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Voyage autour du monde pendant les années 1790, 1791 et 1792
L’EXPÉDITION DU SOLIDE, MENÉE PAR ÉTIENNE MARCHAND, FUT UN ÉCHEC COMMERCIAL MAIS UN SUCCÈS SCIENTIFIQUE.
L’UNE DES PLUS RAPIDES CIRCUMNAVIGATIONS DU XVIIIE SIÈCLE.
EXEMPLAIRE DU COMTE DE M***, MINISTRE DE LOUIS-PHILIPPE
PREMIÈRE ÉDITION au format in-8. Exemplaire complet
5 volumes in-8 (204 x 126 mm) et 1 volume in-4 (283 x 216 mm)
COLLATION : (I) : (1) f., cci pp., (1) f., 294 pp., (2) ff. ; (II) : vii-530 pp., 3 tableaux dépliants ; (III) : (1) f., viii-474 pp., (1) f., 8 tableaux dépliants ; (IV) : viii-494 pp., (2) ff. ; (V) : xii-559 pp., (3) ff. ; (VI) : (2) ff., viii-158 pp.
ILLUSTRATION : 16 cartes gravées sur cuivre, dont plusieurs dépliantes, numérotées de I à XV (dont une VI bis), reliées à la fin du 6e volume. L’une des planches représente des échasses en bois sculpté de Whîtahô
RELIURES UNIFORMES VERS 1850. Dos longs de veau tabac, plats de papier marbré, tranches jaspées
PROVENANCE : bibliothèque des comtes de M***, ministre de Louis-Philippe (ex-libris ; cote manuscrite en queue des volumes I et d’atlas)
Étienne Marchand (1755-1793), né dans l’île de la Grenade, servit dans la marine marchande en Italie, au Levant et au Bengale. Il se lia avec Nathaniel Portlock, qu’il avait rencontré en 1788 à Sainte-Hélène, lequel lui fit part des possibilités d’un commerce inexploité de fourrures entre la côte nord-ouest de l’Amérique et la Chine. Portlock était un ancien compagnon de James Cook sur le HMS Discovery durant la troisième expédition dans l’océan Pacifique.
À Marseille, Marchand convainquit une firme de négociants, la maison Baux, de financer une expédition dans le but d’amorcer un commerce de peaux entre les régions indiquées par Portlock. Il s’agissait de faire voile le plus rapidement possible vers la côte nord-ouest de l’Amérique, y obtenir une grande cargaison de peaux, puis traverser le Pacifique en direction de la Chine, où Marchand devait acheter du thé et de la soie à rapporter en France.
Nommé Capitaine du Solide, Marchand partit de Marseille en décembre 1790. Il passa Gibraltar, Tenerife, les îles du Cap-Vert, puis le cap Horn. En juin 1791, le navire arriva en vue des îles Marquises où de nombreuses baies furent visitées et relevées. Il reconnut en détail l’archipel, dont Fatu-Hiva, Hiva-Oa et Vaitahu qu’il baptisa “Îles de la Révolution”. Il découvrit l’île Marchand (Ua Pou) et l’île Baux (Nuku Hiva) ainsi que deux îlots qu'il nomma “Les deux frères” (Motu Iti et Île Plate). Réapprovisionné, Marchand fit voile vers l’Amérique du Nord où il commença à prospecter à travers l’archipel Alexandre, les îles de la Reine-Charlotte et l’île de Vancouver. Fin juin, le Solide prit la direction du nord puis gagna Hawaï en octobre. À Macao en novembre, Marchand apprit qu’un décret récemment promulgué “interdisait l’entrée de toute peau dans le Sud de la Chine”. Il se retrouva alors dans l’impossibilité de vendre sa cargaison. Du fait de cet échec, il fut alors contraint de repartir. Après quelques relevés hydrographiques en mer de Chine, il atteignit l’île de France (aujourd’hui l’île Maurice) en janvier 1792. En avril, le Solide fit voile vers la France. Il arriva à Toulon en août, où les révolutionnaires confisquèrent sa cargaison. Néanmoins, le voyage fut profitable d’un point de vue scientifique, tant pour les découvertes réalisées dans le Pacifique que pour les informations ethnographiques et d’histoire naturelle recueillies.
Il s’agit ici de la deuxième circumnavigation française réussie après celle de Bougainville. Ce fut aussi l’une des plus rapides du XVIIIe siècle, le voyage n’ayant duré que vingt mois. La relation fut publiée par Charles-Pierre Claret de Fleurieu (1738- 1810), Ministre de la Marine d’octobre 1790 à avril 1791, qui consigna les observations de Marchand sur la côte nord-ouest américaine, ses peuples et ses mœurs. Fleurieu y adjoignit une très longue introduction historique retraçant la découverte de la côte depuis le XVIe siècle, de même qu’une partie d’histoire naturelle et un glossaire marquisien.
La relation contient de nombreuses et importantes observations sur la navigation dans le Pacifique et sur l’histoire naturelles des contrées visitées, dont beaucoup étaient encore inconnues des anciens navigateurs et de Cook. Les cartes, très détaillées, corrigent maintes cartes maritimes incertaines. L’illustration de l’ouvrage comprend notamment : une grande carte hydrographique, une carte des côtes nord-ouest de l’Amérique du Nord, une carte des îles Marquises, des îles Tupaya, de la baie de Tchinkîtâné (dans l’actuel Alaska), des îles de la Reine-Charlotte, des îles Sandwich, etc., de même qu’une curieuse et jolie planche gravée représentant des échasses en bois sculpté de Whîtahô, l’une des îles de l’archipel des Marquises.
DARWIN : on sait que Charles Darwin possédait un exemplaire du Marchand, en français, dans sa bibliothèque personnelle.1
J.-C. Brunet, Manuel du libraire, III, col. 1399 -- The Hill Collection of Pacific Voyages, I, pp. 105-106 -- Sabin 24751 -- G. J. Aillaud, “Le voyage d’Étienne Marchand”, Marseille. 2600 ans de découvertes scientifiques. Des origines au milieu du XXe siècle, Aix-en-Provence, 2002, vol. I, pp. 319-332 -- O. Gannier et C. Picquoin, Le Voyage du capitaine Marchand. Les Marquises et les îles de la Révolution, Papeete, 2003, passim -- Hubert Sagnières, Routes nouvelles, cotes inconnues, 2023, p. 111