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MAISTRE, comte Joseph de

Considérations sur la France

Londres [Neuchâtel], [Louis Fauche-Borel], 1797

RARE ÉDITION ORIGINALE DE L’UN DES TEXTES ESSENTIELS DE L’HISTOIRE POLITIQUE FRANÇAISE, ÉCRIT PAR UN ANTI-MODERNE “INCAPABLE DE FAIRE SON DEUIL DU PASSÉ” ET VÉRITABLE “MODERNE EN LIBERTÉ” (ANTOINE COMPAGNON)

ÉDITION ORIGINALE

In-12 (193 x 113mm). Faux-titre. Bandeaux, culs-de-lampe gravés sur bois
PREMIER ÉTAT :
1. Bandeau, cul-de-lampe et vignette de la page de titre conformes au premier état tel que décrit par Monglond
2. Fautes citées par Monglond non corrigées ici alors qu’elles le sont dans les éditions ultérieures : p. 64, ligne 4 : lacune de texte après colégislative ; p. 84 : lacune après le mot Pline et “vient m’assaillir” au lieu de m’assaillent ; p. 87, ligne 12 : lacune de texte (manque “cru par des savants”) ; p. 147, ligne 20 : le mot tyrannie doit être remplacé par “dynastie”, cette faute étant la marque absolue de l’édition originale
3. La page 241 est paginée 236 faisant de cette édition en 242 pp. une édition en [246 pp.]
4. Monglond décrit la différence dans le matériel des ornements typographiques de fin de chapitre (pp. 38, 91, 103, 120, 148, 210) entre cette édition originale et les éditions ultérieures
COLLATION : π4 A-P8 Q4, sans le dernier feuillet blanc Q4. π3v-π4v paginés ii-iv, A1v-Q3V paginés 2-242 pour [246] car la pagination saute en [241] qui est paginé 236
ANNOTATIONS manuscrite d’époque, à l’encre brune, identifiant l’auteur : joseph de maistre sur la page de titre, puis comte joseph de maistre sur la première page du texte
RELIURE DE L’ÉPOQUE. Dos de basane brune, dos lisse orné de filets dorés, plats de papier marbré bleu, tranches jaunes

Quelques infimes piqûres, déchirure marginale sans manque à la p. 176. Reliure frottée, coiffe de tête restaurée

Joseph de Maistre a été le grand théoricien de la monarchie et du pouvoir pontifical. Fidèle ministre du royaume de Sardaigne, il fut l'un des esprits les plus pénétrants de son temps. Ses Considérations sur la France sont publiées pour la première fois en mai 1797. L’auteur consigne dans ses carnets à la date du 16 mai : “j’ai reçu les Considérations”. Elles révèlent le meilleur de ses réflexions. Maistre analyse les causes de la Révolution française, les sources du pouvoir royal et les conditions d'un rétablissement monarchique en France.

Ce livre, lucide et prophétique, produisit une profonde impression sur la haute société européenne. Il fut écrit en réponse au manifeste de Benjamin Constant intitulé De la force du gouvernement actuel qui plaidait en faveur du ralliement à la république. Maistre, dans une lettre du 30 août au comte d’Avaray, principal conseiller de Louis XVIII en exil, parle de “ce petit drôle de Constant” et de “son vilain pamphlet”.

Publiée sans nom d'auteur en avril 1797, cette première édition, annoncée par la presse parisienne comme un complot royaliste, fit valoir à Maistre de se voir exilé à Venise par le roi de Sardaigne, alors allié de Bonaparte. D’autant que l’administration française en Italie avait découvert les lettres échangées avec Avaray. Une deuxième édition de l'ouvrage resta dans une cave à Turin. C'est dans sa troisième édition qu'il ajouta pour la première fois son Essai sur le principe générateur des constitutions politiques. Pour Maistre, le mouvement de l’histoire est dirigé par la Providence. S’imposer à elle, entre le pouvoir et le peuple, est une erreur :

“Ce qu’il y a de plus frappant dans la Révolution française, c’est cette force entraînante qui courbe tous les obstacles. Son tourbillon emporte comme une paille légère tout ce que la force humaine a su lui opposer : personne n’a contrarié sa marche impunément. La pureté des motifs a pu illustrer l’obstacle, mais c’est tout ; et cette force jalouse, marchant invariablement à son but, rejette également Charette, Dumouriez et Drouet.” (P. 5)

L’intransigeance théocratique de Maistre le tint à l’écart des postes. Quand l’heure de la Restauration sonna, Maistre reprocha à Louis XVIII d’avoir octroyé, c’est-à-dire volontairement donné, une Charte aux Français, alors que les meilleures constitutions sont, selon, lui le fruit d’un passé cristallisé : “une constitution est une œuvre divine, et… ce qu'il y a précisément de plus fondamental et de plus essentiellement constitutionnel dans les lois d'une nation ne saurait être écrit” dira-t-il dans Essai sur le principe générateur des constitutions politiques (1814).

BIBLIOGRAPHIE : 

A. Monglond, La France révolutionnaire et impériale, IV, 6-11 -- A. Compagnon, Les Anti-modernes, de Joseph de Maistre à Roland Barthes, Paris, 2005