Anatomie de la tête, en tableaux imprimés

Paris, Gautier, Duverney et Quillau, 1748

BEL EXEMPLAIRE D’UN LIVRE ÉTRANGE ET HYPNOTIQUE : L’ANATOMIE DE LA TÊTE PAR GAUTIER D’AGOTY

ÉDITION ORIGINALE

In-folio (760 x 525mm). Les planches (460 x 355mm) et les feuillets de texte ont été montés (435 x 315mm) sur de grands feuillets à fenêtre. Titre imprimé en rouge et noir avec une petite vignette gravée
COLLATION, CONTENU ET ILLUSTRATION : 1 f. de dédicace imprimé au recto : Au Roi -- 1 f. recto-verso : Avertissement et Approbation (…) signée Fleury de Gaumont -- 1 f. recto : Explication de la première planche de l’Anatomie de la tête -- 1 f. pl. : [deux têtes de profil montrant le réseau sanguin] -- 1 f. recto-verso avec cul-de-lampe gravé : Seconde planche -- 1 f. pl. : [deux têtes de profil montrant le réseau sanguin] -- 1 f. : recto-verso avec cul-de-lampe gravé : Troisième planche -- 1 f. pl. : [trois coupes de tête révélant le cerveau et la dure-mère] -- 1 f. recto-verso : Quatrième planche, avec texte latin au verso -- 1 f. pl. : [coupe de la tête vue de profil] -- 1 f. : recto-verso avec cul-de-lampe gravé : Cinquième planche, avec texte latin au verso -- 1 f. pl. : [coupe de trois têtes vues d’au-dessus et de face] -- 1 f. : recto-verso avec fleuron gravé : Sixième planche, avec texte latin au verso -- 1 f. pl. : [coupe de trois têtes vues de derrière] -- 1 f. : recto-verso : Septième planche, avec texte latin au verso -- 1 f. pl. : [coupe de deux têtes vues de dos et de profil] -- 1 f. : recto-verso : Huitième planche, avec texte latin au verso -- 1 f. pl. : [coupe de deux têtes vues d’au-dessus et de face]
Soit, au total, pour cette Anatomie de la tête, 8 planches imprimées en couleurs et vernissées, et 11 feuillets de texte y compris le titre
RELIURE. Dos et coins de maroquin noir, plats de toile beige écru

L’impression en couleur, ou "art d’imprimer des tableaux", comme on nommait alors la manière d’imprimer en plusieurs plaques de couleurs superposées, a pour origine la volonté jointe des médecins, des artistes, des graveurs et des mécènes d’adapter cette nouvelle technique à la mode de l’anatomie qui saisit l’Europe au temps de l’Encyclopédie. Cette collaboration de la gravure et de la médecine n’est pas nouvelle. Les incunables montraient déjà des "hommes de douleurs". Ketham publiait un Fasciculus Medicinae en 1495 à Bâle, puis Vésale, la Fabrique du corps humain en 1543, illustré par un élève de Titien, Jan-Stefan von Calcar. Au début du XVIIIe siècle, Jacob Christoph Le Blon réalise les premières impressions en trichromie. Mais des soucis financiers l’empêchèrent de mener à bien ses projets ambitieux, notamment une "Anatomie complète".

Jacques-Fabien Gautier (1716-1785), bien qu’il ait revendiqué la paternité du procédé, n’est pas l’inventeur de la gravure en trichromie. Il améliore le procédé mis au point par Jacob Christoph Le Blon (1667-1741), notamment en ajoutant une quatrième plaque pour le noir. “Gautier opère avec une grande intelligence et une économie de moyens souvent extrêmement efficace” (Anatomie de la couleur, p. 112). Il sera le premier à savoir exploiter le nouveau procédé. Pendant cinquante ans, cet étrange artiste, à moitié imposteur, à moitié visionnaire, développera une activité débordante dans le secteur de l’anatomie gravée. Dans de nombreuses planches, le souci de vérité scientifique s’estompe au profit de la rêverie de l’artiste. L’effet grandiose est préféré au détail. Gautier d’Agoty met en scène ses modèles, les dramatise afin d’opérer sur le regard du lecteur une sorte d’hypnose.

"Ce n’est plus à l’étude que les planches invitent mais à l’admiration d’une architecture vivante, à la participation d’un mystère où les éléments constituants sont notre histoire, notre physique, nos fonctionnements, soudainement révélés à la conscience par la dissection". (BnF, Anatomie de la couleur, p. 114)

La technique employée a fait la célébrité de la famille de graveurs, dite les Gautier-Dagoty. Il s’agit de la combinaison d’une gravure au berceau (Gautier allant chercher le noir en densifiant le grain) et d’un procédé polychromique avec une plaque par couleur (rouge, bleu, jaune et noir).

“Cet ouvrage est annoncé dès juillet 1748. Son élaboration a été interrompue par la mort de son chirurgien, Jacques-François Duverney (…) Il sera remplacé dans ce travail par M. Pierre Tarin (…) ce dernier apporte un changement notable à l'aspect des préparations (…) Le Mercure d'août 1749 annonce que Gautier a été reçu par le roi à qui il a dédié son Anatomie de la tête sous le nom de Céphalotomie)” (Anatomie de la couleur).

BIBLIOGRAPHIE :

Anatomie de la couleur. L’invention de l’estampe en couleurs, Paris, BnF, 1996, n° 103 -- Choulant-Frank, p.271 -- Wellcome II, p.97.