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Les Images ou Tableaux de platte peinture
LE PLUS BEAU LIVRE ILLUSTRÉ FRANÇAIS DE STYLE BAROQUE. OUVRAGE CAPITAL DANS L'HISTOIRE DE LA PEINTURE EN FRANCE.
REMARQUABLE EXEMPLAIRE AUX ARMES DE LOUIS LEFÈVRE DE CAUMARTIN, MARQUIS DE SAINT-ANGE.
PREMIÈRE ÉDITION des illustrations. Deux vignettes d'instruments de musique, nombreuses initiales ornées, culs-de-lampe signés HT et PC, trois bandeaux gravés sur bois répétés avec quelques alternances
In-folio (415 x 275mm)
COLLATION : a2 e6 A-Z62-3A-Z64A-G64H44I-M6 (dernier feuillet blanc). 922 pages mal chiffrées 921, comme toujours : les pp. 601-602, 757-758 sont en double et la pagination passe de 832 à 835 sans manque
ILLUSTRATION : un titre-frontispice gravé par Jaspar (ou Gaspar) Isaac, et 68 planches gravées en partie d'après Antoine Caron (10 signées ; cinq dessins préparatoires ont été publiés en 1962 dans la Gazette des Beaux-Arts) ou d'après deux artiste anonymes flamands, par ses gendres Léonard Gaultier, Thomas de Leu, et Jaspar ou Gaspar Isaac pour 20 planches, toutes imprimées à pleine page
RELIURE DE L'ÉPOQUE. Maroquin rouge, décor doré, armes au centre des plats, encadrement à la Du Seuil, dos à nerfs très orné, tranches dorées
PROVENANCE : Louis-Urbain Le Fèvre de Caumartin, marquis de Saint-Ange (1652-1720 ; armes) -- ex-libris armorié avec la mention liber libro -- Henri Monod (1753-1833 ; chiffre doré dans l'angle du décor)
Ce livre est le monument le plus considérable de la littérature d'art du XVIe siècle en France, "le plus intéressant document sur les origines des doctrines d'art… avant Poussin, il garde la saveur de la Renaissance" (D. Métral).
Les œuvres de Philostrate l'Athénien, néo-sophiste grec du IIIe siècle de notre ère, furent mises au jour par Filippo Giunta et publiées par Alde dès le début du XVIe siècle, avant d’être traduites et publiées en français dès 1578, sans illustrations, par l'archéologue et amateur d'art bourbonnais Blaise de Vigenère. Il voulait enseigner aux artistes l'histoire de l'art et les règles de la composition et, attiré par la symbolique et l'hermétisme, de présenter l'art comme régi par une sorte de panthéisme mythologique. Les gravures de ce livre sont présentées comme les Images des tableaux d'une antique galerie de Naples (dont quelques-uns pourraient avoir réellement existé) et d'autres œuvres d'art antique. Elles sont précédées d'une introduction générale sur l'art de peindre.
L'éditeur parisien de Montaigne, Abel L'Angelier, s'associant avec Matthieu Guillemot, prit un privilège en 1609 pour imprimer Philostrate mais sa mort et celle de son associé retardèrent la publication. Cette entreprise d'édition monumentale fut donc partagée entre plusieurs libraires et ne vit le jour que cinq ans plus tard, en 1614, date restituée sur la plupart des exemplaires par l’effacement du 5 du chiffre 1615 initialement mis (c’est probablement que l’on prévoyait la publication en 1615 mais la parution eut lieu plus tôt). Les exemplaires portent indifféremment la date de 1614 ou de 1615, et ne se différencient que par la modification au titre de celle-ci. Celui-ci présente la rare particularité d'être au nom de Sébastien Cramoisy et de présenter une correction de la date en "1613" au lieu de "1614". C'est Françoise de Louvain, veuve d'Abel L'Angelier, qui a signé l'épître dédicatoire au prince de Condé et sans doute rédigé L'Advertissement où elle rappelle que son mari n'avait "point espargné sa peine et sa vigilance pour rechercher les plus habiles tant à savoir bien dresser un dessein qu'à buriner en cuivre, envoyant jusques en Flandres pour avoir ses planches touchées de meilleure main".
Cet exemplaire porte sur les plats les armoiries du magistrat Louis-Urbain Le Fèvre de Caumartin (1653-1720), marquis de Saint-Ange et comte de Moret : grand commis de l'État et collectionneur raffiné. Dans sa jeunesse, il avait eu pour précepteur l'orateur chrétien et bibliophile Esprit Fléchier. Il fut conseiller au Parlement de Paris en 1674, maître des requêtes en 1682, commissaire pour les Grands Jours du Poitou en 1688, Intendant des finances et Conseiller d'Etat en 1697. Caumartin fut l'un des bibliophiles les plus exigeants du XVIIe siècle, dont la bibliothèque du château de Saint-Ange, près de Fontainebleau, faisait l'admiration de ses contemporains. Il disposait, rapporte Guigard, ses armoiries sur les livres qu'il acquérait ou qui lui étaient offerts. Tel est le cas de cet exemplaire puisque l'on devine sous ses armes celle d'une autre famille portant deux pattes de lion pour emblème héraldique. Un autre exemplaire de haute provenance bibliophilique est passé sur le marché des ventes aux enchères depuis trente ans : celui relié en maroquin vert pour Jacques-Auguste de Thou (Fonds de la librairie Pierre Berès, Paris, 28 octobre 2005, n° 78).
O.H.R., 651, fer 2 -- Duportal, Catalogue, 282 -- BN, Inventaire du fonds français, XVIIe siècle, IV, pp. 502-503, n° 435-439, (Gaultier) ; V, pp. 413-414, n° 79-96 (Isaac) -- Hofer, Baroque Book Illustration, 23 -- Landwehr, Romanic Emblem Books, 586 -- Praz p. 453-454 -- Denyse Métral, Blaise de Vigenère, archéologue et critique d'art, 1939, p. 212