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BALTARD, Louis-Pierre

Lettres ou Voyages pittoresques dans les Alpes, en passant par la route de Lyon et du Mont-Cenis ; Suivi d'un recueil des Vues des Monumens antiques de Rome et des principales Fabriques pittoresques de cette ville... dessinées d'après nature et gravées à la manière du lavis

Paris, chez l'auteur, 1806

BEL EXEMPLAIRE À GRANDES MARGES D'UN VOYAGE EN ITALIE QUI POUSSA UN JEUNE ARTISTE VERS LE MÉTIER D'ARCHITECTE

ÉDITION ORIGINALE

In-folio (295 x 217mm)

ILLUSTRATION : 49 gravures originales à l'eau-forte et à l'aquatinte, dont un frontispice, toutes signées "Baltard del. et sculps.", en grande partie numérotées, elles représentent des vues de Rome et de ses environs immédiats. On compte : 16 planches de Vues de Rome contemporaines de Baltard, 18 planches de Ruines et monuments antiques, 6 planches d'Eglises et monastères, 9 planches de Jardins et villas

RELIURE DU XIXe SIECLE. Dos long de percaline verte à coins, plats de papier marbré, non rogné, serpentes conservées

PROVENANCE : Charles Filippi (Paris, 21 octobre 1994, n° 107, 8.000FF)

Quelques très légères rousseurs

Ingénieur, professeur et écrivain, Louis-Pierre Baltard naquit en 1764. Il est le père du constructeur des Halles de Paris, et a exposé ses peintures aux Salons de 1791 à 1835. Dès 1784, il s'engage sur la voie de l'architecture en collaborant avec Mique à Trianon. Le comte de Caylus et le baron de Breteuil lui permettent d'aller en Italie : il séjourne à Rome de 1786 à 1789. Il participe comme illustrateur aux grands ouvrages de son temps : Les Monuments de la France et le Voyage… de l'Espagne, de Laborde, le Voyage… en Egypte, de Vivant Denon et la Description de l'Egypte. L'Inventaire du Fonds Français après 1800 lui rend justice en reconnaissant qu'il a pris rang parmi les graveurs professionnels et qu'il a manié "de façon très experte l'eau-forte et l'aquatinte. Il a un sens incontestable du paysage et se montre, comme de juste, parfaitement sûr dans les vues des monuments : son œuvre est une mine de documents excellents sur l'architecture et la topographie". (Jean Laran, I, p. 275).

Alors que les planches concernent Rome, les Lettres traitent seulement du passage des Alpes vers l'Italie ne formant ainsi qu'une sorte d'introduction au recueil d'images. Les magnifiques contrastes d'ombre et de lumière enrichis par l'emploi de l'aquatinte présentent la Rome moderne insérée dans son passé comme dans sa nature présente. Les temps anciens comme les temps modernes sont alors baignés ensemble dans l'irréalité des clairs-obscurs d'une harmonie toute néoclassique qui mêle romains en toge et paysans du Forum. Cette sobriété dans la représentation de l'architecture antique convertie de force au néoclassicisme démarque ainsi Baltard de l'influence de Piranèse dont il récuse la prédilection pour les lignes courbes des ornements et une forme d'architecture fantastique :

"Piranèse a fait connaître cette architecture ; et dans les ornements antiques qu'il a publiés, on retrouve une disposition toujours large et belle. Il a négligé cependant ce galbe et cette finesse qui prouve que dans les beaux temps de la sculpture romaine, les ouvriers avaient toujours pour but l'imitation de la nature. Quant à cette profusion, cette surabondance d'ornemens que j'ai remarqué dans quelques morceaux de l'antiquité, je suis bien persuadé que ce ne fut qu'à l'époque de la décadence des arts, que l'architecture en fut surchargée." (p. 27)