Discours sur la Polysynodie, où l’on démontre que la Polysynodie, ou pluralité des Conseils, est la forme de Ministère la plus avantageuse pour un Roi, & pour son Royaume

Le Discours sur la polysynodie de Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (1658-1743), dit abbé de Saint-Pierre, parut pour la première fois à Londres en 1718, au format in-4. Ce traité de philosophie politique, publié en pleine Régence, critique la politique qu’avait menée Louis XIV, jugée “despotique”, les guerres injustes et la Révocation de l’édit de Nantes. L’abbé de Saint-Pierre, partisan d’une monarchie parlementaire, se prononce en faveur de l’amélioration du gouvernement par conseils et propose un plan de constitution pour la France, ce qui provoqua un scandale à la cour.

Le livre causa l’exclusion de son auteur de l’Académie, où il était entré en 1695. Son exclusion fut votée par tous les membres, sauf par son ami Fontenelle. Les exemplaires de l’édition de 1718 furent en grande partie détruits. Dans l’“Avertissement” qui clôt la présente édition de 1719, on lit : “l’Academie françoise a exclu Mr. l’Abbé Saint-Pierre de ses Assemblées le 5 Mai 1718 mais sa place n’a pas été déclarée vacante. Il a été traitté comme feu Mr. de Furetiere”. Le Régent ne voulait pas qu’il soit remplacé, son fauteuil restera vide jusqu’à sa mort. Le philosophe Pierre Louis Moreau de Maupertuis, qui lui succéda, ne fut pas autorisé à prononcer son éloge. “C’était un homme rare, l’honneur de son siècle et de son espèce, et le seul peut-être depuis l’existence du genre humain, qui n’eût d’autre parti que celui de la raison” (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions).

L’abbé de Saint-Pierre continua néanmoins d’être reçu dans les salons littéraires. Aux côtés du marquis d’Argenson, il fut l’un des fondateurs du Club de l’Entresol, société de libre réflexion politique. Jusqu’à la fin de sa vie, il multiplia les projets de réforme sur les impôts, le système bancaire, les armées, la pédagogie, etc.