouvrage -- Prince Paolo Borghèse (1845-1920), 9e Prince de Sulmona, Catalogue de la bibliothèque de S. E. D. Paolo Borghèse, Prince de Sulmona, Rome, Vincezo Menozzi, du 16 mai au 7 juin 1892, p. 135, lot 844, qui précise : “rel. molle vélin (rel. anc.) [… ] 3 figures repassées à l’encre”, cf. : https://babel.hathitrust.org/cgi/pt ?id=mdp.39015033646277&seq=156&q1=fouilloux). L’exemplaire est également cité dans la préface parmi les highlights de la vente, p. XI : “exemplaire très propre et très frais”. Paolo Borghese, célèbre gastronome italien dilapida sa fortune : il vendit la villa Borghèse à l’État italien en 1901, auquel les collections d’art furent transférées en 1903. Les archives Borghèse furent quant à elles acquises par la Bibliothèque Vaticane à l’époque de Léon XIII -- exemplaire cité par J. Thiébaud, car sans doute acquis par Damascène Morgand dans cette vente ; il figure au Bulletin Morgand de 1900, p. 113, n° 38064 : “exemplaire du cardinal Strozzi, grand de marges, dans son ancienne reliure. Quelques figures ont été repassées à l’encre”) -- Paul Muret (ex-libris ; ne figure ni dans la vente du 30 octobre 1936, ni dans celle du 25 janvier 1937 dont nous avons pu consulter les catalogues à la librairie Giraud-Badin que nous remercions) -- Henri Burton, amateur genevois (ex-libris) -- vente, Paris, Drouot, Arcole, 11 mars 1991

Petite restauration dans la marge extérieure du premier plat de la reliure, de la première garde et de l’extrémité gauche de la page de titre, attaches manquantes. Petites taches brunes dans les marges intérieures du cahier Q sans atteinte au texte, petits manques naturels de papier dans l’angle supérieur de R5 sans aucune atteinte au texte, R1.2 légèrement brunis. Une petite dizaine de gravures ont vu leurs traits soulignés à l’encre noire par une main probablement infantile et certainement antérieure au XVIIIe siècle : certaines très faiblement (2), d’autres modestement (3) et 4 plus fortement. Parmi ces dernières, l’encre a créé des petits manques dans deux gravures (p. 5 et p. 98)

La famille Strozzi fut, pendant près d’un siècle, attachée à la cour de France et aux Médicis à laquelle l’unissait de profonds liens familiaux. La mère du cardinal Lorenzo Strozzi, Clarice de Médicis, le rendait cousin de la Reine. Elle le nomma à la tête de plusieurs abbayes. Henri II lui confia l’évêché de Béziers en 1547. Il est élevé à la pourpre cardinalice par Paul IV en 1557. Après être entré triomphalement à Béziers en 1557, Strozzi séjourne deux ans à Rome, puis retourne à Béziers à la fin de 1559. En 1561, Laurent Strozzi accède à l’évêché d’Albi et enracine bientôt son action dans une lutte violente contre les protestants, au moment où débute, en 1562, la Première guerre de religion. Strozzi deviendra archevêque d’Aix en 1567 et meurt en Avignon en janvier 1571. On notera les intérêts des Strozzi avec le Poitou, région d’origine de Jacques Du Fouilloux, puisque l’amiral Philippe Strozzi, neveu du cardinal, devint par acquisition seigneur de Bressuire (Poitou) en 1581.

La signature placée sur la dernière garde de l’exemplaire est certainement un ex-libris, bien plus qu’un improbable envoi ou qu’un éventuel ex-dono. L’écriture semble italianisante. Cet ex-libris, par son emplacement, laisse supposer l’existence d’une bibliothèque personnelle du cardinal Strozzi. De multiples recherches de provenance ne nous ont pas permis d’en trouver trace. De même, nous n’avons pas pu trouver de documents manuscrits comparatifs pour établir ou non l’autographie de l’ex-libris Strozzi (sur la rareté des manuscrits Strozzi : “il existe en France un très petit nombre de lettres de Laurent Strozzi. Sa correspondance faisait partie des manuscrits Coislin volés en 1791 et transportés en Russie. De plus, la majeure partie des papiers des Strozzi passa dans les archives de la famille de Fiesque dans laquelle celle des Strozzi s’était fondue”, M. Bellaud Dessalles, Les Évêques italiens de Béziers, Paris, 1901, p. 33).

L’exemplaire Strozzi se retrouve trois siècles plus tard dans l’immense vente des livres Borghèse faite à Rome en 1892, à la suite de l’appauvrissement de la famille et des mauvaises affaires du Prince Paolo Borghèse. Son cheminement italien reste à découvrir. On appréciera la photographie d’ouverture du catalogue montrant l’une des plus belles bibliothèques d’Europe. Paradoxalement, c’est le léger défaut du livre - ces quelques gravures soulignées à l’encre par une main sans doute infantile - qui permet d’en suivre la trace. La mention très précise du catalogue, “rel. molle vélin (rel. anc.) [… ] 3 figures repassées à l’encre”, ne laisse guère de doute quant à l’identification de l’exemplaire dans ce catalogue comme dans le Bulletin Morgand de 1900 qui précise la provenance Strozzi. Le Prince Borghèse possédait quelques livres de chasse comme le Du Fouilloux de 1573 repassé récemment en vente et un superbe exemplaire du Mitelli conservé dans une collection privée (n° 1219 du catalogue).

J. Thiébaud recensait en 1934 une “douzaine d’exemplaires différents connus”, dont, par exemple aujourd’hui, dans une collection privée, un exemplaire relié en veau au XVIIe siècle. Parmi ceux-ci, fait notable, seul l’exemplaire Strozzi-Borghèse est en reliure strictement de l’époque. Parmi les exemplaires aujourd'hui connus, on peut ajouter à ce décompte l’exemplaire relié en basane blonde en Italie vers la fin du XVIIIe siècle pour Ferdinand Ier (1751-1825), roi des Deux-Siciles, maintenant conservé dans les collections du Qatar (Cat. Clavreuil, janvier 2002, n° 45, €200.000, auparavant passé en vente aux enchères en 1985 à Paris). Enfin, l’exemplaire de la collection Du Verne-Bernis en reliure non signée du XIXe siècle, lavé, qui pourrait être l’un des exemplaires du recensement de Thiébaud, est passé récemment en vente (Paris, 5 octobre 2016, lot 71, € 267.000). Parmi tous ces exemplaires, le seul à posséder une provenance d’époque est celui du cardinal Lorenzo Strozzi, l’un des grands princes de l’Église du XVIe siècle. Autre prince, Marcel Jeanson, s’il avait bien deux exemplaires avec date et sans date de l’édition originale, les possédait en reliure du XIXe siècle.

BIBLIOGRAPHIE : 

Thiébaud, 294-295 -- Schwerdt, I, p. 152 -- Souhart, 148 -- François Remigereau, Jacques Du Fouilloux et son traité de la vénerie. Étude biographique et bibliographique, Paris, 1952
WEBOGRAPHIE : Delphine Montariol, “La Mitre, l’épée, le cardinal Laurent Strozzi, évêque d’Albi, lieutenant général du Roi en Albigeois”, https://publications.ut-capitole.fr/id/eprint/24592/1/Cit%C3%A9es%20%C3%A9piscopales.Montariol.pdf

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