Mémoires pour servir à l'histoire des insectes

Paris, Imprimerie royale, 1734

L’UN DES TEXTES MAJEURS DANS L’HISTOIRE DE L’ENTOMOLOGIE, À LA FOIS SCIENTIFIQUE ET POÉTIQUE.

BON EXEMPLAIRE EN VEAU D’ÉPOQUE

ÉDITION ORIGINALE
6 volumes in-4 (195 x 245mm)
Armes royales gravées et imprimées au centre de chaque page de titre. 6 bandeaux en tête de chaque volume dessinés et gravés par Simonneau et Haussard. Initiales gravées sur cuivre. Culs-de-lampe gravés sur bois. Les tomes I, II et III concernent les chenilles et papillons ; le tome IV, les “gallinsectes” et les mouches ; le tome V, les mouches, cigales et abeilles, et enfin le tome VI, les guêpes, entre autres
COLLATION et ILLUSTRATION : (vol. 1) : Sur les chenilles et les papillons : [4]-654-[2] p. et 50 planches ; (vol. 2) : Suite de l’histoire des chenilles et des papillons : [2]-xlvi-[2]-514-[2] p. et 40 planches ; (vol. 3) : Vers mineurs de feuilles, teignes… pucerons : [2]-xl-532 p. et 47 planches ; (vol. 4) : Histoire des Gallinsectes… et des mouches à deux ailes : [2]-xxxiv--[2]--636 p. et 44 planches ; (vol. 5) : Mouches à deux ailes… à quatre ailes, Cigales… , Abeilles : [2]-xliv-728 p. et 38 planches ; (vol. 6) : Mouches à quatre ailes… mouches à deux ailes : [4]-LXXX-608 p. et 48 planches, soit au total 267 planches dépliantes dessinées et gravées par Fillioeul, Haussard, Lucas, Simonneau et d’autres
RELIURES DE L’ÉPOQUE réunies sous une même cote et avec de légères variantes dans le système ornemental. Veau granité, dos à nerfs ornés et dorés, tranches rouges
PROVENANCE : cachet “CTB” du XVIIIe siècle, surmonté d’une couronne fermée de Prince du Saint-Empire, avec une grande cote de bibliothèque à l’encre sur les pages de titre : 4203-4208, pour chacun des volumes

Une planche un peu brunie au vol. 2, petit manque de papier marginal et sans atteinte au texte du tout aux pp. 401-404 du vol. 2, planche 44 du vol. 5 froissée sans aucun manque, quelques pâles mouillures dans les marges supérieures de quelques planches du vol. 6. Reliure usée aux coiffes et à quelques charnières

Dans l’histoire des sciences naturelles au XVIIIe siècle, en France, Buffon fait incontestablement face à Réaumur. Si le premier entreprend, avec sa grande Histoire naturelle générale et particulière publiée de 1749 à 1789, une fresque immense et unifiée de la nature intégrée à un système mécanique présenté dans la Théorie de la terre et dans les Époques de la nature, le second, quant à lui, obéit à une démarche purement expérimentale, s’attachant, dans les Mémoires pour servir à l’histoire des insectes (1734-1742), à décrire les insectes avec une précision remarquable. Réaumur conduit ici une véritable investigation entomologique alors que les insectes sont encore dénigrés au XVIIIe siècle, perçus comme des bêtes insignifiantes, des “excréments de la terre”.

“C’est en 1734 que, déjà célèbre, Réaumur offre à la science d’abord, à la langue ensuite, ce monument d’intelligence et de sensibilité qu’est le premier volume de ses Mémoires pour servir à l’histoire des insectes. Réaumur, appuyé sur la margelle de l’inconnu, résorbe la ténèbre, la résout en lumière, et propose la fresque la plus convaincante, la plus attentive et la plus émouvante de l’infiniment petit. D’observation en déduction, d’hypothèse en vérification, s’élaborent un intense moment de science, une manière de rêve poétique à rebond, et la palpitation de la vie se trouve restituée à travers la précision d’un regard éperdument regardant qui donne à voir, dans leur extrême singularité, les mœurs et coutumes insoupçonnées des guêpes solitaires ou des libellules, des bourdons velus ou des chenilles processionnaires”. Yves Peyré, En Français dans le texte

L’apiculture et les abeilles occupent les volumes 5 et 6. Ils forment l’un des premiers grands traités scientifiques sur la vie des abeilles. Et, par exemple, le mot “mouche” utilisé par Réaumur pour nommer certains insectes ne doit pas leurrer. Il s’agit d’un terme générique : les abeilles sont des mouches. Le volume 6, titré sur Mouches à deux ailes ou à quatre ailes, débute par la poétique analyse des “bourdons velus dont les nids sont de mousse”. On remarquera que chaque planche dépliante s’ouvre en face de son texte explicatif permettant ainsi une compréhension textuelle et visuelle de chaque insecte décrit, ce qui ne fut pas la solution retenue par Buffon.

BIBLIOGRAPHIE :

Bibliothèque nationale de France, En Français dans le texte, n° 145 -- J.-C. Brunet, Manuel du libraire, IV, col. 1131 : “cet ouvrage [est] riche en faits curieux et de la plus grande exactitude” -- Nissen, Zoologische Buch illustration, 3315 -- Dibner, Heralds of Science, 192 -- Cohen-de Ricci, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, col. 855 qui ne signale que trois exemplaires aux armes ou en maroquin -- Christian de Casteljau, Bibliographie d'apiculture de langue française, 1343