Campagne de circumnavigation de la frégate L’Artémise pendant les années 1837

Le gouvernement de Louis-Philippe ordonna simultanément deux expéditions aux terres australes : l’une dirigée par Du Petit-Thouars, via le cap Horn, l’autre dirigée par Laplace via le cap de Bonne-Espérance. Leurs missions respectives consistaient à protéger le commerce français (dont celui des baleiniers), à ouvrir de nouveaux débouchés commerciaux et à faire des observations géographiques. Dix ans auparavant, La France était encore pratiquement absente du Pacifique. Sous Louis-Philippe au contraire, de grandes frégates de la marine royale ne cessent de se manifester dans ces eaux et il devient évident que la chasse gardée anglaise sur le grand océan commence à se heurter à des obstacles.

"This voyage of the Artemise is of great importance for the part it played in the expansion and consolidation of French interests in the Pacific Ocean. The objectives of this voyage were to advance wherever possible French political and commercial interests in the Pacific, particularly with regards to Tahiti and Hawaii" (Forbes).

À Tahiti et à Hawai, Laplace fit aussi le même constat que Du Petit-Thouars quant au piteux état des missions catholiques dans ces îles. Il s’assura de leur protection face à des protestants bénéficiant de nombreux privilèges alors que “généralement peu instruits, pris dans les classes inférieures et n’ayant aucune connaissance des hommes et des choses”. Laplace fit cependant en sorte de ne pas heurter l’Angleterre avec laquelle Louis-Philippe ne souhaitait pas entrer en conflit direct.

Concernant les baleiniers, Laplace - comme Du Petit-Thouars, ne put que constater le retard de la France : “quant à la pêche à la baleine, je la considérais il y a dix années et je la considère encore aujourd’hui comme une branche d’industrie sans présent, sans avenir, ne méritant nullement les sacrifices que la France fait pour elle”.

Le récit offre également de nombreuses informations sur l'histoire naturelle des îles du Pacifique et de leurs habitants. Le dernier volume comprend deux chapitres traitant de la côte californienne, avec des descriptions de Fort Ross et de la colonie russe de San Francisco et Monterey, dont une planche illustrant la mission de San Carlos à Carmel. Les autres planches offrent une vue du petit village d’Honolulu, de Rio de Janeiro, de Lima, de Port Arthur, de Manille, de Macao, du détroit de Malacca, de Calcutta, de Bombay et de divers endroits d’Indochine. Lors du passage de L’Artémise en mer d’Oman, l’Angleterre vient de s’installer à Aden, clé de la mer Rouge. Laplace mesure parfaitement l’importance de cette implantation qui annonce l’importance géopolitique de l’Égypte, “appelée à jouer un grand rôle et à devenir une mine inépuisable de richesses entre les mains de la puissance européenne qui pourra s’en emparer ; et nul doute que dans ce moment, les Anglais ne pensent à exécuter ce que Napoléon avait songé avant eux, c’est-à-dire de rétablir les anciennes relations commerciales de l’Orient avec l’Occident par la mer Rouge”.

La carte dépliante retrace l'itinéraire de l'expédition.