Voyage autour du monde sur la Frégate La Vénus pendant les années 1836-1839, publié par ordre du Roi, sous les auspices du Ministre de la Marine, par M. Abel du Petit-Thouars, Capitaine de vaisseau, Commandeur de la Legion d'honneur

Les quatre premiers volumes du Voyage autour du monde sur la Frégate La Vénus ont été composés par Abel du Petit-Thouars (1793-1864) lui-même. Tous les autres contiennent des observations scientifiques et résultent du travail des savants embarqués, dont le jeune polytechnicien Urbain de Tessan pour l’hydrographie. Ce dernier imagina dès 1836 le premier sonar. Ces investigations scientifiques et ces recherches sur les potentiels halieutiques du Pacifique effectuées par La Vénus s’accompagnaient aussi d’une mission politique.

Le trajet de La Vénus commença à Brest en décembre 1836 pour virer le cap Horn et remonter la côte américaine occidentale jusqu’à l’équateur. Le navire traversa ensuite tout le Pacifique, d’Hawaï jusqu’au Kamtchatka, avant de revenir en Californie. Là-bas, la frégate et son équipage passèrent l’hiver de 1837. Le compte-rendu de Du Petit-Thouars sur la Californie se trouve dans le deuxième volume.

Les enjeux commerciaux liés à la chasse à la baleine constituaient l’une des principales raisons de ce voyage. Il s’agissait aussi de recueillir le maximum de renseignements sur les possibilités qu’offraient au commerce français les établissements russes du Kamtchatka et les côtes du Mexique et de Californie.

L’autre grande question abordée par ce voyage est celle de la religion. Homme de foi, Du Petit-Thouars est consterné par l'état du catholicisme dans la région, notant “que les prêtres en sont réduits à dire la messe pour quelques vieilles femmes, menaçant ainsi la génération actuelle de n'avoir aucun principe religieux” (vol. 2, p. 88). La concurrence entre les missions évangélisatrices européennes resta l’un des principaux sujets soulevés par Du Petit-Thouars. Après Tahiti, la frégate atterrit en Nouvelle-Zélande avant la signature du traité de Waitangi de 1840 qui établissait le joug britannique sur l’archipel. L’explorateur français fut, avec le révérend John Dunmore Lang (1799-1878), dévasté par “ces pauvres indigènes, si frauduleusement dépouillés par des Européens sans principe”. Il se demanda “ce que l’on ferait de ce monde-là, ainsi que des autres Européens qui ont acquis des terres par de prétendus marchés avec des indigènes” (vol. IV, p. 129). À propos des habitants des îles Marquises, Du Petit-Thouars se désolait : “Déjà ce ne sont plus des sauvages ; ils ont perdu toute l’originalité de leur caractère primitif, et ils n’ont encore pris de la civilisation que ses vices. Leur nudité presque habillée est horrible à voir : le peu de vêtements dont ils font usage est en guenilles, ne les couvrent qu’imparfaitement”.

Le navire rentra en Europe par l’Australie et l’île Maurice. L'Atlas Pittoresque contient des scènes de la baie de San Francisco, de Rio de Janeiro, d'Honolulu et de Sydney.

DARWIN : en mai 1846, Charles Darwin écrit à Joseph Dalton Hooker : “Where are Petit Thouars observations ? I should like to see them”. Il répondait à la question que lui avait posée son correspondant le 1er février : “Have you seen Petit Thouar’s Voyage of Venus and accounts of the different. temps. [temperatures] of the straits between the several Islds. [Islands] ?”. Le voyage de La Vénus eut lieu de 1836-1839. Les volumes de sa relation parurent à partir des années 1840. Darwin se tenait parfaitement informé des recherches scientifiques les plus récentes.