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LA PÉROUSE, Jean-François de Galaup, comte de

Voyage autour du Monde, publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par M. L.A. Milet-Mureau

Paris, Imp. de la République, 1797 [An V]

SUPERBE EXEMPLAIRE EN RELIURES UNIFORMES DE L'ÉPOQUE.

EXEMPLAIRE DU COMTE DE M***, MINISTRE DE NAPOLÉON IER

ÉDITION ORIGINALE. Exemplaire complet

4 volumes in-4 (288 x 214mm) et un atlas in-folio (577 x 433mm)
ILLUSTRATION : volume I : un portrait gravé en frontispice ; Atlas : un frontispice gravé par Moreau le Jeune et 69 cartes et planches gravées à l'eau-forte d'après les dessins de La Martinière, Prévost et Duché de Vancy
RELIURES UNIFORMES DE L'ÉPOQUE. Basane racinée, dos longs dorés et ornés, tranches mouchetées de rouge (volumes de texte) ; dos de basane racinée orné des mêmes fers que ceux des volumes de texte, plats de papier raciné (Atlas)
PROVENANCE : comte de M***, ministre de Napoléon Ier, puis par descendance à son fils, ministre de Louis-Philippe (ex-libris au volume d’Atlas ; cote en queue du dos)

Petite épidermure au troisième volume de texte

Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse (1741-1788 ?) quitta Brest en août 1785 avec deux frégates, La Boussole et L'Astrolabe, accompagné d'une équipe d'officiers, de savants et d'artistes. Louis XVI l’avait chargé d'explorer, à la suite des découvertes de Cook, certaines zones du Pacifique et d'en reconnaître les possibilités commerciales. L'expédition passa par le cap Horn, les côtes du Chili, l'île de Pâques et Hawaï. Elle atteignit l'Alaska en juin 1786, puis redescendit le long de la côte occidentale de l'Amérique du Nord, où La Pérouse fut le premier étranger à visiter la Californie après sa fondation en 1769, avant de traverser le Pacifique et d'arriver à Macao et aux Philippines. Remontant vers le Nord, La Pérouse fut encore le premier navigateur européen à pénétrer dans les eaux situées entre la Chine, le Japon et la Corée, et aborda les côtes du Kamtchatka en septembre 1787 après avoir découvert le détroit qui porte son nom, entre les îles de Sakhaline et d’Hokkaido.

Le voyage se termina tragiquement : l'expédition se dirigeant vers les îles de l'Océanie, fit escale à Samoa où les habitants massacrèrent Fleuriot de Langle et huit hommes d'équipage. La Pérouse toucha Tonga, puis atteignit la côte occidentale de l'Australie, à Botany-Bay, puis l'on perd sa trace. Ce n'est qu'en 1827, après la découverte par le capitaine anglais Peter Dillon des débris de l'épave de L'Astrolabe sur les récifs de Vanikoro au large des îles Santa Cruz, que l'on sut que l'expédition avait péri, corps et biens, en juin 1788, drossée par un typhon. On connaît le mot célèbre qu’aurait prononcé Louis XVI sur l’échafaud : “A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ?” Après les vaines recherches effectuées par d'Entrecasteaux, ce n'est qu'en 1826 que le capitaine anglais Peter Dillon trouva les épaves de La Boussole et de L'Astrolabe aux milieux des récifs qui environnent l'île de Vanikoro, dans l'archipel de Santa-Cruz.

Jules Dumont d’Urville les identifia formellement en 1828 : “Nous voyons à douze ou quinze pieds de profondeur des ancres, des canons, des boulets, des plaques de plomb empâtés dans le corail”. Dillon reçut aux Tuileries la récompense promise par Louis XVI. L'épave du second navire, La Boussole, ne fut découverte que cent soixante-seize ans après le naufrage, en 1964.

Chacun des quatre volumes de texte présente un intérêt particulier. Le premier donne les instructions du Roi et celles de l’Académie des sciences pour la conduite du voyage et l'accomplissement des buts proposés qui étaient d'étendre le commerce des fourrures et d'assurer l’expansion française dans le Pacifique et en Asie. À côté des instructions du directeur du Jardin des Plantes, se dresse la liste des plantes et des légumes emportés par les voyageurs, tant comme nourriture que comme ornements, ceux-ci incluant des roses et des tubéreuses. Parmi les marchandises embarquées, on voit quatre grands orgues d'Allemagne, à grand jeu, vingt-quatre serinettes et une quantité de pacotille : tissus brillants, médailles, lanternes, etc., destinés aux échanges avec les indigènes. Figurent aussi de nombreux instruments scientifiques et une bibliothèque importante grâce à laquelle J.-B.-P. de Lesseps, interprète de l'expédition, pouvait parfaire son éducation.

On y trouve également le récit des deux importants voyages de l'Espagnol Don François-Antoine Maurelle, explorant les côtes occidentales de l'Amérique septentrionale. Le dernier volume contient des textes des savants faisant partie de l'expédition, des échantillons de la correspondance de La Pérouse avec des officiers, ainsi qu'une charmante note du naturaliste La Martinière et une appréciation sur les Américains.

L'illustration comporte un atlas de soixante-neuf planches gravées avec de nombreuses cartes du Nord-Ouest de l'Amérique du Nord, dont celles de Monterey et de San Diego, ainsi que la première carte publiée de la baie de San Francisco et la première représentation de la Crested Quail, plusieurs cartes de l'Extrême-Orient, et un portrait de La Pérouse, gravé au burin en 1793 par Alexandre Tardieu. Sur le frontispice, gravé d'après Moreau le Jeune, une grande carte de la route de La Pérouse est présentée par l'allégorie de la navigation guidée par le génie de la science, au milieu de chérubins et de sauvages.

Le récit du voyage de La Pérouse fut publié en 1797 par L.-A. Milet-Mureau d'après les documents que Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse avait eu la prévoyance de faire porter en France, en particulier par l'intermédiaire de Lesseps, débarqué au Kamtchatka, et qui rejoignit Saint-Pétersbourg à pied.

DARWIN : le voyage de La Pérouse figurait dans la bibliothèque de bord du Beagle sous la forme de sa traduction anglaise publiée en 1798-1799.1

BIBLIOGRAPHIE : 

The Hill Collection of Pacific Voyages, p. 173 -- Ferguson, 268 -- Lada-Mocarski, 52 -- En français dans le texte, 199 -- Hubert Sagnières, Routes nouvelles, cotes inconnues, 2023, p. 81 et suivantes